Quand on parle du B2i et des TIC : réalité ou rêve ?

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Le rapport d’activité 2006 et de projet 2007 de la DUI et SDTICE donne une part importante au dispositif B2i C2i. Pas moins de 43 occurences de l’acronyme B2i et 69 pour le C2i. Document important pour tenter de comprendre ce qui se passe en matière de TIC dans le système scolaire, il mérite d’être questionné à plusieurs reprises non seulement pour les propos tenus en eux-mêmes, mais aussi pour ce que les propos semblent traduire de la réalité actuelle.

Ainsi les chiffres du B2i donnés à la page 75 sont particulièrement parlants : En 2006 14,4% des élèves sortent avec une attestation B2i des collèges et 9,4% avec une attestation partielle. Pour cela 20,2% des enseignants participent activement au B2i. On ne peut qu’être surpris de tels chiffres si on les rapproche de ceux transmis dans toutes enquêtes menées précédemment que ce soit par le ministère de l’éducation (la DEP) ou ceux du Café Pédagogique. En effet ils sont notoirement inférieurs en 2006. Est-ce que les chiffres sont faux (actuels ou antérieurs) ? est-ce une baisse des pratiques ? Est-ce une nouvelle méthode de mesure ?

Comparons avec l’enquête Médiamétrie de novembre 2005 (28% délèves de 11 à 18 ans détenteurs du B2i), ou encore avec la présentation ministérielle de la même date au salon de l’éducation dans laquelle on peut lire 18% de sortant avec le B2i en collège et 13% avec une attestation partielle.pour 11,9% d’enseignants impliqués….

On peut lire dans le rapport de la DEP (Le fonctionnement du brevet informatique et internet au collège – printemps 2005) sur la mise en place du B2i les passages suivants :


« A la rentrée 2003, deux collèges publics sur trois avaient mis en place le brevet informatique et internet. ». On pourrait compléter à l’envie les comparaisons qui démontrent chacune la difficulté d’observer une telle réalité. Puis plus loin on lit encore : « Parmi les enseignants répondants, 27 % disent participer à la validation des compétences du B2i » (p.12 et 13)

Enfin le rapport de Mars 2007 sur la contribution des NT à la modernisation du système éducatif on peut aussi lire un tableau qui dit que 65% des enseignants ont utilisé l’ordinateur en classe au cours des 12 derniers mois (la france est 10 points en dessous de la moyenne européenne). A cela on pourra ajouter que le rapport de la partie Québecoise de lequête Mediappro n’arrange pas le paysage.

Quelle cacophonie !!!

Comment s’y retrouver dans tous ces chiffres et comment apprécier la réalité quand on s’aperçoit ces différences ?

Il semble que nous soyons au milieu du guè : d’une part les TIC s’intègrent de plus en plus dans les pratiques ordinaires et d’autre part l’école refuse d’envisager une validation de ce que les élèves maîtrisent.

Après une première tentative non consolidée de faire de l’informatique un enseignement validé (l’option est restée une option… souvent réservée à quelques uns, puis à disparue) l’idée de s’en tenir à valider des compétences TIC (B2i) n’a pas réussi (encore ?) à prendre place dans le système après 6 années de mise en place.

S’agit-il d’un échec ? S’agit-il d’une défiance ? S’agit-il d’une simple erreur de parcours ?

Non il s’agit simplement de l’émergence d’une question de fond symbolisée par les TIC mais bien présente dans toute cette littérature qui traine l’école dans le caniveau : le lien entre une société et son système éducatif est en train de se déliter (non ce n’est pas encore fait, mais beaucoup de ses détracteurs y contribuent soigneusement cherchant on ne sait quel but). Au moment où une culture nouvelle est en train de se construire sous nos yeux, nous refusons tous de voir notre école s’ouvrir à celle-ci en cantonnant tout ce qui interroge (projet, TIC, mondialisation etc…) à des places de strapontin qui donnent bonne conscience. Pour ce faire il est probable que le changement doit être beaucoup plus important que prévu. Nos amis Québecois n’y arrivent pas mieux… et pourtant ce n’est pas faute de moyens.

Si nous en revenons aux batailles des chiffres, il est amusant de noter dans le dernier rapport sur les TIC et la modernisation du système éducatif que les rapporteurs déclarent dès les premières pages que ce qui manque ce sont les évaluations valables (derrière les chiffres….). Ainsi l’Etat serait attent de cécité ou en tout cas d’un grave déficit visuel. Et pourtant il continue d’impulser des politiques éducatives sans se donner les moyens de voir ce qu’elles produisent. A moins que le monde éducatif ne soit particulièrement insaisissable… surtout pour ce qui concerne les TIC…

A suivre en tout cas…

BD

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