Mais que faire du CNED ? Quand MRB fait sa pub !!!

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Dans le numéro 929 de ma revue 01NET du 13 au 26 mai, on découvre à la page 25 un « publi-communiqué » intitulé « le CNED au service de toutes les réussites depuis 80 ans ». Le chapô de l’article commence par le nom du directeur et le bas de l’article s’orne d’une photo de ce même directeur. L’ensemble de l’article est un hymne à l’opérateur et surtout à ses activités que les circonstances actuelles ont mis sous les feux des projecteurs.
Ce qui surprend dans cet article c’est :
1 – Pourquoi le CNED, opérateur public est-il obligé d’acheter des pages de publicité (sous la forme publi rédactionnelle qui tente de faire passer le contenu pour de l’information) dans des revues du type « informatique grand public spécialisé » ?
2 – Pourquoi le Directeur de cet opérateur se met-il « volontairement » en scène dans un article consacré à la structure qu’il dirige, en haut fonctionnaire qu’il est ?
3 – Pourquoi le contenu rédactionnel reproduit-il tous les stéréotypes que l’on connait sur l’enseignement à distance ?
4 – Pourquoi cet article tend à faire de l’opérateur un innovateur de l’EAD, alors que nombre de structures en France, publiques et privées (CNAM, Université, CNFPT, open Classroom, MOOCs…) le font depuis longtemps ?

Quant à la conclusion on peut s’interroger sur le sens de la dernière phrase : « Structurer l’enseignement et la formation, des domaines qui évoluent au gré des développements technologiques quels que soient les types de distance (géographique, temporelle, culturelle, linguistique…) c’est l’ambition même du CNED ». Outre qu’il a oublié de parler de distance sociale, cette conclusion est d’une étonnante banalité….

Alors que penser de ce publi-communiqué ?
– D’une part qu’on aurait préféré que le CNED soit plus transparent (comment il fonctionne réellement, avec qui et sur quelle ingénierie réelle) et que d’autre part l’article ne soit pas seulement l’occasion de parler de son directeur mais bien des personnels (nombreux) qui œuvrent dans l’ombre de cette institution parfois avec difficultés.
– On s’étonne aussi qu’il ne soit pas fait ici allusion à la revue Distances et Médiations des Savoirs, revue ancienne et de grande qualité (depuis 2001 pour sa première version) et pilotée par des chercheurs parmi les plus renommés sur le sujet. En effet cette revue portée par le CNED est au cœur même des sujets que travaille cet opérateur
– Que le ministre qui s’est initialement servi du CNED pour montrer ses muscles et laisser penser qu’il avait préparé l’incroyable confinement, renvoie l’ascenseur à cet opérateur dont les personnels ont fait face malgré toutes les difficultés qu’on avait bien évidemment prévues (saturation des premiers jours en particulier, phénomène bien connu en informatique).

Que JMB ait fait appel à MRB est un fait observable depuis plusieurs mois : contrat d’objectifs, réunion en janvier puis en mars. Que JMB tente de se glorifier de cela, avec l’appui du DGESCO, pour se montrer le meilleur élève des pays européens, est un peu court en regard de ce qui s’est réellement passé, chiffres à l’appui. Non le CNED ne pouvait pas tout. Non il n’était pas la seule solution. Oui il a su trouver sa place, mais pas sur d’abord sur son cœur de métier, mais sur sa plateforme de classe virtuelle qui finalement n’est qu’une des possibilités utilisables et utilisées. En effet l’opérateur technique sous-traitant a offert au CNED un outil suffisamment accessible. Par contre, il ne fait finalement que proposer aux enseignants de faire à distance ce qu’ils font en présence : un cours surtout magistral… ou au dialogue pas toujours aussi aisé qu’on peut le croire comme en ont attesté des enseignants. Quant aux ressources existantes dès avant le confinement généralisé les interrogations étaient posées dans un article de Libération : https://www.liberation.fr/checknews/2020/03/03/covid-19-et-ecoles-fermees-le-dispositif-d-enseignement-a-distance-est-il-efficace_1780279 .

En conclusion de cette lecture on constate un déficit d’image du CNED que le même MRB a déploré quand il a vu les uns et les autres s’exprimer sur le CNED. On constate qu’il a été un opérateur parmi d’autres car, qu’il le veuille ou non, il n’est pas l’alpha et l’oméga ni de l’enseignement à distance ni de la pédagogie. Mais surtout un organe national est dans l’impossibilité d’être en grande proximité avec les établissements scolaires et les enseignants, mais aussi les parents (certains témoignent depuis plusieurs années de la faiblesse du modèle pédagogique lorsqu’il est mis en continuité avec l’enseignement présentiel). Oui il y a eu de véritables et pertinentes utilisations des services du CNED. Mais l’analyse de ce qui vient de se passer doit amener à une refonte complète du projet du CNED si celui-ci entend être un acteur impliqué dans l’éducation nationale et non pas en bordure de celle-ci. Attention le modèle descendant de pilotage de l’institution est passé par là et le ministre qu’il le veuille ou non, va devoir changer son fusil d’épaule en matière de gouvernance. Encore faut-il que lui tout comme ses opérateurs, CNED, CANOPE ou encore Directions comme la DNE apprennent à écouter les acteurs du quotidien dans les salles de classe, à la maison, dans les établissements, dans les collectivités (qui ont aussi du travail à faire dans ce sens) …

A suivre et à débattre

BD

3 Commentaires

    • Denis Pansu sur 23 mai 2020 à 12:09
    • Répondre

    Encart publicitaire également publié dans Le Monde daté du 20 mai en page 3.

    1. Le voilà en vrai :
      Le CNED dans le Monde

    • Denis Pansu sur 23 mai 2020 à 12:12
    • Répondre

    « Mais surtout un organe national est dans l’impossibilité d’être en grande proximité avec les établissements scolaires et les enseignants, mais aussi les parents ».
    > j’ai cru comprendre qu’il y a une raison réglementaire à cette situation, à savoir que le CNED n’a pas le droit d’empiéter sur les plates-bandes de l’enseignement présentiel.
    Cela implique donc qu’il lui est interdit de faire du blended learning, ce qui en soit est certainement dommageable.
    C’est un effet de silo qui contraint le CNED à une posture intenable dans le futur qui devrait valider les logiques hybrides.

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