Pourra-t-on faire société demain ? Des livres qu’on pourrait lire !

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Dans le domaine des sciences de l’éducation, l’ouvrage d’entretien avec Harmut Rosa récemment traduit en français (en 2022 pour un écrit en allemand de 2016) « Pédagogie de la résonance » (Le Pommier 2022) devrait intéresser les éducateurs, les enseignants, mais aussi tous ceux et celles que le débat public ou privé intéresse. Car la résonance est au coeur des relations humaines et de la capacité à passer de la confrontation à la compréhension (au sens propre du terme : prendre avec). L’auteur de plusieurs ouvrages, dont en particulier un sur le thème de l’accélération, donne ici des clés pour aider le enseignants à comprendre pourquoi la résonance est un mécanisme essentiel de l’accès aux savoirs, aux apprentissages.

 

Dans le domaine de la sociologie des médias, le livre dense de Dominique Boullier « Propagations, un nouveau paradigme pour les sciences sociales » (Armand Colin 2023) nous permet de comprendre comment, ce qui « circule » entre les humains est au coeur de la vie sociale. L’auteur nous propose une « théorie sociale de la propagation » qu’il étaye de nombreux exemples et illustrations. Il s’appuie aussi sur ce qui a fondé en partie son parcours intellectuel : Callon, Latour, Akrich et leur théorie de l’acteur-réseau d’une part et Gabriel Tarde d’autre part. Ce qui est particulièrement intéressant, mais qu’il faudra approfondir dans une lecture attentive de ce texte difficile, c’est l’actualisation de la question de la « propagation » par le fait du numérique et des réseaux sociaux numériques. On peut commencer, justement, par des vidéos à propos de ce livre : https://youtu.be/6aIpDqFpsN4?list=RDCMUCjaCN9r_oyIgyUwY7wgACkA

 

Au-delà de l’informatique, c’est le pouvoir des algorithmes qu’interroge Arthur Grimonpont dans « Algocratie, Vivre libre à l’heure des algorithmes » (Editions domaines du possible 2022). Rejoignant indirectement le travail de Dominique Boullier, l’auteur interroge, lui aussi la place prise par les réseaux sociaux numériques dans la structuration de nos sociétés. L’auteur appelle à la construction d’une démocratie de l’information, projet qui suppose que l’on se défasse des dominations externes (vidéos courtes et autres) pour contrôler notre « attention » c’est à dire notre capacité à ne pas céder à la facilitation, à la facilité.

 

Dans un tout autre registre, Édouard Gentaz propose de questionner la place des émotions dans l’éducation. « Comment les émotions viennent aux enfants, Et pourquoi les compétences émotionnelles sont la clé de leur épanouissement et de leur réussite scolaire » (Nathan 2023). Dans cet ouvrage, chacun pourra identifier les situations vécues au cours desquelles se manifestent, s’expriment les émotions pour parvenir à les mettre au service du développement de l’enfant. Dans un monde largement numérisé, aborder la question de la gestion des émotions, c’est aussi envisager la personne dans es interactions avec le milieu, indépendamment des médiations instrumentales fournies principalement au travers des écrans.

 

Ces ouvrages s’inscrivent dans la même logique de responsabilisation. En effet, la question qui se trouve au coeur, en filigrane, est celle de la « possibilité de faire société ». Les évolutions actuelles, en particulier techniques (informatiques et mathématiques entre autres), mettent en place de nouvelles manières de « vivre ensemble » qui vont de plus en plus à l’encontre, en opposition à ce qui fait le ciment humain : la relation. Est-elle encore pilotable par la personne ou est-elle désormais externalisée ?

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