Une tablette n'a jamais révolutionné l'enseignement… pas plus qu'un TBI

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Après l’ordinateur, Internet, le TBI, les réseaux sociaux, etc… Va-t-on retomber encore dans le piège de l’outil qui révolutionne la pédagogie, l’enseignement voire l’apprentissage ? La réponse est OUI, malheureusement. Et c’est la tablette qui va s’y coller. Une nouvelle fois on va voir se développer les gourous de l’objet technique qui vont venir nous vendre les vertus pédagogiques de la machine. Ce sont parfois les mêmes qui à chaque nouveauté technique sont venus nous vendre la dernière coqueluche des commerciaux dont ils relaient allégrement le discours et qu’ils enrobent d’un pseudo discours pédagogique qui semble disqualifier tous les précédents, car on n’a jamais vu ça.
Entre colère, dérision, ignorance, opposition, il faut réagir contre cette « nouvelle vague » qui n’est à nouveau que la répétition des précédentes (et ce n’est pas la septième, celle dont on dit qu’elle est mortelle, dangereuse, qu’elle emporte tout son passage, presque scélérate !!!). A chaque fois qu’un objet technique numérique apparaît on assiste au même discours, relayé par des médias portés par l’air du temps qu’il ne faut pas manquer, accompagné par des financeurs qui y voient un supplément de vitrine de modernité. Et une nouvelle fois, les zélateurs de ces outils, dont un bon nombre ne connaissent pas grand chose ni à la pédagogie ni à ces technologies et encore moins à leur histoire et leur épistémologie, vont venir sous les feux de la rampe.
Il est nécessaire de dénoncer ce processus et ces procédés. Pourquoi ? Parce qu’ils amènent à faire rêver sur du vent, à faire des investissements inconséquents et souvent sans suite, à faire croire à l’effet levier sur l’enseignement etc…. Ce processus, c’est cette récurrence de pratiques qui amène à observer une nouvelle fois l’amnésie : il y a nouvel outil donc il y aurait nouveauté pédagogique !!!! Ces procédés sont des procédés commerciaux à court terme.ils servent aussi bien les commerçants qui tirent des royalties et les zélateurs eux-mêmes qui, tentant de ringardiser leurs prédécesseurs, se mettent sur le devant de la scène, convaincants et manipulant ceux qui les écoutent et à qui ils oublient de dire réellement où on en est et dans quelles dynamique on se situe. D’ailleurs ces publics, souvent décideurs, sont prompts à entendre ces discours qui les flattent et leur évitent d’aller au fond des choses en sauvant les apparences. Les procédés employés sont déloyaux, voire davantage car ils jouent sur l’ignorance qu’il faut entretenir dans un public crédule. Un chef d’établissement se posait la question de savoir comment il pouvait éviter ce piège. Il semble simple de lui répondre qu’il suffit de réfléchir à l’histoire de l’enseignement, de l’apprentissage pour s’en rendre compte. Mais il ajoute, comment dégager des lignes fortes et durables alors que les produits changent tout le temps ? La réponse est relativement simple : en relisant l’histoire des technologies et en analysant la manière dont elles fonctionnent en interne (le binaire a la peau dure) et la manière dont elles s’insèrent dans le paysage social (accélération, temps, information, communication, distance). Mais ce travail intellectuel est coûteux et prend plus de temps que de lire un article ou d’écouter un reportage de journal télévisé qui se termine par « décidément, le progrès, pour le bonheur des hommes n’a pas fini de nous surprendre ! ». Ce genre de phrase associé progrès à bonheur, et nouveauté à une image a priori positive… sans discussion aucune, car à peine le reportage fini on passe à un autre sujet sans aucun rapport…
Le problème posé ici n’est pas nouveau. Depuis plus de trente années de développement de l’informatique dans la société il s’est répété à peu près tous les cinq ans. Le monde scolaire a souvent été au premier rang des amateurs de ce genre d’illusion. En fait pas le monde scolaire, mais les promoteurs des innovations de tous poils qui sont prompts à utiliser tout ce qui peut les valoriser personnellement. Car souvent dans ces cas, la technologie sert de paravent, d’écran aux problèmes de fond posé par les jeunes dans les établissements scolaires.
Faut-il pour autant jeter les tablettes aux orties ? Pas forcément. Mais il faut lutter contre ces opportunistes de la nouveauté technique, ces promoteurs de leur ego technologique qui, parce qu’ils ont travaillé avec la technologie avant les autres (ils l’ont découverte à peine quelques mois avant, mais cela suffit), se prévalent du droit à la vérité. Souvent, sans s’en rendre compte, ils laissent derrière eux des champs de ruine qu’ils ne géreront pas car, soit ils sont déjà sur une autre nouveauté, soit ils sont rentrés dans le rang des pratiques ordinaires, ou encore parce qu’ils ont réussis à obtenir le changement professionnel qu’ils espéraient voir advenir de leur enthousiasme… et en plus ça marche, plus souvent qu’on ne le pense….
Mais alors comment situer les tablettes dans cette évolution ? En premier lieu elles s’inscrivent dans la continuité de l’évolution ergonomique de l’informatique. Passant d’un poste fixe lourd et encombrant à un objet proche du « livre » ou du « cahier ». D’ailleurs cette métaphore mériterait d’être vraiment travaillée par les concepteurs et les développeurs de ces machines. En second lieu elles s’inscrivent dans la recherche d’une meilleure accessibilité/acceptabilité qui est un effort incessant depuis plus de trente années. En troisième lieu, elles offrent un potentiel renouvelé de lecture écriture qui est aussi une évolution continue multi millénaire de la société humaine. En quatrième lieu, par leurs capacités communicantes, elles s’inscrivent dans un mouvement de rapprochement des humains, par tous les moyens, qui est une préoccupation de dimension anthropologique autour de la maîtrise du temps et de l’absence à la base de deux angoisses fondamentales de l’humanité. En cinquième lieu, les tablettes offrent, comme les smartphones, un instrument de proximité qui renouvelle le lien entre l’humain et la machine en donnant une dimension de plus en plus significative de disponibilité immédiate. Comme le silex dans la main, façonné par l’humain pour prolonger son point, la tablette et/ou le smartphone pourraient devenir le « silex du cerveau », mais comme pour le silex, à condition que l’humain en définisse le projet. Or ce projet il est en partie aussi lié à l’instrumentation cognitive qui n’a eu de cesse de se développer et dont les derniers développements techniques sont les plus spectaculaires.
En d’autres termes les tablettes et autres écrans à utilisation immédiate enrichissent de manière significative le contexte. Mais c’est aussi bien le contexte personnel que le social ou encore le scolaire qui se trouve envahi. Sorte d’intrus qui refuse de s’intégrer, il contraint à une réflexion nouvelle dans le monde éducatif. Il ne renouvelle pas la pédagogie, mais il interroge le potentiel éducatif et pédagogique accessible désormais à chacun. Et si chacun en prend conscience il est possible alors de réfléchir les nouveaux chemins vers la connaissance possible… à condition de les « autoriser ». Or il est probable que l’académisme scolaire de nos sociétés occidentales en soit encore loin. Surtout si les zélateurs technologiques continuent de sévir tous azimuts…
A suivre et à débattre
BD

12 Commentaires

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  1. Bonjour, merci pour cet article très pertinent. Je soushaitais apporter mon éclairage personnel, acquis au long de ma carrière d’enseignant,de formateur tic et de gestion de projet Multimédia.
    Mon point de vue s’articule sous deux angles :
    1) le numérique comme un business et un masque à nos échecs pédagogiques.
    2) le numérique, l’occasion de renouveler nos pratiques pédagogiques.
    1)
    L’évolution numérique est un business et l’Enseignement compte parmi les Clients les plus intéressants pour le « lobby » du numérique. Les marques investies dans l’innovation numérique au sein de l’éducation sont clairement en prise avec des logiques économiques de rentabilité.
    L’innovation est aussi instrumentalisée pour masquer les échecs pédagogiques et s’annoncent comme une des solutions offertes aux acteurs de l’éducation pour pallier les difficultés d’apprentissage. Finalement au delà des effets visuels attractifs, les apprentissages et les pédagogies s’en sortent-ils enrichis?
    2) Au long de mon expérience lors de l’introduction du TBI :
    ma première observation positive est l’implication des élèves dans les apprentissages. Finalement, aller au tablleau et prendre une crée revient xasi à leur montrer un film en noir et blanc.
    ma seconde observation : Les enseignants qui ont pris le temps de penser l’outil et de le comprendre ont réussi à créer de nouvelles tactiques d’apprentissages. Cela nécessite un accompagnement et une réelle capacité de remettre en question ses propres pratiques.
    Je dois aussi avouer bien sincèrement que l’une de mes luttes aura aussi été de faire respecter le tableau comme un outil d’apprentissage et non comme un écran de cinéma.
    Ma conclusion sera de dire qu’au delà des outils numériques eux-mêmes, il est vital de penser nos pratiques d’apprentissages et leurs implications pédagogiques lors de l’intégration de ces outils. Sans cela, nous devenons nous-mêmes un produit marketing et un amabassadeur aveugle de la marque.

    1. Merci de votre témoignage
      Malheureusement on lit trop souvent des propos des zélateurs sans jamais qu’on aille y voir de plus près.
      On peut par exemple réagir à ce genre d’article : http://www.readwriteweb.com/archives/how_the_ipad_is_changing_education.php
      Cordialement
      Bruno Devauchelle

  2. Je pense que l’on mélange trop souvent outil et activités (que ce soit l’enseignement, le marketing…). Un outil demande un apprentissage pour l’utiliser à bon escient… 
    Mais pour aller encore un peu plus loin, la question sous-jacente est de savoir si il faut être du côté des outils ou du côté pédagogie ! La réponse n’est pas binaire : l’un ou l’autre… Si je dépasse le débat des tablettes et des TBI, il est selon moi nécessaire de connaître les outils (savoir ce qu’ils peuvent faire, comment ils fonctionnent…) et aussi les méthodes pédagogiques… Et lorsque l’on prépare un cours, à un moment va se poser la question, de quel outil je dois employer, quel est le plus adapté… Sans la connaissance des outils, impossible de faire son choix, sans connaissance pédago. impossible de décrire son travail.
    Aucun outil n’est la panacée. C’est un perpétuel travail de réflexion… pour essayer de découvrir le plus adapté !
    En entreprise (j’ai la chance de naviguer entre les 2 mondes : éducation – entreprise) on dit souvent en préambule : réfléchissez en amont à la stratégie de la raison de la mise en place du web 2… C’est pareil dans l’éducation, réfléchissons pour utiliser le bon outil au bon moment !
    Et arrêtons de prendre pour argent comptant les présentations d’usage soit disant révolutionnaires de tel ou tel usages qui ne sont qu’une pauvre appropriation de l’outil. Je pense à l’usage qui est fait des TBI en général (et de ce qui nous est présenté) par rapport aux possibilités offertes par les TBI telles qu’elles étaient décrites à l’origine, à l’époque où cela s’appelait rapid e-learning (je reconnais le terme était mal choisi !)

  3. Je m’inscris au camp de ceux qui dénoncent les affirmations à relents mercantiles voulant que telle ou telle nouveauté, la tablette dans ce cas-ci, va « révolutionner l’éducation ». Toutefois, je reste confiant que ces outils, qui permettent aujourd’hui des possibilités pédagogiques jusque-là ralenties par diverses contraintes physiques, techniques, logistiques, eh bien ces outils peuvent contribuer, un peu comme un agent réactif en chimie, à cette essentielle introspection pédagogique chez l’enseignant :
    – courage d’exploiter autrement,
    – motivation accrue à le faire,
    – démarche réflexive sur les finalités de son enseignement,
    – son questionnement,
    – ses approches en évaluation des apprentissages,
    – sortir de son isolement professionnel par l’édification de son réseau d’apprentissage professionnel (facilité justement par les fonctionnalités conviviales d’accès et de réseautage de ces outils, la tablette notamment)
    – l’effet de contagion au sein d’un établissement qui, sous le leadership de la direction, cherchera à mettre en place les conditions pour une réelle transformation pédagogique. Sans compter les nouvelles possibilités de communication avec les parents et autres partenaires.
    Je le maintiens depuis le début : quand on parle de technopédagogie, on parle de pédagogie tout court! Monsieur Devauchelle a bien raison de dénoncer « les zélateurs de ces outils, dont un bon nombre ne connaissent pas grand chose ni à la pédagogie ni à ces technologies et encore moins à leur histoire et leur épistémologie ». J’ai parcouru bien des Salons des exposants où c’était le cas (pas tous les intervenants, mais une majorité en tout cas).
    Je persiste à croire que ces outils de plus en plus performants PEUVENT agir en effet de levier; un levier caractérisé par la pertinence pédagogique, par une image claire et acceptée des objectifs de formation (mis à jour pour le contexte du monde dans lequel on vit et qui change rapidement), par des actions qui, en priorité, placent les apprenants au centre de l’activité, qui les engagent, les motivent à questionner, créer, discerner, proposer, communiquer, s’auto-évaluer, apprécier, écouter, respecter, innover…
    Bref, comme le dit Prensky, moi j’achète les verbes, pas les noms.

    • Pascal Nogaro sur 25 avril 2012 à 00:49
    • Répondre

    bonjour,
    je n’ai sans doute pas l’expérience ni l’expertise des précédents intervenants mais je souhaiterais faire quelques remarques.
    je rejoins l’idée que l’outil n’apporte pas forcement une remise en cause pédagogique ou une révolution concrète de l’enseignement. je souscrit aussi à l’idée de jacques cool sur le fait que certains outils apportent des possibilités en plus.
    A la lecture de beaucoup d’articles, j’observe une argumentation sur la pédagogie qui doit être adoptée pour favoriser l’intégration de l’outil mais je pense que les critères pour user d’une technologie sont plus nombreux :
    – le public auquel il est destiné : doit-on promouvoir l’outil pour toutes les classes? Pour tous le niveaux?, pour chaque élève de la classe
    – les moments d’apprentissages : prise en main ou bilan collectif, phase de recherche, production individuelle ou collective, apprentissage
    – les contextes d’apprentissages : en classe, au cdi, à la maison, à l’extérieur
    – son rôle : clarifier, simplifie par l’image, susciter les échanges, synthétiser des résultats, créer une motivation supplémentaire
    Au regard de ces quelques points, il me semble que l’on peut regarder les nouveautés technologiques comme des moyens supplémentaires pour différencier notre enseignement ou pour offrir de nouveaux moyens aux élèves de réaliser leurs apprentissages. Dans certains cas, la tablette sera plus judicieuse pour favoriser une autonomie ou un travail en petit groupe, dans l’autre, le tbi peut convenir pour apporter une information globale ou permettre d’interagir avec l’ensemble de la classe.
    il est donc possible d’envisager l’ensemble des outils comme des moyens parmi d’autres et de les utiliser en fonction des caractéristiques élèves et des objectifs poursuivis;
    Pas de révolution donc mais des possibilités différentes ou complémentaires d’obtenir une activité d’apprentissage chez nos élèves.
    En ce qui concernent les tablettes, je pense qu’elles ont l’avantage (par rapport au tbi)d’apporter un autre soutien à l’apprentissage tout en ne nécessitant pas autant de temps lié à la maîtrise de l’outil (expérience utilisateur élève et simplicité d’utilisation). Pour certaines disciplines, comme l’eps, elles apportent des possibilités d’exploitation avec les tice en raison de leur spécificités, leur taille, l’autonomie, la mobilité sans pour autant pénaliser les temps de pratiques. Les possibilités étaient plus limitées auparavant.
    je reste comme vous tous prudent sur l’attrait de la nouveauté et les discours naïfs ou volontairement élogieux concernant les outils proposés. Cependant ces outils font partie d’une culture contemporaine et nous devons aider les élèves à se l’approprier.
    Pour terminer je dirais que ce n’est pas la nouveauté ou le potentiel affiché de l’outil qui doit nous conduire à le sélectionner. Les caractéristiques de ma classe, les apprentissages visés et les finalités poursuivies vont rendre pertinents , ou pas, l’utilisation de cet outil et favoriser son choix parmi d’autres.
    Cordialement
    Pascal

    1. Effectivement c’est contre la naïveté (et bien davantage parfois) qu’il faut lutter. De fait ces objets font partie de la culture des jeunes et des moins jeunes (car ce sont surtout eux qui ont les moyens de les acquérir) et ne doivent pas être ignorés par le monde scolaire. Mais c’est dans la manière de faire que la question se pose : approche technique, approche commerciale, approche pédagogique ou didactique, approche sociale. C’est bien une question de sens.
      Je suis toujours interrogateur sur la notion d’outil. Pour moi ces objets ne sont pas des outils car ils embarquent de l’intention humaine cachée ou non qui contraignent les utilisateurs de manière plus ou moins explicite. Enfermés dans des modes de faire liés à la conception des machines, et choisis par les concepteurs et le marketing, ces « outils » ont bien des impacts recherchés auprès de la population et sont organisés pour atteindre les cibles recherchées. certes le degré d’intentionnalité peut varier… mais il est présent.
      L’éducateur se doit donc d’abord d’aller au delà de l’idée que ces objets, ces dispositifs soient de simple machines. Il doit donc en décrypter l’intentionnalité pour ensuite mesurer, dans le contexte dans lequel il est et dans lequel il développe sa propre intentionnalité, comment il est pertinent ou non d’utiliser tel ou tel « instrument ».
      BD

  4. Il est évident que ceux dont la raison sociale est de faire du business vont essayer de vendre cet outil aux établissements scolaires : Apple a un « redoutable » service éducation, mais je dois avouer qu’à chaque rencontre avec eux j’ai pu apprécier le fait que les membres de l’équipe éducation connaissaient bien l’école et le milieu enseignant, ce qui ne les empêchent pas d’être là pour vendre leurs produits, on ne peut pas le leur reprocher.
    N’empêche, et d’ailleurs Bruno D. le souligne aussi, que la tablette est un bien bel outil, maniable et « tout en un », simple dans son utilisation ce qui est un plus évident en milieu scolaire. Aussi facile (ou presque) à distribuer, à ouvrir et à consulter/utiliser qu’un manuel scolaire ou qu’une ardoise Velleda (vous savez, pour les exercices de calcul mental ou les dictées de mot). Mais une ardoise Velleda vidéoprojetable, avec enregistrement possible… Rassemblant de puissants outils de création multimédia : en quelques « taps » [il faudra perdre l’habitude d’écrire « clics » 😉 ] les élèves peuvent prendre des photos ou vidéo, les intégrer dans un texte ou une présentation, faire un petit montage vidéo, enregistrer du son, créer une BD… activités de synthèse, de traces de cours, d’expression, qui sont au coeur de notre activité pédagogique et qui se font assez facilement et rapidement avec UN SEUL outil : la tablette.
    Donc d’accord avec Bruno D. : ne nous précipitons pas dans les pièges marketing, mais réfléchissons sérieusement à ce que ce nouvel outil apporte. Et réfléchissons en terme de PROJET : la décision d’achat d’un équipement doit bien se situer à LA FIN d’un processus réflexif : étude des besoins ou nécessités / étude des avantages & inconvénients des différents outils proposés par le marché / faisabilité (finances – aspects techniques) –> décision. C’est ce que j’essaie de faire comprendre aux étudiants et stagiaires que j’ai en formation.
    Un dernier point. L’école a toujours plus ou moins rapidement suivi le mouvement de la société numérique ; et je pense que la tablette (et son cousin le smartphone) vont supplanter les ordinateurs dans notre vie courante, mais aussi chez les professionnels (je viens encore ce matin de lire un article sur la tablette en milieu professionnel)et dans le monde de la formation (formation dans la mobilité)… donc, à mon avis, d’ici quelques années on ne parlera plus d’ordinateurs à l’école… mais encore faudra-t-il avoir fait ce choix en connaissance de cause, pour ne pas le subir : choix sur la base d’un projet pédagogique réfléchi ; s’y être préparé : formation, qu’elle qu’en soit la forme, mais par des pédagogues, pas par des marchands (formation basée sur l’usage de l’outil, par seulement sur l’outil lui-même) !
    Bruno Parmentier
    Ingénieur de formation – responsable des formations TUIC et des formations à distance
    Institut de Formation pédagogique Nord Pas de Calais (Université Catholique de Lille)
    http://www.ifp-npdc.fr

  5. Petite réponse pour Bruno D.
    Effectivement, on peut penser qu’il y a bien une intentionnalité si on considère le système plus ou moins fermé des tablettes, le travail des « hacktiviste » pur en élargir les possibilités et les catalogues en ligne qui génèrent des bénéfices substantiels.
    Cependant, pour un même type de tablette, d’une académie à l’autre, dans tel lycée ou tel collège, les expérimentations sont différentes, les applications plébiscitées variées. Il y a bien un même produit technologique avec des potentialités et une utilisation similaire. Mais son exploitation peut varier suivant le niveau d’exigence de l’appareil, des applications utilisées, du niveau d’expertise de l’enseignant ou des possibilités des élèves. En ce sens il me semble que c’est un outil puisqu’il est manipulé à des fins particulières qui ne sont pas toujours celles du vendeur mais aussi celles de l’utilisateur.Peut-être la pertinence du cadre d’utilisation est-elle à discuter
    Leurs qualités et leurs finalités « éducatives », « sociales », « économiques » sont affichées à grand renfort d’événements promotionnels ou de publicités accrocheuses. Cependant la manière de l’utiliser se fait en fonction des choix de l’enseignant, des possibilités d’apprentissages offertes et surtout des besoins identifiés des élèves. (Une tablette ou un tbi n’est pas forcement la priorité chez certains élèves).
    C’est sur ce dernier point que je voulais terminer. J’entends souvent des justifications sur la pertinence pédagogique des technologies utilisées, sur leurs apport dans la poursuite des compétences visées. Beaucoup moins sur ce qui a motivé leur utilisation au regards des besoins constatés chez les élèves.Je trouve dommage que ce soit souvent des choix politiques (équipements, expérimentations ciblées) ou les compétences d’enseignants ou de personnes ressources qui conditionnent la mise en place de ces technologies en classe. On rejoint là l’effet de mode dénoncé précédemment dans ton article.
    j’apprécierais de lire plus souvent « qu’au regard des possibilités de ma classe, nous avons retenu cet outil », » pour enseigner plus particulièrement cette compétence, nous utilisons l’outil A et pour telle autre un travail en groupe avec feuilles et stylo suffit », « nous avons opté pour cette application plus adaptés aux capacités cognitives de… »,etc.
    il s’agirait d’observer réellement des utilisations référées à des besoins particuliers, pertinents dans des contextes spécifiques et non pas à des souhaits pédagogiques ou des justifications éducatives générales, voire floues. Car peu souvent il est question de différentiation, progression, sélection, adaptation. Je mettrai donc avant BESOINS et PERTINENCE avant le PROJET et CHOIX pour arriver à COHERENCE
    Au plaisir de vous lire
    PN

    1. Parfaitement d’accord avec vous.
      Là encore le mot outil ne me satisfait qu’à moitié. Le terme « dispositif » (cf le numéro que la revue Hermès lui a consacré n°25 1999) me semble encore mieux décrire ce que vous expliquez ici.
      En effet à l’intentionnalité embarquée dans la machine succède l’intentionnalité de l’usager. Dans ce cas il instrumentalise l’objet technique en articulant les deux intentionnalités. Le mot dispositif est beaucoup plus large car il inclut alors le contexte d’usage tel que vous le définissez dans « au regard des possibilités et des besoins ». Mais plus encore une fois les besoins et les possibilités, il y a le fait de « tordre l’objet », de le détourner parfois pour qu’il aille là où l’on veut aller et non pas là où il a prévu de nous amener. C’est en cela que la construction du dispositif est bien, pour moi, ce que vous décrivez ici.
      (on lira en particulier les articles de G Jacquinot et Daniel Peraya sur le terme dispositif, dans ce numéro 25)
      BD

  6. Bonjour,
    En tant qu’éducatrice spécialisé nous avons une tablette (un iPad 2) et je trouve que c’est très utile, convivial, ergonomique et ludique. C’est une expérience pour le moment mais plutôt convaincante. Pour ceux qui veulent se tenir informé des tablettes actuellement sur le marché nous avions trouvé ce site bien documenté : http://www.comparatif-tablette.com. Merci pour votre article (malgré certain point que je ne partage pas).

    • Marie-Odile Morandi sur 30 avril 2012 à 05:42
    • Répondre

    Bonjour,
    A côté de l’investissement financier conséquent, il faut ajouter l’investissement personnel de l’enseignant qui se chiffre en dizaines d’heures avant une utilisation efficace en présence des élèves (maîtrise du matériel, des logiciels,définition des objectifs pédagogiques). Qu’est-ce que l’interactivité en classe ? Ne doit-elle pas être préparée, orientée, et tout cela est très gourmand en temps. Des compétences de base sont aussi nécessaires… Tout cela doit être pris en compte et accompagné de façon authentique par les décideurs afin de fédérer les énergies innovatrices et dépasser l’effet nouveauté.

  7. Que pense l’auteur de cet article 2 ans après ?

  1. […] Une tablette n’a jamais révolutionné l’enseignement… pas plus qu’un TBI « Veille et Analy… Faut-il pour autant jeter les tablettes aux orties ? […]

  2. […] Une tablette n’a jamais révolutionné l’enseignement… pas plus qu’un TBI « Veille et Analy… Et c’est la tablette qui va s’y coller. Une nouvelle fois on va voir se développer les gourous de l’objet technique qui vont venir nous vendre les vertus pédagogiques de la machine. Ce sont parfois les mêmes qui à chaque nouveauté technique sont venus nous vendre la dernière coqueluche des commerciaux dont ils relaient allégrement le discours et qu’ils enrobent d’un pseudo discours pédagogique qui semble disqualifier tous les précédents, car on n’a jamais vu ça. […]

  3. […] Faut-il pour autant jeter les tablettes aux orties ? Pas forcément. Mais il faut lutter contre ces opportunistes de la nouveauté technique, ces promoteurs de leur ego technologique qui, parce qu’ils ont travaillé avec la technologie avant les autres (ils l’ont découverte à peine quelques mois avant, mais cela suffit), se prévalent du droit à la vérité. Souvent, sans s’en rendre compte, ils laissent derrière eux des champs de ruine qu’ils ne géreront pas car, soit ils sont déjà sur une autre nouveauté, soit ils sont rentrés dans le rang des pratiques ordinaires, ou encore parce qu’ils ont réussis à obtenir le changement professionnel qu’ils espéraient voir advenir de leur enthousiasme… et en plus ça marche, plus souvent qu’on ne le pense…. Mais alors comment situer les tablettes dans cette évolution ? Une tablette n’a jamais révolutionné l’enseignement… pas plus qu’un TBI « Veille et Analy… […]

  4. […] Une tablette n’a jamais révolutionné l’enseignement… pas plus qu’un TBI […]

  5. […] Il est nécessaire de dénoncer ce processus et ces procédés. Pourquoi ? Parce qu’ils amènent à faire rêver sur du vent, à faire des investissements inconséquents et souvent sans suite, à faire croire à l’effet levier sur l’enseignement etc…. Une tablette n’a jamais révolutionné l’enseignement… pas plus qu’un TBI « Veille et Analy… […]

  6. […] Faut-il pour autant jeter les tablettes aux orties ? Une tablette n’a jamais révolutionné l’enseignement… pas plus qu’un TBI « Veille et Analy… […]

  7. […] Il est nécessaire de dénoncer ce processus et ces procédés. Pourquoi ? Parce qu’ils amènent à faire rêver sur du vent, à faire des investissements inconséquents et souvent sans suite, à faire croire à l’effet levier sur l’enseignement etc…. Ce processus, c’est cette récurrence de pratiques qui amène à observer une nouvelle fois l’amnésie : il y a nouvel outil donc il y aurait nouveauté pédagogique !!!! Une tablette n’a jamais révolutionné l’enseignement… pas plus qu’un TBI « Veille et Analy… […]

  8. […] Cessons d’idolâtrer les technologies mais aussi, cessons de leur faire porter tous les blâmes! Pédagogie en premier. Un billet via Veille et Analyse TICE: http://www.brunodevauchelle.com/blog/?p=1044 […]

  9. […] ne peut équiper tous les élèves. C’est d’ailleurs probablement trop tôt pour le faire car, comme le signale à juste titre Bruno Devauchelle, les avantages pédagogiques de ces machines ne sont pas encore prouvés ni même […]

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  15. […] et les parents, ne faudrait-il pas, plutôt, revoir les modèles qui sous-tendent l'apprentissage ? Une tablette n’a jamais révolutionné l’enseignement… pas plus qu’un TBI. Après l’ordinateur, Internet, le TBI, les réseaux sociaux, etc… Va-t-on retomber encore dans […]

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