Le e-portfolio fait-il peur aux Français ?

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Au vu du petit nombre de français présents à la première conférence francophone sur le e-portfolio qui se tient en ce moment à Québec, on peut se poser quelques questions. Les rencontres passionnantes qui se tiennent en ce moment au coeur de la ville de Québec rassemblent plus de 200 personnes dont au moins une centaine sont impliqués directement dans des actions ou des recherches autour du e-porfolio.

Co-organisé par Eifel et le ministère de l’éducation du Québec, cet évènement met en évidence l’importance grandissante que prend le e-portfolio dans le domaine de l’éducation, de la formation et aussi tout au long de la vie. Très largement reconnu dans les pays anglosaxons et au Québec le e-portfolio a encore du mal à entrer dans les logiques françaises comme en témoigne l’absence totale de représentant officiel du ministère français de l’éducation. Les quelques français présents dans les ateliers et conférences peuvent mesurer combien les enjeux sont importants, même si de nombreuses questions demeurent et font l’objet de ces rencontres.

Une première journée de pré-congrès, Lundi a permis aux participants de découvrir les e-portfolio et leur mise en pratique. Un groupe de néophyte s’est attelé à comprendre la démarche à partir d’une mise en pratique personnelle et des témoignages d’acteurs impliqués comme Mario Asselin d’Opossum (présentation en ligne http://carnets.opossum.ca/mario/archives/Pres-eP_Quebec_avril06-v1.pdf). Le deuxième groupe a vécu une grande journée, tant l’intensité des échanges et la valeur des intervenants a permis d’aller au fond des choses. Retenons principalement de cet atelier que la question de la normalisation est fondamental pour l’avenir des pratiques sur le web. Si l’on veut avoir un portfolio numérique pour la vie, la question de « l’interopérabilité » sera centrale. Comment mes données peuvent me suivre au travers de mes différents espace de vie (personnels, professionnels) de temps (jeune à l’école, en cours d evie professionnelle) et de lieu (dans le monde entier) ? S’ajoute à cette question de la circulation de mes données et des nécessaires questions d’identification sécurisée (comment puis-je ne pas avoir à laisser trainer mes most de passes sur le web) le problème de la communication entre toutes mes activités sur le web. La présentation du produit libre elgg (http://www.elgg.net) a mis en évidence les potentiels d’échange entre mes activités et dans mes communautés à partir de deux standards (et non de normes) RSS et FOAF. On a vu là un produit dont beaucoup de jeunes pourront s’emparer pour continuer à développer leur potentiel espace de vie sur le web dans les années à venir, sorte de e-portfolio potentiel, encore à affiner.

La deuxième journée, dans laquelle l’ensemble des congressistes était rassemblés a permis à Serge Ravet d’Eifel de faire un état des lieux et de clarifier les termes et les enjeux actuels du e-portolio. On a pu noter que les communautés européennes font de gros efforts dans ce sens, tandis que la France reste très frileuse.

Pierre Lévy, bien connu en France et désormais à Ottawa a présenté une tentative de création de « grammaire du sens » pour analyser et classer l’ensemble des contenus web de manière automatique. Ce projet (IEML) vise à « fonder une architecture de l’information numérique qui intègre la complexité du sens ». La démonstration, certes brillante, n’a pas forcément convaincu une bonne partie des participants, soit par la complexité du propos, soit par difficulté de l’orateur, vu le contenu, à faire passer le lien entre l’intention et les matrices compliquées qu’il a présenté. La sensation de malaise est peut-être venue chez certains de cette impression de tentative d’encadrement du discours dans des cases et des tableaux, déshumanisants… L’après midi de mardi à donné lieu à quatre atéliers qui ont permis, comme ceux qui suivront ce mercredi, de faire un état des lieux des pratiques en France comme au Québec, ou en Suisse. Au vu de l’ensemble des contributions, on peut voir que quelques français sont en chemin comme le montre le proegramme disponible à l’adresse http://www.eportfolioquebec2006.org/.

La fin de la journée de mardi a donné lieu à une table ronde …le portfolio numérique de « Big Brother » qui a mis en évidence la nécessaire vigilance des organisateurs et celle de nombre de participants sur la question du respect des individus dans une société numérisée. Faisant écho à l’intitulé de ces rencontres « Pour une technologie au service de la valorisation de la personne » cette table ronde a permis d’envisager la question du respect sous plusieurs aspects. Si la vigilance doit être grande (one ne peut tout surveiller), il ne faut pas négliger l’importance de la circulation fluide de l’information. Cet équilibre entre les deux dans une société mutualisée suppose une très grande vigilance citoyenne. Celle-ci est présente dans les comités de normalisation qui travaillent systématiquement avec des usagers (même les plus démunis), même si la tendance technocentriste doit être en permanence défiée dans ce genre de lieux. Saluons les organisateurs (Serge Ravet d’Eifel et Robert Bibeau du ministère de l’éducation au Québec) d’avoir su mettre en place cette table ronde, signe évident d’une conscience aigüe du problème.

Le décalage horaire avec la France fait que ce billet paraîtra avec 24 heures de retard. Le compte rendu des ateliers de Mercredi sera fait ensuite.

Le cadre prestigieux de ces rencontres (le Chateau Frontenac à Québec) a permis aux participants de finir la soirée de mardi, après un cocktail offert par des partenaires commerciaux, autour d’une excellent table animée par des musiciens (jazz et traditionnel) qui ont su, avec tact et humour faire passer à tous un bon moment. Même si autour des tables on a beaucoup parlé Caribou et Orignal, on a aussi beaucoup échangé à propos de la logique compétence en éducation et de l’intérêt du e-portfolio. Car de telles moments c’est aussi l’occasion de rencontres nouvelles et multiculturelles très enrichissantes.

A suivre

BD

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