Mais que se passe-t-il donc à l'Ecole ?

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Depuis 1985, les injonctions faites à l’Ecole d’utiliser les TIC sont d’un effet extrêmement relatif. Malgré tous les rapports, les projets, les programmes, les incitations, voire les formations proposées, le CREDOC nous annonce dans son rapport qu’en France l’usage des TIC des jeunes de 12 à 17 ans dans leur contexte d’étude (autrement dit au collège et au lycée) est

  • quotidien pour 4%,
  • une à deux fois par semaines 41%,
  • plus rarement 33%
  • jamais 23%.

Dans le même temps l’enquête apporte pour les usages à domicile les résultats suivants qui montre que l’usage de l’ensemble de la population des 12-17 ans (qu’ils aient ou non un ordinateur à domicile) est


  • quotidien pour 61%,
  • moins souvent (?) 20%
  • jamais 19%.

En compilant ce total, le CREDOC nous indique qu’au total 63% des 12 17 ans utilisent un ordinateur chaque jour, 24% une fois par semaines, 14% rarement ou jamais.

Ce qui est intéressant c’est que pour cette tranche d’âge le lien avec l’usage d’Internet est très fort (écart de 3 points)

Cette étude conforte les précédentes et met en évidence un problème scolaire. Le récent dossier publié par le MEDEF sur les TIC dans la société invite le système scolaire à investir ce champ (sans pour autant offrir de solutions originales et cohérentes autres que celle proposées actuellement par le ministère, la seule originalité mais très surprenante et peu cohérente dans la solution proposée concerne l’incitation aux études vers les métiers d’ingénieur informatique du fait du manque de main d’oeuvre de ce secteur). Le rapport Mediappro de son coté interrogeait déjà le système scolaire. Le pragmatisme ministériel à propos de la validation du B2i au collège (Jo du 28 décembre 2007) confirmait la faiblesse du système éducatif.

Les débats animés dont nous avons été l’un des porteurs sur la place des TIC dans le système éducatif sont-ils de nature à apporter des réponses concrètes ? On peut penser que non si l’on en juge par l’histoire.

Certains diront qu’il faut imposer un enseignement des TIC ou de l’informatique. D’autres diront qu’il faut former les enseignants pour qu’ils intègrent les TIC. D’autres enfin diront qu’il faut laisser les TIC en dehors du système éducatif car elles sont culturellement inaccessibles aux âges de la scolarisation du fait du manque de bases.

Pas question de relancer ces débats ici, ils sont interminables et vains, mais nécessité d’analyser un phénomène étonnant qui ne touche pas que notre système éducatif semble-t-il. La conception globale des finalités du système éducatif, dans l’imaginaire collectif, ne laisse en réalité aucune place à la prise en compte des TIC. Les pionniers et les promoteurs ont probablement créé un effet de rejet au second plan de ces objets. Leur instabilité, leur coût, leur faible utilisabilité scolaire, leur omniprésence médiatique, leur présence familiale importante, sont autant de paramètres qui viennent s’ajouter pour composer le paysage de fond de ce que j’ai appelé « l’acceptabilité ».

Rappelons ici que l’on parle souvent d’accessibilité à propose de la fracture numérique, mais on oublie trop souvent de parler de l’acceptabilité. Si l’on veut analyser l’intégration d’une innovation dans un milieu il faut prendre en compte le degré d’acceptabilité et son évolution. Dans le cas des TIC la fabrication individuelle et collective de l’acceptabilité dépasse largement la banalisation et l’appropriation, indispensables mais pas suffisants. Il manque à cela la mise en résonnance de ces éléments avec le contexte d’usage projeté. Or ce contexte d’usage obéit à des règles qui sont, dans le cas du système éducatif, extrèmement profondément ancrée dans l’inconscient collectif (surtout en France si l’on se réfère à cette étude sur la jeunesse et son sentiment de possibilité d’initiative publiée récemment). Quelque soit la façon dont on retourne le problème, la question ne se résoud pas seulement par des mesures coercitives ou des enseignements scolaires (sauf si l’on veut donner un vernis chiffré par des cours spécialisés). Car l’enjeu n’est pas qu’une connaissance des outils ou qu’une maîtrise des pratiques probablement utile, mais une véritable culture transversale. C’est cette culture qui n’est pas encore conscientisée à un degré suffisamment élevé pour passer les seuils d’acceptabilité.

En attendant, c’est en dehors du système scolaire que continue de se construire majoritairement la culture numérique des jeunes . Il faut, en attendant, en appeler aux associations, aux quartiers, aux initiatives locales pour tenter de les accompagner et d’aider aussi les familles dans cette évolution.

Regardons du coté de l’histoire de la lecture dans notre société de la capacité de l’école à développer réellement la littéracie pour mesurer le chemin qu’il y aura pour développer la numéritie

BD

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