Geneviève Jacquinot-Delaunay nous a quittés

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Au moment où ces lignes sont déposées sur Internet, sa famille, ses proches, ses amis, sont rassemblés pour un dernier temps de recueillement à Paris. Ces quelques lignes, bien que personnelles, sont, pour moi, l’occasion de saluer la chance que j’ai eue d’être accepté en DEA (à l’époque en 1993) dans son séminaire et ses cours à Paris 8, puis en thèse, au sein du « Groupe de Recherche sur les Apprentissages, les Médias et l’Education » (GRAME).
Par ces quelques lignes, je voudrai souligner un cheminement qu’a pu me permettre Geneviève. Difficile, exigeant, parfois même douloureux, le chemin du thésard, surtout lorsqu’il est en activité professionnelle, est compliqué. Et c’est justement la force de la formation du doctorant que de l’amener à comprendre, à s’approprier la posture de recherche, celle qui amène à la construction des « objets de savoir ». Mais pour ce faire, il y a un dialogue entre le doctorant et la directrice de thèse (pour moi) qui est fait d’une permanente confrontation débouchant sur une progressive transformation. S’il ne s’agit pas de renoncer à une posture antérieure pour aller vers une nouvelle posture (de chercheur) mais au contraire de bien situer les deux pour mieux les articuler. Geneviève m’a permis de surmonter ces difficultés, non sans un travail très approfondi et incessant de sa part. Lorsque je relis les brouillons corrigés qu’elle me retournait chaque envoi de mon travail, je mesure combien ce travail était précis, rugueux et exigeant.
L’importance que Geneviève Jacquinot Delaunay accordait à ses étudiants était liée à sa passion pour la pédagogie, l’enseignement, la transmission. Mais c’est aussi sa passion commune pour les médias et l’éducation qui l’a amenée à porter au-devant de la réflexion scientifique nombre de questions essentielles, comme, en particulier, sur ces dernières années à propos de l’enseignement à distance. Ce qui est, à mes yeux, le plus significatif c’est surtout cette attention à l’humain qui interagit. Dès le début de Vincennes (avant que ce ne devienne Paris 8) elle a porté d’abord le souci de ceux qui apprennent et qui, souvent sont en reprise d’étude. C’est dans ces interactions humaines qu’elle tenait bien sûr à distinguer de l’interactivité machinique, qu’elle nous invitait à prendre de la distance par rapport aux artefacts pour nous inviter à une réflexion dispositive (cf. le numéro de la revue Hermès qui est consacré au concept).
Grace à Geneviève, j’ai pu aussi rencontrer, entendre, apprendre, ses amis chercheurs, acteurs de ces évolutions dont elle savait repérer la pertinence des travaux et nous les faire partager. Car c’est aussi ça la communauté scientifique et plus largement d’intérêt : un réseau humain, bien plus fort qu’un réseau technologique. Un réseau qui fait vivre de belles relations, de belles connivences, de beaux moments de vie. Elle savait nous le faire partager, elle souhaitait aussi que nous poursuivions nos chemins dans cette même éthique, cette même responsabilité, face au monde tel qu’il va, avec ses technologies, telles qu’elles sont, dans une humanité, telle que nous voudrions qu’elle soit
Merci Geneviève

1 Commentaire

    • Roudeix Jean-Pierre sur 27 décembre 2014 à 15:07
    • Répondre

    Je ne l’avais que très peu côtoyée mais elle était une référence pour un formateur en audiovisuel et membre du Clemi.
    Moi aussi je dis merci Geneviève

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