Veille et analyse, partage, approche critique

Technique contre pédagogie

Ils sont de plus en plus nombreux à s’en plaindre dans les établissements scolaires : l’accessibilité des TIC n’est pas adaptée aux besoins pédagogiques et didactiques !

Listons quelques une de ces remarques sans préjuger de l’ordre d’importance de ces remarques :

– Aller dans une salle informatique pose des problèmes de réservation, de déplacement

– Les salles informatiques ne sont pas adaptées pour permettre aux élèves de prendre des notes ou de travailler à plusieurs sur un même poste ou encore de ne pas travailler tout le temps avec les ordinateurs

– L’enseignant ne peut pas circuler dans la salle informatique

– Les logiciels de supervisions de salles informatiques créent plus de problème à l’enseignant qu’ils ne l’aident

– Beaucoup de fonctionnalités sont bloquées, (son en streaming, vidéo, chat, blogs, wiki, etc…) pour des raisons de sécurité ou supprimées (clés USB, micro casque etc..)

– Les procédures pour installer de nouveaux logiciels sont bloquées par les administrateurs réseaux

– l’accès à Internet est aléatoire, et de plus le filtrage installé est bloque toujours des sites intéressants et non dangeureux

– Il y a toujours au moins 10% des appareils en panne dans la salle

– Le technicien qui intervient s’énerve vite dès qu’on lui demande de la souplesse

– Les techniciens critiquent les enseignants qui n’y connaissent rien et s’érigent parfois en policier donneur de leçons pédagogiques…

– L’imprimante partagée n’est pas toujours fontionnelle, comme le réseau…

– …

Cette litanie de remarques repose sur une série de constats variés et accumulés ici en une seule fois. Et quand on se demande pourquoi un grand nombre d’enseignants refusent d’intégrer les TIC dans leur pratique avec les élèves, on commence à comprendre qu’il y a aussi quelques obstacles du coté des techniciens… Ce qui est inquiétant c’est que l’on veut transposer les règles d’organisation des systèmes informatiques des entreprises dans l’école tel quel, sans se poser quelques questions élémentaires, comme celles que l’on se pose d’ailleurs rapidement dans l’entreprise : qui est au service de qui ? qui doit s’adapter à qui ?

Rappelons le avec fermeté : l’informatique scolaire doit être au service de l’enseignement et des apprentissages. On est en train d’observer une dérive inquiétante (et les ENT semblent aller dans ce sens) qui consiste à ce que les techniciens conçoivent des systèmes sans s’occuper des usagers réels, mais en se concevant eux mêmes comme les usagers idéaux. Non l’usager normal n’est pas un super technicen, et il ne faut pas qu’il le devienne. Or nombre de techniciens sans s’en rendre compte (à moins que…) posent de telles contraintes d’usage que seul lui même s’y retrouve dans le fonctionnement. Il est sur que le jour de la porte ouverte c’est bien… de montrer des ordinateurs et de parler sécurité, mais quand le lendemain de cette journée les enseignants ne peuvent utiliser pédagogiquement ces matériels pour réaliser des activités d’apprentissage, on se demande quelle en est la pertinence.

On explique ainsi de mieux en mieux l’impossibilité du passage d’une pratique personnelle à une pratique professionnelle : l’ensemble des contraintes techniques, dont on reconnaît l’importance dans certains cas, au lieu de rassurer empêche l’action. Si le responsable informatique ne veut pas d’ennui avec le matériel, le plus simple c’est que personne ne l’utilise…

Ce billet de « mauvaise humeur » ne veut pas faire un procés sommaire, mais invite, à l’instar de plusieurs collègues qui se sont exprimés dans plusieurs pays sur ce sujet, à tire la sonnette d’alarme. De nombreuses entreprises ont fait les frais de cette dérive, l’école s’y expose en ce moment. Il est nécessaire que les responsables imposent la logique de l’utilisation face à la logique techique et qu’ils mettent cette dernière au service des enseignements… au risque de voir l’école passer à coté des TIC, et cette fois pas par la résistance des enseignants, mais de ceux-là même qui ont la charge de faire fonctionner ces TIC… Seraient-ils de mauvais pédagogues ???

A débattre

BD