Quelle évaluation à propos des B2i et C2i ?

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Or l’arrivée du B2i en 2000 au collège précédé par de nombreuses initiatives au lycée professionnel d’abord (1985) puis à l’école primaire (1995) a proposé une nouvelle forme d’évaluation basée non pas sur un niveau relatif à un groupe ou une norme jamais explicitée mais sur un ensemble de repères (compétences) relatifs à la tâche ou la situation. Mais chacun a pu observer qu’énoncer des compétences est simple mais les évaluer reste complexe : ainsi aucun critère ni indicateur n’a été clairement exprimé à propos des items du B2i (pas plus pour le socle, même dans les grilles références qui sont censées les préciser partiellement). Autrement dit pour un certain nombre de compétences, plusieurs enseignants réunis ne sont pas d’accord pour désigner à quelles preuves objectives (critères et indicateurs) on doit recourir pour valider la compétence.
Dans les interventions de formation que nous avons pu mener dans les établissements à propos du B2i ou du socle commun, on s’aperçoit que la remise en cause de l’approche par compétence vient justement du fait que l’absence de ces indicateurs introduit du doute sur la précision, la vérité et le coté incontestable de l’évaluation. Du coup les équipes reviennent promptement aux notes et leur trouvent des vertus dont une seule suffit à justifier les deux autres : les notes ne sont pas contestées. Un chef d’établissement disait l’autre jour qu’il avait trop d’élève pour un nombre de place limitées. Il se trouvait donc obligé de « sélectionner ». S’il utilisait la procédure « humaine » (quels élèves ont le meilleur « profil? ») il n’avait pas le même résultat que s’il utilisait la procédure « comptable » (quels élèves ont les meilleurs notes). Son arbitrage a été pour la deuxième procédure car, disait-il, les parents et les jeunes n’acceptent que celle-là comme argument. On voit ici que l’on a du chemin à faire pour parler d’orientation, de redoublement ou simplement d’évaluation.
Les TIC dans l’enseignement ont ceci de particulier qu’elles font apparaître de manière criante que le processus est au moins aussi important que le produit, et que de plus la dimension réfléxive (l’élève peut nommer ce qu’il fait et les choix qu’il fait pour résoudre son problème) est essentielle pour situer ce que les élèves ont acquis. Non le résultat seul ne peut être suffisant pour une évaluation. Et pourtant dans les universités comme dans les collèges, les B2i et C2i sont de plus en plus souvent évalués par épreuve et non pas observation en situation concrète, épreuve ou non.      .
Se présente alors un autre problème, dès lors que les équipes sont en accord sur l’idée de rendre compte des acquis des élèves plutôt que des notes : Faudrait-il évaluer tout le temps ? On se promènerait avec des grilles d’indicateurs à remplir constamment ? Du coup les situation d’épreuves sont préférées aux évaluation en situation, même en situation d’apprentissage. Et pourtant quand on assiste à des conseils de classe on entend souvent dire, de toute façon cet élève là quand on le voit travailler on sait bien qu’il maîtrise la compétence. Et pourtant on va aussi lui faire passer l’épreuve, quitte même à ce qu’il rate par fébrilité ou arbitraire de la situation d’épreuve. On connait de nombreux élèves que l’épreuve paralyse…
Le problème de l’évaluation des compétences en situation et pas seulement par épreuve c’est que cela est coûteux en temps. On entend d’ailleur souvent l’argument de l’impossibilité de finir le programme. Cet argument est utilisé par le fait pour repousser l’évaluation dans des épreuves qui sont totalement séparées de la phase d’apprentissage. L’argument complémentaire est de dire, mais il faut laisser aux élèves la liberté d’apprendre, sans craindre l’évaluation. Mais pourquoi l’évaluation doit-elle être crainte ? parce qu’elle est liée, dans notre culture à sanction (mot lui même connoté négativement le plus souvent). Si évaluer signifie aider à progresser dans l’apprentissage et non pas sanctionner la non maîtrise d’un niveau il est possible de changer les choses. Malheureusement les débats autour des B2i C2i et autres renforce l’idée que l’on est très loin de ce souhait qui prend de plus en plus la tournure d’une utopie…
La forme scolaire a ceci de formidable qu’elle permet de conforter les pratiques les plus discutables dans les faits parce qu’elle le sont le moins dans l’imaginaire collectif…
A débattre
BD

1 Commentaire

  1. je trouve cet article enrichissant et motivant pour certains établissements

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