Egalité des chances et TIC

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La relance de la question de l’égalité des chances (J.L. Borloo, site du premier ministre) rejoint celle de la fracture numérique (J.Chirac, in Canard Enchaîné) récemment réactualisée.

Annoncé ainsi « Ce projet de loi a pour objet de mettre fin aux situations d’inégalité des chances et aux discriminations dont sont victimes les populations des quartiers difficiles, particulièrement les jeunes » la question de l’égalité des chances mérite d’être envisagée du coté des TIC afin de tenter de comprendre ce que toutes ces annonces peuvent signifier.

Reprenons les propos de 1985 à propos de l’Informatique Pour Tous (IPT) et reprenons les propos de 1997 (PAGSI) et bien d’autres encore pour se rendre compte que, au moins pour ce qui est de l’informatique et des TIC, on se demande pourquoi tant de discours et tant d’inefficacité. C’est comme si toutes ces volontés exprimées se heurtaient à une opposition secrète, invisible qui empêche tout projet politique d’aboutir.

On peut accuser l’effet d’annonce, mais cela est insuffisant car de nombreux exemples montrent que même suivi d’action il y a de la résistance aux projets politiques. C’est un peu comme pour la lecture, la question qui se pose est de savoir si dans notre société il ne reste pas perpétuellement une proportion non négligeable (20%) de laissés pour compte quelque soit les projets et la volonté.

Il me semble que l’on peut prendre en exemple les expériences du cartable électronique des Landes ou encore du projet Ordina13 des Bouches du Rhône pour illustrer cet écart. Dans ces deux départements une volonté s’est traduite en acte. les élèves et les enseignants ont des ordinateurs équipés et qui fonctionnent, je vous épargne les détails. Dans ces deux départements de nombreux moyens humains ont été mis en place pour accompagner les matériels. Et pourtant même dans ces départements les 20% (au moins) continuent d’exister. Comme si un nombre non négligeable de personnes « s’autorisaient » à empêcher tout projet d’aller à son terme complètement. L’exemple du B2i est aussi admirable dans le genre. A l’opposé, puisque sans moyen et sans contrainte, contrairement aux expériences précédemment citées, il a permis de faire monter le taux de résistance à 60%.

A travers ce tableau volontairement racourci et provocateur, je me demande si chacun de nous n’est pas un peu complice de cet effet d’annonce qui amène nos politiques à en user et à en abuser. regardons chacun notre vie quotidienne et demandons nous si nous sommes capables de faire réellement ce que l’on déclare publiquement. Demandons nous si tous les logiciels que nous utilisons font réellement l’objet d’une licence légale, si toutes les copies que nous faisons sont vraigales. Demandons nous dans un autre registre si nous respectons réellement les limitations de vitesse quand il n’y a pas de radar en vue ??? Autrement dit la récurrence des annonces des politiques, comme on le voit avec les TIC, serait une sorte de jeu dialectique entre les politiques et la population : « je vous annonce beaucoup parce que je sais que, même si je vous en donne réellement les moyens et la consigne, vous n’en ferez pas la totalité ». Comment lire autrement les appels à l’incivilité, voir au refus d’appliquer des règles qui ont été adoptées légalement ?

Lutter pour l’égalité des chances et plus précisément pour supprimer la fracture numérique suppose que d’une part on accepte de réfléchir réellement à ce que l’on veut faire et que d’autre part on accepte d’essayer même ce que l’on a pas soi-même choisi de faire. Mais là il est question de personne et d’engagement personnel et l’on touche à un tabou. Serions réellement entré dans « l’ère du je » comme le suggère l’émission « rue des entrepreneurs » de Samedi 7 Janvier (encore audible sur le podcast de radiofrance jusqu’au 14 Janvier)

A débattre

BD

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