Éducation aux médias et téléphone portable : contradictions ou intérêts ?

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Entre ministres, les annonces vont bon train, mais les gares de départ et d’arrivée sont différentes
Ainsi La ministre de la culture va dans un sens : éducation aux médias, sensibiliser aux médias dans les écoles
Dans le même temps le ministre de l’éducation va dans l’autre sens : interdiction à géométrie variable du smartphone à l’école et au collège, avec changement de la loi…
D’un côté il faut éduquer en faisant, de l’autre interdire de faire est éducatif. Cette analyse caricaturale met en évidence la question plus profonde : Que peut l’école en matière d’éducation ?
Dans le cas de la culture, une évolution est sensible : réhabiliter la légitimité des professionnels du journalisme et donc la crédibilité des médias.
Dans le cas de l’éducation, une autre évolution est sensible : protéger les enfants des méfaits des usages actuels du smartphone et des réseaux sociaux. Mais dans ce cas, le ministre renvoie aux établissements le soin de choisir le degré d’interdiction.
On peut constater que les politiques sont pris entre deux visions : celle de la protection et celle de l’éducation. Afin de ne pas rompre son idée de « confiance » le ministre de l’éducation permet aux équipes de choisir leur positionnement. Il a semble-t-il entendu un état de fait que nous observons et expliquons depuis plusieurs années. Du côté de l’éducation aux médias, on reste largement sur notre faim… en effet il s’agit à nouveau d’aborder la question des « fausses nouvelles » (fake news) et de tenter de proposer des moyens (plateforme) pour permettre de mieux « discerner ».
Les deux ministres oublient, ou plutôt ne s’emparent pas vraiment d’une question plus fondamentale : que devient la culture à l’ère médiatique et numérique dans le monde adulte ? Pour le dire autrement, comment faire en sorte que l’ensemble de la population redevienne pilote de son devenir, en évitant que les moyens de communication d’influence (publicité, marketing cet…) ne neutralisent leur capacité à penser et à choisir. C’est ce paradoxe des réseaux sociaux commerciaux qui insèrent des publicités au coeur du fil info-communicationnel, à l’image des pages de publi-information des journaux, d’une part ils favorisent les échanges interpersonnels avec leurs dimensions affectives et intersubjectives et d’autre part y insèrent des messages publicitaires qui viennent percuter ces affects pour mieux entrer dans l’esprit de chacun….
Il est temps que l’éducation aux médias et aux smartphones s’en prennent aussi à la place donnée aux « messages d’influence » qui s’insèrent dans les usages du quotidien… mais là on touche à la poule aux œufs d’or…
A suivre et à débattre
BD
[cite]

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