Et si l'on arrêtait d'utiliser des manuels scolaires ?

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Au vu des ressources disponibles en ligne et des pratiques individuelles des enseignants on peut se demander s’il faut encore maintenir des manuels scolaires ? Si l’on fait l’hypothèse que les ressources libres disponibles se multiplient, que la maîtrise des enseignants dans l’élaboration de supports pour leur enseignement augmente et que les élèves ont pris l’habitude eux aussi d’aller chercher leurs ressources, on peut s’interroger sur l’intérêt d’utiliser des manuels scolaires. Cette remarque, qui pourra sembler une provocation envers une « industrie » dont le chiffre d’affaire passe largement par ce marché et qui donc se verrait progressivement diminuer, voire disparaître, n’a pour objectif que de poser une question importante que l’on esquive dans de nombreux débats, tant elle recouvre d’autres éléments qui seraient affectés indirectement par de tels développements. Outre la dimension économique, c’est l’usage qui doit être questionné.
L’utilisation des manuels scolaires est très imbriquée avec l’histoire de l’école. De Condorcet et son manuel de mathématiques à G. Bruno et son « tour de France de deux enfants », on pu voir progressivement se développer cet objet pédagogique qui a fini par s’imposer comme incontournable, semble-t-il dans l’enseignement. L’observation des pratiques enseignantes tend à montrer qu’il faut fortement relativiser cet usage. En effet entre le fait de prescrire ce livre pour la classe et l’utiliser réellement pour son enseignement il y a un écart qui peut parfois s’avérer important. D’ailleurs certaines familles déplorent qu’on oblige les enfants à amener avec eux des livres dont l’utilisation sera très limitée voir inexistante. L’arrivée de la numérisation a créé une attente, un peu fantasmatique, qui est de plus en plus souvent décriée. Non les manuels numériques ne remplacent pas les manuels papiers. De nombreuses raisons concourent à cet état de fait. On peut citer en premier la tendance à la reproduction stricte du manuel dans un format pdf. On peut citer en second les nombreux problèmes vécus par certains face à l’accès protégé des manuels etc…. Mais surtout, il faut avoir un écran qui « marche » à portée de main. Mais ces questions sont temporaires et ne peuvent à elles-seules discréditer l’idée de manuel numérique. Car la question centrale est vraiment celle de l’utilité du manuel scolaire tel qu’il est réalisé en ce moment.
On s’aperçoit aisément que pour de nombreux enseignants le manuel scolaire est d’abord un point d’ancrage. En ce sens il recouvre plusieurs fonctions qui sont rassemblées dans ce seul objet et qui vont être mises en oeuvre dans la classe et plus généralement dans l’année. Parmi ceux-ci on peut citer les sources documentaires, les exercices, le conducteur de l’année, le lien avec le programme officiel, l’objet transitionnel avec l’élève et la famille. Or dans les pratiques observées, on peut noter que nombre d’enseignants fabriquent eux-mêmes leurs supports ou vont en chercher en ligne, de même que les exercices. On s’aperçoit aussi que la progression annuelle et les liens avec les programmes officiels sont en fait des éléments beaucoup plus importants qu’on ne l’imagine. En effet lorsqu’au début des années 1990 le ministère a développé les produits d’accompagnement aux programmes, en particulier en direction des enseignants et des familles, on pouvait penser qu’ils seraient fortement utilisés et qu’ils mettraient à mal l’édition scolaire. Il n’en fut rien. Avec l’arrivée d’Internet, il y a maintenant un certain temps (15 ans…. pour sa démocratisation), il n’en est encore rien, les manuels constituent, comme le montre les statistiques du Syndicat National de l’Edition, un chiffre d’affaire important encore en 2011 (il faut rappeler que globalement les chiffres du livres continuent de progresser en 2011 cf. ministère de la culture).
Au delà des chiffres, le manuel scolaire fait partie de l’identité du monde scolaire. Au quotidien il est un objet symbolique avant d’être un objet totalement utilisé. Même si les chiffres ne semblent pas inquiétants pour l’instant, on remarque cependant l’arrivée de nouvelles formes de rapport au support d’apprentissage. Les communautés d’enseignants, les différents producteurs de contenus, les ressources authentiques accessible, la multimédiatisation des supports, tout pourrait laisser penser à une évolution rapide et radicale. Et pourtant il n’en est rien. Alors il faut revenir au coeur du problème : est-ce qu’un enseignement peut se réaliser en l’absence de manuel scolaire ? La réponse est évidemment positive, et pourtant les manuels continuent de remplir les classes et les cartables des élèves.
La véritable révolution serait que les enseignants eux-mêmes revendiquent l’abandon des manuels scolaires. Mais pour cela il faudrait des substituts aux fonctions assignées au manuel scolaire : l’accès à des sources choisies, un cadre d’enseignement fait de textes facilement compréhensibles, des progressions logiques partagées, voire recommandées etc…  Enfin cela suppose aussi de repenser le rapport de l’enseignant à son métier. Le cadre imposé par les programmes rend presque incontournable le manuel. Celui-ci est le traducteur des instructions en modules utilisables en classe. Dès lors que l’on veut envisager la question de la disparition des manuels scolaires, il faut que ce cadre change. Le premier des changements possibles concerne en particulier l’assouplissement, le décongestionnement des programmes appuyé sur une responsabilisation des choix que peuvent faire les enseignants. Le deuxième changement serait une véritable politique de ressources pédagogiques libres et ouvertes (associé à un droit d’usage pédagogique qui fait largement défaut, malgré la loi). Le troisième changement serait qu’il y ait de véritables continuités numériques entre les lieux et les personnes du monde scolaire. En d’autres termes que les élèves et les enseignants disposent de moyens matériels leur permettant cette nouvelle forme de travail : ENT, ordinateurs ou tablettes etc…
Quant aux élèves et aux familles, un travail est à faire dans leur direction pour leur permettre de ne pas s’égarer. Le livre scolaire permet aux élèves et aux familles d’avoir des repères. Or pour se passer des livres, il ne faudrait pas se passer des repères. Quand en début d’année on feuillette le livre scolaire on anticipe sur l’année. Quand à la fin de l’année on retourne au début du livre, on fait un travail de mémoire important. Le passage à une autre forme supposerait de penser cette vision globale, cette possibilité de retour etc…
Le manuel scolaire n’est pas un outil d’autoformation. Au contraire même, il impose aussi l’enseignant. Du coup il se trouve dans celui-ci un allier de poids. En concevant de manuels d’autoformation, voire des dispositifs d’autoformation, on s’aperçoit que les manuels perdent de leur intérêt, de leur utilisé. Mais cette perspective n’est pas celle du monde scolaire (sauf parfois partiellement), elle l’est bien plus dans l’enseignement supérieur. D’ailleurs dans l’enseignement supérieur la question ne se pose pas du tout de la même manière. Entrer dans cet univers ce serait donc abandonner le manuel scolaire ? Est-ce le signe d’un changement beaucoup plus fondamental de la conception de celui qui apprend ? Il y a probablement dans cette évolution un indice que le monde scolaire pourrait creuser et ainsi envisager de supprimer les manuels scolaires…
Mais cela n’est pas pour demain matin…
A débattre
BD

29 Commentaires

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  1. Cet article soulève pour moi de réelles questions et m’amène à me questionner par rapport à ma pratique.
    J’enseigne en primaire et depuis une dizaine d’années je m’éloigne de plus en plus des manuels au point que cette année, les élèves n’en ont même pas reçus à la rentrée : ils en ont été très surpris.
    Les manuels sont intéressants pour leur aspect de référence, mais ils présentent un côté un peu figé et rigide.
    En mathématiques ou en français, je trouve que travailler sans manuel permet plus de souplesse dans les apprentissages, en s’adaptant mieux au rythme et aux besoins des élèves.
    PS : Un grand merci pour ce blog que je suis depuis longtemps avec intérêt, sans forcément réagir.

    1. Merci de votre commentaire.
      je suis particulièrement sensible à votre témoignage qui met en évidence cette hypothèse de changement que je pressens.
      N’hésitez pas à rapporter vos pratiques et expériences, ce blog est aussi fait pour partager ce genre de réfélexions
      Merci
      Bruno Devauchelle

  2. M. Devauchelle, vous mettez le doigt en plein dessus la véritable problématique derrière le débat manuel scolaire, imprimé vs numérique. Un débat avant tout pédagogique.
    Vous avez raison de dire qu’il faut 1. revoir en profondeur les programmes d’études, 2. permettre l’accès aux ressources libres, 3. favoriser un environnement pour cet accès. C’est une véritable introspection, autant systémique qu’individuelle. Le commentaire fort pertinent de JL le démontre bien et je le/la félicite pour cette démarche entamée. Cette introspection au niveau des visées de formation par un système d’éducation qui cherche à rester pertinent nous permettra-t-elle d’atteindre le Graal sacré de l’écriture de programmes d’études? Et à son animation afin que chaque enseignant en saisisse le sens, l’esprit? C’est à souhaiter, quoique cela va exiger énormément d’efforts pour la formulation et l’animation des documents prescrits pour les diverses juridictions d’éducation.
    Les enseignants ne sont pas des ‘techniciens de l’enseignement’ mais des ‘professionnels de l’apprentissage’. Tout est dans cette nuance, à mon avis.
    Superbe billet!

    1. Et à cette réécriture de programmes, j’ajouterais un nouveau savoir : savoir publier!

  3. Cet article est particulièrement intéressant :je viens de terminer d’écrire un dossier pour le CRDP de Besançon sur les manuels numériques où j’explique que la solution la plus satisfaisante (en histoire-géo)pour le professeur, c’est de créer son propre manuel numérique, créer ses propres ressources. Ce qui pose bien sûr ce problème des droits d’utilisation des documents (très nombreux et onéreux dans certaines matières) ainsi que l’aspect technique : où publier, comment conserver, comment partager ?
    Mais je pense que la majorité des enseignants n’est pas encore prête pour se passer de manuel…

  4. Aux premières réactions reçues ici, je crois que nous avons là un sujet important à approfondir. merci à tous ceux qui apportent leur contribution.
    Bruno Devauchelle

  5. « Le deuxième changement serait une véritable politique de ressources pédagogiques libres et ouvertes (associé à un droit d’usage pédagogique qui fait largement défaut, malgré la loi) »
    Si elles sont sous licence libre il n’y a nullement besoin d’un droit d’usage pédagogique en sus. C’est aussi pour cela que ces licences sont pertinentes dans le milieu éducatif et je me réjouis que lentement mais sûrement vous vous y mettiez vous aussi 🙂

    1. Rassurez vous, je ne m’y mets pas complètement… je parle aussi de l’exception pédagogique qui devrait une norme et pas une exception…

  6. Au delà de ce détail, la question de fond est intéressante.
    A ce titre l’exemple de l’association Sésamath est à creuser.
    Ils produisent collectivement des ressources numériques libres qu’ils peuvent ensuite décliner à la sortie en fonction des besoins (manuels papier, manuels numérique, sites web, tablettes, extraits, applications, etc.). Et tout un chacun peut utiliser, imprimer ou photocopier ces ressources (puisque, au risque de me répéter, elles sont sous licence libre).
    Tout est en place pour une transition et non une rupture.

  7. J’ai une position un peu plus partagée.
    Dans ma pratique, je n’utilise le manuel que quand il correspond à ce dont j’ai besoin pour ma programmation.
    J’ai travaillé sur certains niveaux sans manuels ( je ne considère pas qu’un manuel d’Histoire-géographie datant de 1998, utilisé en 2011-2012, puisse être considéré comme un manuel ) : j’ai ressenti une impression de liberté dans ma pratique. Par contre, la difficulté vient du support pour les élèves. La multiplication des photocopies est un coût qui n’est pas toujours accepté par les établissements. Le support numérique n’est pas encore entré totalement dans les habitudes de travail des élèves, même si je crois qu’il faut travailler dans ce sens.
    Malgré tout, le manuel est un outil qui reste indispensable. Outre les économies de photocopies, il regroupe des documents parfois inédits et adaptés au niveau scolaire des élèves. Avec le temps, on apprend à créer ou à trouver ce genre de documents. Quand on débute, le temps manque : le manuel est une béquille fort utile.
    Je crois aussi que les élèves sont attachés au manuel, surtout quand le document iconographique est aussi présent que dans celui d’Histoire-géographie. Quand on travaille en zone d’éducation prioritaire, c’est un des rares éléments du savoir qui entre chez les enfants.

    1. Merci de votre témoignage qui vient apporter un éclairage intéressant sur cette problématique.

    2. Quand on se passe de manuel, il est indéniable qu’on fait plus de photocopies, mais il me semble important que chacun puisse avoir « sa » carte où il peut ajouter ses couleurs ou annotations. J’ai l’impression que cela favorise la compréhension et la mémorisation.
      Un manuel numérique ne me semble pas permettre cela.
      C’est à vérifier mais je crois me souvenir d’un article expliquant qu’on retient mieux des informations lues sur papier que sur un écran et que cela s’explique par le caractère statique et immobile du papier : sur une feuille, l’information est en effet toujours au même endroit.
      Avec le développement de l’usage de la lecture sur écran, ceci pourrait évoluer.
      PS : Je partage l’avis de Céline sur le manuel et en distribuerait certainement l’année prochaine car les photocopies ne présentent pas l’aspect « sacré » ou « référence » des manuels qui peuvent davantage susciter l’envie ou la curiosité de la découverte des notions qui seront abordées au cours de l’année scolaire.

    • Christian Aymoz sur 24 mai 2012 à 17:58
    • Répondre

    Le problème est d’actualité… Chaque fin d’année il faut renouveler certaines collections qui ne sont plus d’actualité ou usagers. Les choix ne sont pas faciles : entre programmes qui vont changer sûrement ou peut-être, les collections qui ne sont pas renouvelées, celles qui ne sont pas conseillées par les inspecteurs, celles qui sont usagers ou vont bientôt l’être…. D’autre part dans les collèges, des subventions sont attribuées pour un équipement en vidéo projecteurs ou TNI, mais elles sont déduites de la somme affectée aux manuels scolaires…
    Dans notre établissement, certaines équipes enseignantes ont choisi de ne pas renouveler les collections et de travailler à la réalisations de ressources propres.
    La transition sera sûrement délicate, mais elle nous ramène à notre métier et pas seulement au rôle de « facilitateur » qu’on voudrait nous faire jouer…

    • Yann Allain sur 24 mai 2012 à 18:49
    • Répondre

    Bonsoir tout le monde.
    Une question bien intéressante qui demanderait beaucoup de réflexion et une très (trop) longue réponse. Contentons-nous de quelques pistes.
    Le Livre scolaire.fr (http://lelivrescolaire.fr/) a créé des manuels entièrement gratuits et personnalisables en numérique et payant pour la version papier (j’avoue faire partie des co-auteurs, 150 pour le manuel de 3è Histoire,Géographie et Éducation civique).
    Tant que les élèves ne sont pas équipés informatiquement et individuellement en classe, le manuel papier me parait indispensable, par exemple pour l’étude d’un texte, pour que chaque élève puisse progresser à son rythme dans les exercices, je ne reviens pas sur le coût, les droits, le temps passé en préparation pour produire soi-même un dossier documentaire.
    Le manuel papier réduit l’inégalité de placement en classe entre le 1er et le 5 ou 6è rang tout au fond…
    La clarté de présentation, la qualité d’impression d’un manuel encourage, me semble-t-il nos élèves, à entrer dans ces documents.
    Si la présentation vidéoprojetée d’un document iconographie (donc en grand format) a beaucoup d’avantages pour son analyse (croquis, composition d’un tableau…), à mon sens elle n’exclut pas le contact direct de l’élève à partir de son manuel.
    Cordialement, Yann Allain.

  8. Bonjour
    Cette analyse de Bruno Devauchelle sur la suppression, éventuelle, des manuels, est pour moi tout à fait pertinente. Cette question vaut d’être posée.
    Dans son dernier ouvrage (1), Philippe Meirieu lorsqu’il explicite son point de vue entre « pédagogie » et « didactique », regrette que « dans certains travaux didactiques, c’est l’impasse systématique sur ces questions (NDLR : la pédagogie interroge l’acte de transmission du point de vue de l’éducation et pas seulement l’efficacité dans l’acquisition d’un savoir précis), et de fait, le déni de la pédagogie, ravalées au rang des généralités inutiles ». Il pointe ainsi en particulier des responsables institutionnels et auteurs de manuels « …Là encore, comme dans d’autres domaines, ce sont les épigones – qu’ils soient cadres intermédiaires de l’institution ou auteurs de manuels scolaires – qui me paraissent les plus dangereux. Ou même parfois les plus ridicules : pour reprendre la définition que Bergson donnait du comique « ils plaquent du mécanique sur le vivant »…jusqu’à parfois, abolir le vivant au profit du mécanique ! ».
    Quelle autre alternative au manuel classique sur papier en technologie ? Dans la discipline technologie au collège, comme dans d’autres, la source d’information de l’élève, comme celle du professeur n’est-elle pas d’être au plus proche des informations ou ressources authentiques, c’est-à-dire avec un minimum d’intermédiaires de qualité, tel que le manuel qu’il soit papier ou numérique ?
    A mon avis effectivement le principe du « manuel papier » doit être supprimé au bénéfice d’un « manuel ressources » papier et/ou numérique (pouvant être aussi acheté par les parents) car il constitue un lien culturel et des repères entre élève et parents. Mais aussi une contribution d’informations techniques et pédagogiques à la disposition de la formation continue des stagiaires dans les IUFM et aussi dans les stages académiques de formation continue des professeurs.
    J’ai déjà tenté cet essai dès avec deux amis experts universitaires pour la partie du programme de 1996 en technologie 3e intitulée « Histoire des solutions à un problème technique ». Le manuel ressources papier était constitué d’informations sélectionnées, mais limitées, sur six histoires d’objets techniques de taille réduite que les professeurs pouvaient donc facilement amener dans leurs laboratoires pour une étude concrète en action des apprentissages des élèves sur cette partie du programme.
    Résultats de cet essai (en 2001), concluant selon moi:
    1 – rédaction d’un « manuel ressources » (96 pages) pour les élèves par deux experts en didactique et pédagogie des objets et produits techniques (Clive Lamming professeur agrégé, docteur en histoire des techniques, formateur d’ENNA et d’IUFM, expert conférencier auprès du Musée des Arts et Métiers de Paris et Serge Picard professeur agrégé, formateur d’ENNA et d’IUFM, expert conférencier connu auprès du Musée des Arts et Métiers et auprès des émissions télévisées sur les trains), avec des références sélectionnées, donc limitées d’ouvrages papier complémentaires à consulter par ces élèves (à la date de la rédaction les sites internet étaient peu nombreux alors qu’aujourd’hui une liste type serait indispensable) (2) ;
    2 – rédaction d’un « guide ressources techniques et pédagogiques complémentaires » du professeur (CD ROM de 150 pages) par les mêmes auteurs, mais rompant avec la technique habituelle du « livre professeur » qui édictait des modèles parfois « prêt à l’emploi » de préparation de cours inadaptées à chaque situation d’un autre professeur, c’est-à-dire (3) :
    . 2-1 – les objectifs et orientations pédagogiques en technologie mais aussi dans les programmes des disciplines connexes (histoire, physique-chimie) et les compétences notionnelles du programme de technologie ;
    . 2-2 – des informations techniques complémentaires à celle du manuel ressources, donc inconnues des élèves, ceci pour alimenter les recherches des élèves ;
    . 2-3 – des conseils pédagogiques et didactiques sur chaque série d’objets (des idées pour construire le déroulement de la séquence de 10 h de formation des élèves sur : les machines à écrire, les jouets anciens, les appareils téléphoniques, les machines à coudre, les appareils à mesurer le temps, les appareils photographiques);
    . 2-4 – une liste sélectionnant des ressources pour la formation continue des professeurs complémentaire à celle publiée dans le manuel ressources élèves, c’est à dire des ouvrages encyclopédiques et autres, des musées, etc. (et sites Internet).
    En résumé, OUI il faut supprimer les manuels actuels et les remplacer par des « manuels ressources » novateurs rédigés par des équipes d’experts pédagogiques, didactiques, donc plus en rapport avec l’approche moderne de la recherche d’informations par ailleurs préconisée par J.P.Astolfi (4).
    Nota. J’ai lancé sur la liste privée de discussion de l’association de professeurs de technologie PAGESTEC, le questionnement suivant :
    « Quels sont les critères de votre pratique en technologie que vous considérez la plus efficace pour le manuel élève :
    1 – manuel papier ;
    2 – manuel numérique ;
    3 – ressources provenant de sites personnels ;
    4 – ressources disciplinaires officielles nationales site de Poitiers ;
    5 – internet ;
    6 – aucun manuel ;
    7 – autres : préciser… ».
    Ignace RAK IA IPR STI honoraire, auteur et/ou co-auteur de 33 ouvrages de formation de professeurs, dont seulement deux manuels et d’un seul « manuel ressources » (histoire d’objets techniques).
    Bibliographie citée
    (1) MEIRIEU, Ph. (2012). Un pédagogue dans la cité. Conversation avec Luc Cédelle. Paris : Desclée de Brouwer, pp 116-117.
    (2) – RAK, I., LAMMING, C. & PICARD, S. (2001). Histoire d’objets techniques. Paris: Delagrave.
    (3) – RAK, I., LAMMING, C. & PICARD, S. (2001). Histoire d’objets techniques.CD ROM du professeur. Paris: Delagrave.
    (4) – ASTOLFI, J.P. (2008). La saveur des savoirs. Disciplines et plaisir d’apprendre. Paris : ESF, pp 205-220.

    1. Merci de votre analyse approfondie de la question que j’essaie de soulever. Il est vrai que la question des disciplines et de la didactique (tout au moins ses conceptions pour chacune des disciplines) amène à réfléchir l’intérêt du manuel scolaire de manière différente. On sait aussi que les choix pédagogiques, au delà de la didactique, qui sont aussi à mettre en lien avec les « style d’enseignement » ont à voir avec cette question de la place des supports et du manuel scolaire.

    • Yann Allain sur 28 mai 2012 à 07:59
    • Répondre

    Je ne vois pas dans ces réactions 3 points qui me paraissent essentiels, la qualité graphique des documents présentés aux élèves, le temps de préparation des cours (je parle par expérience puisqu’il n’y a pas de manuels d’Éducation civique dans mon établissement (sans parler des droits de reproduction…), le fait que les classes ne sont pas équipées en informatique (sauf en technologie sans doute).
    Donc un considération générale me paraît abusive, une réflexion par discipline (voire par enseignant) bien plus utile.
    Cordialement, Yann Allain (simple professeur en collège).

  9. Bonjour
    Je suis d’accord avec la suggestion de Yann Allain : que chaque discipline exprime ici ses pratiques sur les manuels.
    Pour la technologie au collège, et plus généralement l’éducation technologique à l’école primaire et les enseignements professionnels et technologiques au lycée, ne faudrait-il pas ajouter aux trois points de Yann Allain dans la préparation d’un cours, une quatrième activité incontournable, celle de la préparation préalable des machines avant l’arrivée des élèves, voire de l’installation à chaque séance d’équipements spécifiques pour réaliser des maquettes ou de véritables « oeuvres » personnelles (ou par groupes) au sens de Philippe Meirieu ?
    Heureusement pour les professeurs (ou malheureusement pour les élèves ?) que la discipline technologie au collège n’a plus la charge depuis le programme 2008 des apprentissages fondamentaux en TICE du programme des collèges de 1996 puisque ces apprentissages sont désoramais confiés à toutes les disciplines, ce qui lui permet de libérer un peu de temps pour d’autres apprentissages, dont la recherche d’informations dans les manuels ou dans d’autres sources.
    Attendons d’autres exemples sur les autres disciplines, ceci aussi bien pour les manuels que les activités particulières lors de leur préparation de cours.
    Cordialement
    Ignace RAK

    • Marie-Odile Morandi sur 1 juin 2012 à 08:11
    • Répondre

    Bonjour et Merci Ignace,
    Il y a l’avant mais il y a aussi l’après : rangement du matériel, des machines et des travaux d’élèves! Aucun préparateur contrairement à d’autres disciplines ! Sans la compréhension des personnes qui confectionnent les emplois du temps dans nos collèges, la tâche devient de plus en plus ardue.
    Amicalement
    Marie-Odile Morandi

    1. Comme ces échanges semblent le renforcer, au delà même des disciplines, l’organisation scolaire générale contraint à utiliser certains types d’outil à avoir certains fonctionnements qui ne sont pas choisis….
      L’organisation scolaire s’est singulièrement servi du livre pour contraindre le métier d’enseignant, non seulement dans les pratiques, mais aussi dans l’imaginaire.
      BD

    • verodutrez sur 26 juin 2012 à 20:04
    • Répondre

    L’intervention d’Ignace m’a vivement intéressée. Il écrit :
    1 – rédaction d’un « manuel ressources » (96 pages) pour les élèves par deux experts en didactique et pédagogie des objets et produits techniques…
    2 – rédaction d’un « guide ressources techniques et pédagogiques complémentaires » du professeur (CD ROM de 150 pages) par les mêmes auteurs
    Je travaille dans un établissement où il est demandé à des professeurs insuffisamment formés (maîtrise de outils numériques en particulier) de produire de tels manuels ressources. Ne pensez-vous pas que le projet ainsi mené, c’est-à-dire sans l’expertise de personnes qualifiées, risque fort d’échouer ?
    Véronique

  10. Bonjour
    En écho au message de Véronique, il me semble effectivement que non seulement la maitrise des outils numériques soit nécesssaire pour réussir un manuel numérique, mais qu’un manuel ressources soit construit par des experts, c’était l’exemple que je citais, pour éviter de « contrôler », voire de « mettre en doute » ou de « modifier » la validité des ressources choisies. Cela n’exclut pas d’associer à l’équipe des enseignants et/ou formateurs de « terrain » pour le guide ressources professeurs, mais pas directement pour le manuel.
    C’est une approche personnelle et un avis fondés sur un seul exemple.
    Je viens de finir de rédiger un document de 8 pages pour les professeurs de technologie d’une association à partir de ma première intervention sur ce blog, ceci avec quelques citations et références de chercheurs. Mon document s’intitule : « Manuels scolaires : les supprimer, ou les remplacer en technologie au collège ? ». Il sera mis en ligne la semaine prochaine sur mon site personnel ouvert à tous (techno-hadf).
    Bien cordialement
    Ignace RAK

    1. Voici l’adresse et le lien http://techno-hadf.pagesperso-orange.fr/index.html

    • Patrick Bréjon sur 30 juin 2012 à 21:49
    • Répondre

    Belle analyse qui fait le tour de la question. Perso je pense plutôt à la place d’un livre recourir à un ensemble des ouvrages provenant de plusieurs éditeurs ou information numériques provenant de plusieurs sources avec critique positive, analyses et synthèses communes, complémentaires ou concurrentes à l’occasion de différentes activités de groupe ou individualisées.
    Merci pour ton site

  11. Bonjour
    Un problème technique m’empêche de mettre comme promis le document « Manuels scolaires : les supprimer, ou les remplacer en technologie au collège ? » (8 pages) sur le serveur, donc sur mon site jusqu’à fin août 2012.
    Si cela intéresse quelqu’un dès maintenant, en attendant je peux lui envoyer directement en pièce jointe, à la condition de me communiquer son adresse courriel.
    Cordialement
    Ignace Rak
    ignace.rak@wanadoo.fr

    • Patrick Bréjon sur 15 juillet 2012 à 08:33
    • Répondre

    Bonjour,
    Je m’excuse de ne pas avoir encore tout lu.
    J’apporte juste ma réflexion et mon intention pour 2012-2013 : j’ai eu l’accord pour commander un minimum de livres en technologie ; livres tournants. L’ originalité est que je fait commander un panel des éditeurs destiné au travail d’un groupe lorsqu’ils sont en demi-classe la deuxième heure. Il y a 3 ou 4 groupes ; avec un nombre minimum d’ouvrages mais diférents,il s’agit de favoriser l’émulation,tout en permettant la rotation entre les groupes et les élèves ; la finalité ou le complément se fait sur PC, les instructions et suivis étant sur un serveur.
    Au niveau du primaire, je pense qu’un minimum est aussi nécessaire, livres tournants aussi ; le livre encourage à la lecture ( voir comment les anciens ont appris ).

    • Patrick Bréjon sur 15 juillet 2012 à 08:47
    • Répondre

    A la lecture de quelques commentaires :
    * J’ai fait demander que chaque élève ait une clé USB
    * Pas de discipline scientifique sur le site lelivrescolaire.fr comme d’ailleurs sur les condensés annuels par niveau des éditeurs. Dans ces disciplines un panel d’ouvrages est nécessaire pour en faire le tour.
    * Le livre permet de suivre les compétences et de n epas en oublier
    * Un sommaire perso en début d’année et pour l’année, se référant à un ensembles de ressources, permet un auto-suivi efficace de l’élève, un peu comme les fiches d’antan.

    • Rak Ignace sur 19 août 2012 à 08:33
    • Répondre

    Bonjour
    Comme promis le 1er juillet, je viens de mettre le document de 8 pages sur mon site.
    Dans ce document, quelques références et extraits d’études menées en France, aux Pays Bas et au Québec sur l’utilisation des manuels de technologie et numériques. Lire la suite dans le document intitulé « Manuels scolaires : les supprimer, ou les remplacer en technologie au collège ? » http://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html
    Bien cordialement
    Ignace Rak

  12. Pour celles et ceux que le sujet intéresse :
    Colloque « Ressources numériques éducatives et politiques d’équipement »
    Mission Ecoter – Observatoire sur l’école numérique
    (Caisse des Dépôts et Consignations – 19 octobre 2012 – Paris – 9h30-16h30)
    L’essor du numérique dans l’éducation a un fort impact sur les contenus pédagogiques, au point d’être vécu par les enseignants, les acteurs du public et de leurs « partenaires » privés comme une remise en question des modèles établis depuis des décennies.
    Des contenus plus riches, diversifiés grâce à l’apport du multimédia, plus interactifs, beaucoup plus modulaires et manipulables constituent en soi un véritable tournant dans notre système éducatif. Tournant qui offre autant d’opportunités pour l’évolution de l’enseignement et des apprentissages qu’ils suscitent de questions concernant leurs modes de production, d’acquisition, de distribution et d’utilisation.
    La quantité exponentielle de contenus accessibles via les réseaux et la facilité avec laquelle « tout un chacun » peut les produire, copier, diffuser posent les questions de leur identification, de leur qualité pédagogique, de la reconnaissance de leurs auteurs et de leurs droits d’utilisation.
    On doit aussi et surtout se poser la question des impacts que ces évolutions auront sur les pratiques pédagogiques et sur la réussite des élèves ?
    De même, l’évolution des contenus numériques n’est-elle par en train d’annoncer la fin du manuel scolaire et celle du « bon vieux cartable » de l’écolier auquel vient déjà se supplanter le cartable électronique ? Evolutions qui ne sont pas sans poser la question de l’équipement individuel des élèves et de ses implications dans les politiques publiques quant à leur financement, de leur gestion et de leur maintenance.
    Dans ce contexte, de nouvelles organisations d’acteurs – utilisateurs, producteurs, distributeurs – se construisent autour des ressources pédagogiques numériques. Ils obligent à repenser les contenus, leur utilisation et à construire une véritable ingénierie pédagogique du numérique, de nouveaux modèles.
    Pour y réfléchir et répondre aux questions et débattre avec les participants, quatre tables rondes :
    Alain-Marie Bassy, Ancien Inspecteur général de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche ; Alain Thillay– Chef de bureau des usages numériques et des ressources pédagogiques – DGESCO, Ministère de l’Education Nationale ; Serge Bergamelli, Directeur général, CNED ; François Bocquet – Expert, Responsable du pôle éducation numérique (programme Sankoré) à l’Université Claude Bernard Lyon 1, Enseignant en Sciences de l’Education et de la Formation à l’Université Lumière Lyon 2 ; Véronique Saguez – Professeure agrégée de SVT, Lycée de la Plaine de Neauphle de Trappes (Yvelines) ; Charles Bimbenet – directeur – Canal Numérique des Savoirs ;
    Sébastien Hache – Fondateur et chargé de la communication de l’association, ancien professeur de mathématiques – Sésamath ; Rosa Maria Gómez de Regil – Directeur de projet- E-learning solutions, Expert AFNOR/CN36, CNED ; Nathalie Colombier – Fondatrice, Metatext ; Gérard Puimatto – Directeur adjoint, CRDP de l’académie de Aix-Marseille ; Eric Mazo – Chef du service des Technologies de l’Information Educatives, Direction des Lycées , Région Provence-Alpes-Côte d’Azur; Frédéric Absalon, professeur documentaliste au LPO Emile Mathis de Schiltigheim.; Pascal Cotentin – Conseiller TICE auprès de Monsieur Boissinot, Recteur de l’Académie de Versailles et Directeur du CRDP de l’académie de Versailles ; Angelica Reyes – Directrice Marketing Education, Microsoft ; Thierry Coilhac – Adjoint au directeur de l’Anticipation Stratégique, Orange ; Texas Instruments
    Modération : Philippe Molès, Conseiller Mission Ecoter
    Pour s’inscrire : http://www.ecoter.org/agenda?view=inscription&cid=59

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  2. […] Et si l’on arrêtait d’utiliser des manuels scolaires Par Laurence Houot-Remy Publié le 16/03/2012 à 13H55, mis à jour le 17/03/2012 à 22H47 C'est la deuxième fois que le salon invite le Japon, la dernière fois c'était en 1997. Le grand public découvrait alors la littérature japonaise. Aujourd'hui, grâce au travail de certaines maisons d'édtion (comme les éditions Picquier) et également en raison de l'engouement extraordinaire pour les mangas dans notre pays, le Japon a aujourd'hui une place particulière dans le paysage éditorial français. Le japonais est la deuxième langue la plus traduite en France. […]

  3. […] Et si l’on arrêtait d’utiliser des manuels scolaires Au vu des ressources disponibles en ligne et des pratiques individuelles des enseignants on peut se demander s’il faut encore maintenir des manuels scolaires ? Si l’on fait l’hypothèse que les ressources libres disponibles se multiplient, que la maîtrise des enseignants dans l’élaboration de supports pour leur enseignement augmente et que les élèves ont pris l’habitude eux aussi d’aller chercher leurs ressources, on peut s’interroger sur l’intérêt d’utiliser des manuels scolaires. Cette remarque, qui pourra sembler une provocation envers une « industrie » dont le chiffre d’affaire passe largement par ce marché et qui donc se verrait progressivement diminuer, voire disparaître, n’a pour objectif que de poser une question importante que l’on esquive dans de nombreux débats, tant elle recouvre d’autres éléments qui seraient affectés indirectement par de tels développements. […]

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