e halo communicationnel

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L’être humain est avant tout un être avec les autres. Les existentialistes ont souvent signalé la place de l’autre dans la construction de soi, allant, comme Jean Paul Sartre, à affirmer que « l’enfer c’est les autres ».
Le développement du potentiel interactif des technologies de l’information et de la communication et son usage très rapidement intégré, en particulier par les jeunes dans la gestion de leur univers relationnel s’inscrit dans cette dynamique communicationnelle.
Ce qui est intéressant à observer aujourd’hui c’est que de nombreuses personnes, et en particulier les jeunes, sont désormais en relation permanente avec leur environnement humain, au delà de la présence physique. Le vieux mythe de la solitude devant l’écran est probablement à remiser au profit d’une nouvelle forme de « présence à distance » selon le mot de G. Jacquinot.
A entendre la sonnerie des téléphones portables, à lire des SMS, à observer l’impatience de se connecter à la messagerie instantanée dès que l’on quitte se proches pour quelques temps, nous vivons désormais de plus en plus entourés d’un « halo communicationnel ».
La dimension relationnelle de l’identité humaine n’est pas nouvelle… loin s’en faut. Regardons l’histoire des sociétés et demandons aux ethnologues ce qu’ils voient et nous comprendrons que cette dimension est incontournable. Ce qui apparaît comme surprenant, depuis le développement de nouvelles technologies, c’est que la présence physique n’est plus indispensable. Le XXème siècle a permis le développement de ces possibilités nouvelles et le nouveau siècle a commencé avec cette nouvelle réalité.
Chacun de nous entretient dans son imaginaire et ses représentations mentales un ensemble de relations qu’il tente, chaque fois que cela lui semble opportun (besoin, désir, etc.) de matérialiser. Le développement des technologies de la « présence à distance » ont révélé une étape intermédiaire entre la présence et l’absence. La gestion de l’univers relationnel est désormais possible de manière presque constante (hormis pour les zones géographiques non desservies). L’apparition du halo communicationnel s’effectue désormais en tout lieu. Autrement dit chacun de nous peut se mettre en relation avec d’autres dès qu’il le souhaite ou dès qu’il accepte leur sollicitation.
L’exemple de l’école est illustratif : longtemps contrôlé comme « espace clos » finalisé par une institution et ses représentants, le lieu scolaire est désormais irrémédiablement accessible au halo communicationnel. Quelques exemples illustrent facilement ce fait, à commencer par la lecture de l’évolution des règlements intérieurs des établissements scolaires. Ces élèves qui téléphonent à la presse immédiatement parce qu’un morceau de plafond vient de s’écrouler dans un couloir à la grande surprise des responsables recevant les journalistes… voilà un autre exemple. Mais plus encore, les récits anecdotiques ou non de dialogues par SMS sur le téléphone au fond de la poche, ou de chat sur Internet au CDI ou pendant un cours sur ordinateur sont autant de témoignage que même dans le monde scolaire l’élève est entouré. Regardez un car d’élèves sur le parking d’une aire d’autoroute et vous observerez les même phénomènes.
L’Ecole se défend tant bien que mal de ce halo omniprésent, mais a bien du mal à lutter. Certains ont choisi désormais de s’appuyer sur ces pratiques pour prolonger leurs dispositifs d’enseignement (à quand les QCM en cours sur temps de classe… avec le téléphone portable ? Dans le cadre des apprentissages scolaires, mais en dehors des temps scolaires ce halo communicationnel continue d’être convoqué de manière régulière. Faire les devoirs à la maison peut-il se concevoir sans la messagerie instantanée pour échanger avec ses amis de classe ? On pourrait ainsi multiplier les exemples à l’infini tant les pratiques sont nombrueses. Ce qui est majeur dans cette évolution des pratiques c’est qu’elle est en train de construire un nouvel être au monde qu’il faut comprendre (com-prendre). Le système scolaire commence à percevoir ce mouvement en commençant, comme pour les blogs, par en repérer les mésusages et les réprimer…. D’aucuns nous rappellent qu’il faut probablement, comme pour les calculatrices il y a plus de vingt ans , repenser les apprentissages scolaires et plus généralement l’éducation dans un tel contexte. Cependant l’émergence de pratiques relationnelles aussi permanente oblige à repenser la gestion des lieux, de leur affectation, de leur mode d’emploi et les activités qui s’y tiennent. Travailler en groupe, partager, accompagner, s’entraider sont facilités et font partie d’une culture qui fait d’autant plus écho chez les jeunes et surtout les adolescents d’aujourd’hui que l’apprentissage de la relation à l’Autre est au coeur de la construction de l’identité adulte. L’observation de ces mêmes adultes, qui eux découvrent ces techniques, montre qu’ils ont eux aussi rapidement adopté ces attitudes, et c’est justement dans la gestion de leur relation éducative avec leurs enfants qu’ils en démontrent les pratiques les plus signifiantes. Il n’y a donc aucune raison pour que les jeunes ne renforcent pas progressivement ces pratiques, bravant même les interdits scolaires.
A suivre BD CEPEC

1 Commentaire

    • Bruno Devauchelle sur 2 mai 2008 à 13:12
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