Robien chez Ruquier

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L’arrivée d’un ministre à la télévision est toujours un moment important. Pour une fois le ministre de l’éducation qui le matin même venait d’argumenter « scientifiquement » son point de vue sur la lecture et les méthodes pour l’enseigner vient le soir même faire l’article dans une émission humoristique populaire : On a tout essayé de Ruquier et sa bande.

Au delà des propos du ministres qui sont plus modérés qu’on n’a pu le lire précédemment en particulier lors de sa prise de parole devant l’assemblée, on peut observer que l’important désormais, pour le ministre, est d’articuler communication de fond (dossier de presse et discours) et communication médiatique (émission populaire et humoristique de fin de journée).

On peut faire plusieurs hypothèses à cette attitude :

– Le ministre souhaite s’adresser à tous sans exception et faire passer sa parole auprès de tous les publics (ceux qui regardent les émissions humoristiques plutôt que les informations)

– Le ministre tente d’amadouer le grand public car la charge des spécialistes de la question l’avait sérieusement mis en cause dans ses arguments

– Le ministre pense que la politique doit se faire dans tous les salons, même ceux dans lesquels elle n’est pas l’objet

– Le ministre pense que la nation est trop bête (cf la fabrique de crétins) et qu’il faut lui parler dans les émissions qu’elle arrive encore à comprendre…

Bref on peut chercher de nombreuses hypothèses, en tout cas le service communication a fait son travail…

Reste cependant une interrogation de fond : pourquoi le ministre a-t-il besoin d’aller dans cette arêne pour défendre son propos ?

Une inquiétude sourd pourtant derrière cette attitude : le pouvoir politique chercherait-il dans le populisme un nouveau souffle en France, au moment où il est de plus en plus décrédibilisé. En tout cas les enseignants vont apprécier de recevoir les parents d’élèves qui fort de cette sortie du ministre vont venir demander des comptes à l’école si leurs enfants ne savent pas lire. Le ministre à en particulier déclaré qu’il pensait que sa circulaire permettrait de faire passer le nombre d’illettré en 6è de 20% (d’où vient ce chiffre ?) à 5%. Attendons maintenant les effets réels de cette circulaire et donnons rendez vous à tous dans quelques années… le ministre prend là un gros risque.

A suivre et à débattre, et pas forcément à la télévision…

BD

2 Commentaires

  1. Ce qui me gène le plus dans la présence des hommes politiques dans les émissions de divertissement-racollage, c’est qu’ils sont souvent invités sans contradicteurs sérieux. Or ce serait la moindre des choses que de permettre la contradiction. Déjà qu’ils se font un bon coup de promo en passant à la TV. En plus personne n’est là pour leur opposer un discours consistant. Il me semble que c’est là le minimum à concéder à la rigueur intellectuelle et à la déontologie médiatique.

  2. Attendons maintenant les effets réels de cette circulaire et donnons rendez vous à tous dans quelques années… le ministre prend là un gros risque. BD

    Quel risque M. le ministre prend-il ?
    Aucun à mon sens.
    Le populisme, c’est la politique à (très) court terme : gagner les prochaines élections, quitte à aller chercher des voix nauséabondes. A ce jeu là, tous les coups sont permis. Et ce que deviendront nos chers têtes blondes, surtout celles de la France d’en bas, n’a strictement aucune importance. De toute façon, il existera toujours des écoles recommandables pour nos "élites". On ne se mélange pas…

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