La peur du plagiat

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La vague est en train de monter : il suffit pour s’en rendre compte de fréquenter ces adresses :

http://www.compilatio.net/

http://leplagiat.net/

http://www.er.uqam.ca/nobel/r30034/plagiat.html

http://www.cybervigie.com/magazine.php3?id=27

http://www.uottawa.ca/plagiat.pdf

Etude des termes

http://www.uottawa.ca/academic/arts/lettres/vanden/plagiat.htm

Pourquoi a-t-on peur du plagiat en ce moment ? Parce qu’il devient une réalité de plus en plus observable et repérable, du fait même des technologies disponibles. En effet, si la masse d’informations disponibles sur Internet, et surtout copiable, est devenu colossale, la possibilité de repérer ces copiages est aussi plus aisée, même si certains spécialistes du plagiat sont très habile. Ainsi à l’aide d’un bon moteur de recherche, on retrouvera facilement des phrases caractéristiques d’un texte remis par un auteur. Ainsi on pourra chercher si le plagiat est possible. L’extrème de cette idée de comparaison se fait par l’analyse des textes qui a permis de poser l’hypothèse du doute sur l’auteur réel des oeuvres signées par Molière.

Comme les idées circulent vite, qu’elles sont disponibles en tout temps et en tout lieu dès lors qu’elles sont sur Internet, il n’y a pas de raison que les plagiats, volontaires ou non, ne se multiplient pas. Et la tentation est grande pour l’auteur en mal d’inspiration d’emprunter aux autres, tout comme, paradoxalement, il est tentant de faire un procés à un auteur pour imitation (cf le procès intenté à l’auteur du Da Vinci Code).

Dans nos écoles et nos université, la question est d’autant plus inquiétante qu’elle remet en cause nos vieux principes d’évaluation : il faudrait peut être désormais enfermer les candidats dans une salle après avoir vérifié qu’aucune technologie ne soit à leur portée pour s’assurer de l’impossibilité de plagiat. Mais qu’en est-il pour toutes les sortes de mémoires ou autres… pourra-t-on se contenter de la lecture de l’opus suivi d’une soutenance orale ? Non désormais, il va falloir s’intéresser au processus qui a amené à cette production. Et cela est plutôt un bienfait. En effet comment imaginer que la seule remise d’un manuscrit de 300 pages suivi d’une soutenance de quelques heures puisse suffire pour attester des compétences d’un thésard ? De nombreux directeurs de mémoires, recherches ou thèses, nous affirmerons sans difficulté qu’ils y veillent. Mais de nombreux étudiants ou élèves vous démontreront le contraire…

Faut-il être inquiet du développement du plagiat ?

– Oui, mais c’est surtout parce que les TIC nous révèlent son ampleur qu’ils doivent nous inquiéter. Il était très présent auparavant, mais il était très difficile de le repérer.

– Non car cela va obliger à réfléchir à ce que signifie un « produit intellectuel fini » dont on veut évaluer la pertinence.

Le mythe qui s’écroule en ce moment est celui de « l’oeuvre finie ». L’exemple du film « le cauchemar de Darwin » est révélateur de cela. Il faut d’ailleurs saluer ici chercheurs et journalistes qui n’ont pas hésité à aller chercher derrière les apparences (fusse modestement comme le Monde daté de Samedi 4 mars). Ils ont fait oeuvre de qualité en amenant les parties prenantes à échanger (article de Libération du 1 mars) et à expliquer le processus d’élaboration d’un « produit fini ». Les enseignants vont désormais devoir de plus en plus souvent porter leur attention au processus d’élaboration des connaissances des élèves : sources, copie, reformulation… Le développement des usages des TIC va obliger à reprendre fondamentalement un certain nombre de dispositions d’enseignement et d’évaluation. La proximité entre le simple et le complexe est visible constamment sur les écrans de l’informatique. Or, comprendre, c’est être capable de passer du simple, le déchiffrage, au complexe, l’analyse critique et l’élaboration de nouvelles connaissances. Permettre à tous les jeunes d’une nation d’y parvenir relève d’un pari d’autant plus fou que les modes de régulation et d’évaluation de cette capacité sont encore loin d’être adaptées à cet environnement technologique.

A suivre et à débattre

BD

1 Commentaire

    • COUTURIER Bernadette sur 14 mars 2006 à 10:27
    • Répondre

    Bonjour,
    Je relève "Or, comprendre, c’est être capable de passer du simple, le déchiffrage, au complexe, l’analyse critique et l’élaboration de nouvelles connaissances."
    Et je précise :
    Comprendre, ce ne serait pas non plus passer du complexe au simple ? Décrypter pour aider une majorité à assimiler et éventuellement entendre la voix des minorités. La compréhension est à mon avis pleine de sens (avoué ou caché) que seule une réflexion approfondie amène à la lueur d’un jour (dont il m’est impossible pour le moment de trouver un qualificatif, car meilleur me semble abusif pour l’instant). Et si on parle de meilleur c’est que l’on se réfère à un moins bon et porter un jugement de valeur n’est pas aussi simple que l’on pourrait l’imaginer…
    Bernadette COUTURIER

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