Numérique et socle (2014) : quelle relation ?

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Les textes qui entourent le socle commun de connaissances et de compétences donnent une place au numérique et aux technologies et sciences qui y sont associées. Rappelons le, ce socle s’est inspiré, dans sa forme, du B2i créé en 2000, qu’il a d’ailleurs intégré en 2006 lors de sa création. On le sait le B2i n’a jamais trouvé sa place dans le paysage scolaire, pas plus, d’ailleurs que le socle commun qui pourtant, lui, fait consensus dans la classe politique. Au moment où des annonces sont faites autour du code, de la formation au numérique à l’école, rappelons ce qui fait consensus et soulevons quelques-uns des problèmes qui émergent pour cette rentrée scolaire.
Le projet de socle en débat pour la rentrée
En effet sur le site du ministère on lit ce calendrier de réécriture du socle (http://www.education.gouv.fr/cid2770/le-socle-commun-de-connaissances-et-de-competences.html) qui est donc l’occasion de ce billet. Nous souhaitons ici analyser les choix faits et tenter de situer désormais la place attribuée au numérique dans la réflexion sur la « culture de base » de chaque citoyen.
 
Extraits du texte du conseil national des programmes 8 juin 2014 :
« (La formation scolaire) développe les connaissances, les compétences et la culture nécessaires à l’exercice de la citoyenneté dans la société contemporaine de l’information et de la communication. »
 » Cette culture commune doit être équilibrée dans ses contenus et ses démarches :
– Elle ouvre à la connaissance, forme le jugement et l’esprit critique.
– Elle fournit une éducation générale fondée sur des valeurs qui permettent de vivre en société.
– Elle favorise un développement de la personne en interaction avec le monde qui l’entoure.
– Elle développe les capacités de compréhension et de création, les capacités d’imagination et d’action.  »
Nous y ajoutons le cadre proposé dès l’origine pour mieux comprendre les enjeux actuels :
« Les connaissances et compétences à acquérir dans le cadre du socle commun relèvent de cinq domaines de formation, dont l’ensemble définit les composantes de la culture commune.
1 – Les langages pour penser et communiquer
2 – Les méthodes et outils pour apprendre
3 – La formation de la personne et du citoyen
4 – L’observation et la compréhension du monde
5 – Les représentations du monde et l’activité humaine
Ces cinq domaines ne se déclinent pas séparément. Ils ne correspondent pas à de nouvelles disciplines qu’il serait possible d’appréhender distinctement les unes des autres, mais à de grands enjeux de formation.  »
Accéder directement au texte ici http://cache.media.eucation.gouv.fr/file/06_Juin/38/8/CSP_Socle_commun_de_connaissances_competences_culture_328388.pdf
Le cadre est fixé, et si on lit plus avant la proposition on y retrouve outre le B2i actualisé et renforcé dans la recherche et le traitement de l’information ainsi que la maîtrise de la communication, une proposition de découverte de l’informatique sous la forme suivante dans la rubrique accès aux langages scientifiques (parmi 6 langages) :
« L’élève sait que les équipements informatiques utilisent une information codée et il est initié au fonctionnement, au processus et aux règles des langages informatiques ; il est capable de réaliser de petites applications utilisant des algorithmes simples. »
Cependant il nous faut revenir aux cinq domaines de formation proposés (et les lire en détail) pour s’apercevoir que les moyens numériques sont omniprésents en arrière-plan de toutes ces compétences dans notre société contemporaine. Le texte du Conseil est révélateur du phénomène sociétal actuellement en cours : le numérique est devenu réellement un « fait social total » pour reprendre l’expression de Marcel Mauss. Du coup, impossible de l’ignorer, d’y échapper, qu’on entre par la connaissance des langages ou par les outils pour apprendre ou encore l’observation et la compréhension du monde. Le focus que certains lobbyistes tentent de porter sur l’enseignement du code doit être situé à sa vraie place. Certains parlent de fondamentaux, d’autres d’enjeux industriel, d’autres encore de sciences… calmons le jeu. En 1985, on apprenait déjà la programmation aux élèves de BEP et de CAP, on a vu ce qu’il en est advenu. Certes il est un moment où la compréhension des formalismes sous-jacents aux technologies qui nous entourent est nécessaire, indispensable. Mais ce n’est pas d’abord au début. L’enseignement du logo, du basic, du pascal (qui s’en souvient encore) de même que les camps d’été du club méditerrané qui proposaient aussi de faire de la programmation ont fait long feu, et jamais cet enseignement n’a trouvé sa place. Cela ne signifie pas qu’il faille renoncer, mais qu’il faut absolument tenir compte de cette expérience passée pour construire le cadre à venir et éviter de retomber dans les pièges du morcellement disciplinaire mais aussi de l’absence de prise en compte de ce code.
Vers un « Socle de l’Agir Culturel »
La lecture de ce texte plus globalement nous amène à l’analyse suivante : il ne faut plus parler de socle de compétences et de connaissances, mais de « socle de l’agir culturel ». Pourquoi cette dénomination ? Parce que la lecture de ces propositions met en évidence d’abord le choix fait quant à ce qu’il est convenu d’appeler désormais culture, pour parler aussi de culture commune et ainsi de prendre le sens anthropologique de ce terme. De connaissances et de compétences, il n’en est pas réellement question, où plutôt en filigrane de cette liste de « savoir-agir culturel ». Par agir culturel, nous entendons donc un ensemble de principes pour l’action qui se fondent sur une culture commune. Autrement dit les auteurs de ce texte nous invite à développer des savoir-agir culturels dans toutes les situations éducatives qui invitent à développer des connaissances et des compétences. Il va de soi que le calendrier proposé va amener à une clarification sur ces deux dimensions et que les débats, rationnels ou non, seront nombreux.
Reste maintenant à conclure sur ce que fait donc le numérique à la culture. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. En s’insinuant dans toutes les parties de la vie, personnelle comme professionnelles l’ensemble des composantes du numérique qu’elles soient matérielles, techniques, informationnelles ou communicationnelles marquent notre environnement, notre relation à l’environnement et cela dans tous les compartiments de la vie. Il semble bien que ce projet de socle soit le témoin de cette évolution globale. Si dans un premier temps nous ne l’avions pas aussi nettement perçu, c’est que le socle (bien mal nommé désormais) a déjà embarqué avec lui un imaginaire collectif qui l’empêche d’exister dans les représentations et les actions des professionnels de l’éducation (regardons ce qui en a été fait depuis la refonte des programmes en 2008). Aujourd’hui, ce projet est fondateur d’une réflexion qui prend en compte le basculement définitif de notre société dans un monde envahit par le numérique. Encore faut-il que l’on ne tente pas d’instrumentaliser, à nouveau, le numérique, au service de projets qui méritent d’être critiqués sur leur valeur pédagogique et éducatives….
A suivre et à débattre
BD

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  1. […] "Les textes qui entourent le socle commun de connaissances et de compétences donnent une place au numérique et aux technologies et sciences qui y sont associées. Rappelons le, ce socle s’est inspiré, dans sa forme, du B2i créé en 2000, qu’il a d’ailleurs intégré en 2006 lors de sa création. On le sait le B2i n’a jamais trouvé sa place dans le paysage scolaire, pas plus, d’ailleurs que le socle commun qui pourtant, lui, fait consensus dans la classe politique. Au moment où des annonces sont faites autour du code, de la formation au numérique à l’école, rappelons ce qui fait consensus et soulevons quelques-uns des problèmes qui émergent pour cette rentrée scolaire."  […]

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