Une télévision pour l'éducation

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Projet initié par la ville de Lyon en 1991, Cap Canal est bientôt adulte. Ce n’est pas une télévision éducative, mais une télévision pour l’éducation. La nuance peut sembler futile, mais elle est importante tant elle marque une différence fondamentale par rapport aux prétentions éducatives que certains pourraient lui prêter. Désormais son responsable pédagogique est Philippe Meirieu qui présente ainsi cette chaîne sur le site Internet : « Cap Canal fait le pari d’en faire un formidable moyen d’éducation pour tous les publics – En éduquant à l’image grâce à des programmes de qualité dans des formes cinématographiques variées, – En éduquant avec l’image par sa programmation organisée sur un mode thématique, – En réfléchissant sur les questions essentielles de société que sont les questions éducatives avec l’ensemble des acteurs concernés. »

Récemment j’ai assisté à la présentation dans un lycée d’un film réalisé sur les délégués dans cet établissement. Question d’éthique, si l’on fait un film dans un espace social, on restitue à ses acteurs la production et on la met en débat. Cette soirée (Lycée François Mauriac à Andrezieu Bouthéon)a permis de montrer l’intérêt mais aussi les limites de cet exercice. L’intérêt est réel chez les personnes impliquées dans l’établissements car ce film leur donne à voir sur eux-mêmes. Au risque de la complaisance, l’empathie est une base de travail comme l’a expliqué la réalisatrice ce qui a amené les personnels et élèves présents à « s’y retrouver ». Limites aussi car le sujet méritait surement qu’il y ait des « prolongations ». Comment cinq jours de tournage peuvent permettre de rendre compte d’une année scolaire (surtout qu’ils ne s’étalaient pas au delà du mois de décembre). Le genre télévisuel oblige à des contorsions techniques et esthétiques que la dimension financière rend encore plus présente.

Au delà de cette projection, ce qui est ici intéressant ce sont les prolongations possibles de ce genre de télévision qui pour l’instant « n’a pas trouvé de marché » et se trouve contrainte d’être soutenue par les pouvoirs publics ici plusieurs communautés urbaines. – En premier lieu les émissions sont autant d’outils de formation au service de la communauté enseignante et que l’on peut se procurer soit en prêt soit à l’achat. – Ensuite c’est le site Internet qui permet, outre un abonnement à une lettre d’information, le visionnement des certaines des émissions diffusées « à la demande », ici cela signifie qu’il suffit de se connecter pour accéder aux vidéos. – Enfin certaines émissions peuvent permettre d’engager des débats, des échanges au delà de la seule communauté de l’enseignement et donc plus largement sur la place de l’éducation dans la société

On regrettera que pour l’instant seuls quelques réseaux cablés (donc à diffusion restreinte) diffusent cette chaîne (10 heures en semaines, 5 heures le week-end). Il faut donc se replier sur Internet si l’on est loin, ce qui n’est pas si mal. Malheureusement le site Internet mériterait une évolution vers ce que l’on appelle le web social (web 2.0) qu’il n’a pas encore. En effet, l’évolution actuelle de la vidéo et des échanges sur Internet permettent d’envisager de nouvelles formes « d’intervention sociale » qui seraient un bon prolongement de l’action actuelle. Il est vrai que les choix professionnels faits par la chaîne risqueraient de se retrouver en face d’une production « occasionnelle » dont la qualité serait très différente. A moins qu’en ne jouant la continuité et en appelant à de nouvelles formes de participation cela permette d’engager de nouvelles dynamiques autour des questions d’éducation. On me rétorquera que tout cela a un coût, certes mais pour quel objectif ? L’éducation (et pas seulement le scolaire), en France, mais aussi au delà, a besoin de ces nouvelles dynamiques que l’on voit émerger sur Internet et qui ne sont pas sans poser question… surtout lorsqu’elles sont marquées par des idéologies, voire des croyances, qui se prévalent de certaines valeurs qui sont pour le moins discutables… à défait d’être fortement critiquables, voire condamnables…

Allez au moins sur le site de Cap Canal pour vous rendre compte : http://www.capcanal.com/capcanal

A suivre et à débattre

Bruno Devauchelle

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