Veille et analyse, partage, approche critique

Bloquer, contrôler : non ! accompagner : oui

Rendons hommage à ce billet de Mario Asselin : http://carnets.opossum.ca/mario/archives/2009/10/commission_scolaire_filtre_internet_blocage_web20.html
En abordant de manière positive la question du blocage par les responsables de l’enseignement de certaines fonctionnalités proposées sur le web, Mario Asselin s’inscrit dans une tradition de contributions de blogueurs que j’appelle à voir se multiplier de plus en plus dans le monde de l’enseignement et celui de l’éducation. Plutôt que de s’en tenir à des critiques (comme moi même j’ai pu le faire sur un sujet proche il y a quelques temps ici http://www.brunodevauchelle.com/blog/?p=37 et là http://www.brunodevauchelle.com/blog/?p=59 ) Mario nous propose ici des réponses fondées et constructives et des pistes pour agir.
Pour apporter ma contribution à cet exercice et dans la continuité de précédents billets, je voudrai d’abord interroger la double identité des personnels qui enseignent : enseignant et adulte/parent. L’enseignant, pris dans sa seule logique professionnelle, est souvent contraint par une organisation qui lui laisse peu d’initiative, s’il ne s’affranchit pas de certains carcans. En tant qu’adulte, il profite largement des potentialités des TIC puisqu’il a appartient aux segments de population les plus équipés (cf la dernière enquête sur les pratiques culturelles des français publié par le ministère de la culture : http://www.culture.gouv.fr/mcc/Actualites/A-la-une/Les-pratiques-culturelles-des-Francais-a-l-ere-numerique-enquete-exclusive)
Dans un tel contexte il est urgent de favoriser le transfert des pratiques personnelles aux pratiques professionnelles. Nous avions déjà souligné la nécessité de laisser des espaces d’autonomie aux enseignants pour de nouvelles pratiques. Ici il s’agirait simplement, comme le dit Mario, de favoriser l’accompagnement des élèves dans l’approche de ces usages.
Ensuite je veux interroger à nouveau le pouvoir des techniciens et aussi l’argument du principe de précaution. Les techniciens qui s’occupent des réseaux de nos établissements ont été légitimement formés à la sécurité et à leur responsabilité légale. Sachant que leur relation avec leur hiérarchie est souvent paradoxale : je dois agir conformément aux règles que quelqu’un qui, la plupart du temps n’y connait rien, édicte. Le mieux est que je lui donne la bonne règle alors ils se « soumettra » à mon avis. Mais il y a une autre solution : former les responsables. Et cela est aussi de la responsabilité du technicien en milieu éducatif qui, voyant la méconnaissance de son supérieur,  devra lui permettre de comprendre le sens de ses actions et non pas seulement entériner ses décisions de technicien par méconnaissance. Quand un chef d’établissement ne dispose même pas des codes d’accès et des mots de passe des outils qu’il est censé diriger… dans l’établissement, quand il ne comprend pas de quoi il s’agit, on peut penser que l’abus de position dominante s’inverse. Le technicien a tout à gagner à être formateur de ces responsables. Encore faut-il que sa place soit aussi clairement définie et légitimée dans l’organisation globale de l’établissement scolaire.
Si l’on postule que l’on ne peut éduquer dans un milieu aseptisé, coupé du monde réel, (Dewey, Freney etc… le pensent) alors il est nécessaire d’ouvrir les portes du web à l’intérieur de l’école. Pour l’enseignant parfois déstabilisé par l’habileté de ses élèves, le réflexe sécuritaire est rassurant. Alors que confiance, respect et accompagnement sont à la base de nombreuses pédagogies, ce réflexe va à l’encontre de ces valeurs. Pour pouvoir les mettre en œuvre dans la classe, certains enseignants ont besoin d’une meilleure maîtrise technique, d’autre d’une meilleure maîtrise de la conduite des groupes, d’autres d’une meilleure connaissance des stratégies pédagogiques possible, et bien évidemment aussi d’une assurance didactique surtout pour ceux qui ont les TIC comme support/instrument des objets d’apprentissage. Cet ensemble est souvent mis de coté s’agissant des technologies. Certes en France le C2imétiers de l’enseignement devrait y parvenir. Malheureusement les échos actuels sur sa mise en œuvre réelle sont loin d’être rassurants : les responsables de la formation ont encore du chemin à parcourir.
Le rôle des responsables et « animateurs » dans les établissements scolaires est essentiel. Amener progressivement les enseignants à se sentir à l’aise dans ce contexte est essentiel. L’argument technique peut vite tomber, mais il est malheureusement encore récurrent : pannes et sécurité doivent être travaillés. L’argument du programme est souvent celui qui exclue de l’établissement la possibilité de résoudre le problème. Pourtant une analyse d’une année scolaire globale permet parfois d’y remédier par la réorganisation du temps et des activités des élèves. Mais c’est surtout dans l’affranchissement du souci de perfectionnisme qu’il faut favoriser. Si j’ai vu tous les programmes les élèves ne seront pas pénalisés ensuite. On le sait, ce raisonnement ne tient que pour une petite minorité d’élèves, et encore… quand on regarde les modalités d’évaluation terminales, on peut se faire du souci.
Rassurer les enseignants semble être aujourd’hui la tâche essentielle si l’on veut que les TIC soient davantage présents de manière ordinaire dans les classes. On le constate, de nombreux obstacles réels et imaginaires se dressent face à un tel souhait. Montrer les bonnes pratiques ne permet pas cela, on le sait depuis longtemps, même si cela peut donner des idées. C’est surtout dans le cadre que va proposer l’établissement qu’il sera davanatge possible de permettre aux enseignants de véritablement accompagner les élèves…
A suivre et à débattre
BD