Les TIC : c'est en plus du reste, à lire absolument !!!

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Dominique Raulin (ancien secrétaire général de feu le CNP) livre un ouvrage très intéressant intitulé « les programmes scolaires. Des disciplines souveraines au socle commun » (Retz 2006). Il serait intéressant qu’il soit lu par le plus grand nombre d’enseignants et de responsables dans le système éducatif. En effet le travail de relecture de 15 années et la mise en perspective vers le socle commun permettent de donner à comprendre les enjeux réels de l’action sur les programmes scolaires. En d’autre termes on peut induire cette question : les programmes scolaires ont ils réellement une influence sur l’enseignement

Il est hors de ce propos d’aller plus loin dans l’analyse de cet ouvrage sur le fond. Par contre c’est à partir d’un étonnement qu’il apparaît nécessaire de se questionner : pourquoi l’auteur n’évoque à aucun moment le B2i et sont mode de mise en place ? Pourtant la question des TIC est évoquée à propos du socle commun, mais il n’est nullement fait allusion à ce Brevet. Deux hypothèses peuvent être envisagées : – Le B2i, ce n’est pas un programme, c’est juste une liste de compétences élaborées en dehors des programmes et dont l’élaboration a totalement échappé au circuit traditionnel – Les TIC, et donc le B2i, sont jusqu’à présent ignorés, ou au moins mis de coté, dans la question de l’élaboration des programmes d’enseignement dès lors que ils existent en dehors des contenus des disciplines.

Si la première hypothèse s’appuie sur des faits, elle n’est pourtant pas un argument suffisant pour justifier l’absence dans cet ouvrage. Ce serait faire un procés d’intention à l’auteur, qui, au contraire, cherche à comprendre les mécanismes à l’oeuvre

La deuxième hypothèse mérite par contre qu’on s’y arrête. Elle semble faire écho à une autre préoccupation de nombre de responsables d’établissements scolaires qui déclarent : « les TIC c’est en plus, cela fait partie de ce que l’on rajoute aux programmes, comme la sécurité routière, le développement durable, ect… »

A partir de cette deuxième approche, on comprend mieux la distance que le système scolaire semble continuer d’entretenir avec les TIC : on ne parvient pas à en faire un objet scolaire partagé, on se satisfait d’en faire un objet scolaire « technologique ». Comme si les TIC, parce qu’elles sont trop omniprésentes dans la vie de tous les jours, ne méritaient pas de devenir un objet véritablement intégré au monde scolaire. On ne parle pas évidemment ici des matériels ou de la maîtrise technique de base, mais d’un « usage réfléchi ». Ainsi l’absence du B2i de l’ouvrage de D. Raulin serait un bon écho à cette difficulté actuelle à donner une place à ces TIC dans le quotidien de la scolarisation des élèves. Un commentaire récent de pratiques des TIC dans les classes avançait l’idée que nombre de pratiques des TIC ne sont que la transposition « enrichie » de pratiques pédagogiques pré existantes. D’autres commentaires parlent des TIC comme « outil ». Certains en fond un parallèle avec les méthodologies de que l’on pourrait travailler indépendamment des apprentissages scolaires. Certains enfin vont même jusqu’à évoquer l’idée des compétences transversales (voire capacités) indépendantes des contenus disciplinaires.

Il me semble qu’il serait nécessaire de réflechir à l’intrication de plus en plus importante (inextricable désormais) des pratiques des TIC avec les objets avec lequels on agit. Ainsi on peut faire l’hypothèse que le développement des TIC dans la société se traduit actuellement par une évolution qui les amène à passer du statut d’outil au statut d’instrument. On peut même envisager que, comme le livre au cours des 500 dernières années, les TIC deviennent un « objet culturel intégré », ou encore un médiateur « co-substanciel » à ses contextes d’usage. En d’autres termes si les TIC ont du mal à trouver leur place dans le système scolaire, c’est que leur appropriation dans la société est encore en construction et que la défiance dont elles font l’objet révèle le malaise de cette évolution et face à cette évolution. Notre société française, contrairement à la société nord-américaine, à tendance à vouloir se rassurer avant d’agir avec ces TIC, c’est probablement l’une des explications du décalage entre les façons d’intégrer les TIC. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles soient mieux intégrer en amérique du nord, mais au moins en donnent-elles l’impression…

A suivre et à débattre

BD

2 Commentaires

  1. Dans ma pratique de formateur TIC, j’ai connu la période où les collègues réclamaient des sessions techniques, pour apprendre à se servir de tel ou tel logiciel. Lorsqu’on analysait l’efficacité de ce type de formation 6 mois après, on constatait que rien n’avait été mis en place. Tout au plus, les enseignants utilisaient les logiciels pour leur propre compte. Depuis, nous avons évolué dans notre réflexion et à présent, nous organisons de courtes sessions à intervalle régulier et nous accompagnons ainsi des groupes d’enseignants dans leur mise en projet d’utiliser les TIC avec leurs élèves. Mon rôle est alors de coller aux programmes et d’y détecter avec les stagiaires les points pouvant donner lieu à l’utilisation des TIC (non pas en remplacement d’un autre outil mais pour leur innovation). Je m’aperçois que ce genre de formation fonctionne très bien, les enseignants n’ont plus cette idée que les TIC, c’est quelque chose "en plus" mais qu’elles peuvent se fondre dans leur pédagogie. Restent un tas de problèmes à résoudre : gérer des temps de formation morcellée, maîtriser les ordinateurs, évaluer, etc. mais l’efficacité est au rendez-vous quant à la conception d’une formation efficace.

    • François Reichert sur 21 mai 2006 à 11:03
    • Répondre

    Bien le bonjour, Les TICE ont du mal à prendre place en temps qu’outil dans l’enseignement ? Pourquoi personne ne se pose-t-il la question de l’éthique et de la propriété réelle de l’outil ? De la liberté réelle de l’enseignant et de la main mise des éditeurs ? Ainsi que des contraintes trop lourdes du modèle commercial ? L’informatique utilise bon nombre de logiciels propriétaires et de formats propriétaires, non modifiables et non adaptables aux besoins éducatifs et pédagogiques. Pour mémoire lors du premier enregistrement d’un de vos documents au format de lecture universel et gratuit (mais pas libre) d’un célèbre logiciel de publication, une boite de dialogue vous prévient que si vous enregistrer ce document en l’utilisant, vous devrez le réouvrir exclusivement au moyen de ce même logiciel ! Ce qui veut dire que le format dans lequel vous enregistrez votre document ne vous appartient pas … et vous êtes assujetti à l’éditeur. Vos document vous appartiendront d’autant moins quand un célèbre éditeur de Redmond mettra ses logiciels en location sur internet et que vos sauvegardes se feront directement sur ses serveurs. Dans un autre ordre d’idée, on a tous reçu des documents de la dernière version d’un célèbre logiciel de traitement de texte (propriétaire) qu’on ne pouvait pas consulter parceque notre version du même logiciel était antérieure, nous obligeant à acheter la mise à jour. Combien d’établissements sont obligés de réactualiser du matériel en bon état parceque les nouvelles versions de logiciels sont trop gourmandes ? On est de plus en plus confronté lors de l’installation de logiciels à l’obligation de rentrer une clefs d’enregistrement qui nous donne juste accès à un numéro de téléphone. On est ensuite dans l’obligation d’ appeler ce numéro (aux frais de qui ?) pour laisser nos coordonnées en échange de quoi on obtient une clef supplémentaire qui permet de terminer l’installation qui n’est pourtant effective qu’après l’interrogation d’ un serveur WEB (tant pis si t’as pas internet) … j’ai comme ça, pour réinstaller un logiciel, été surpris d’entendre l’opératrice me dire que je n’appelais pas du même numéro que la fois précédente et me redemander mon adresse et mes coordonnées au pretexte qu’on aurait pu (que j’aurai pu ?) pirater ma version logicielle. Que dire de ces logiciels dont la licence est en anglais (contrairement à la loi Toubon) et dont le contenu change d’une version l’autre sans qu’on soit réellement informé des conséquences de notre clic systématique sur « j’accepte ». Clic de notre part donnant tous pouvoirs aux éditeurs sans pour autant que nous ayons valablement « signé » le document de façon vraiment incontestable ! Dans un autre message de cette liste, il était question de la gratuité en opposition au système purement commercial et de la mutualisation … Mais qu’est-ce que la gratuité si le format est propriétaire ? La mutualisation et contribution bénévole ne pourra jamais se faire avec des outils commerciaux qui ne garantissent pas la pérennité des oeuvres mises à disposition. Le format Gif par exemple n’est pas un format libre le propriétaire a, il y a quelques années, fait valoir ses droits … Combien d’éditeurs du jour au lendemain pourront-ils légalement demander une redevance sur nos propres documents ? Pour exemple, la métafore suivante : Mon tuyau d’arrosage me permet d’arroser n’importe quelle plante de mon jardin ou de celui de mon voisin, de laver ma voiture (ou celle de mon voisin) ou encore de remplir la piscinette de mes enfants ou même de la siphonner pour la vider. Au surplus il m’a permis d’amuser des tous petits en parlant dans une extrémité avec l’autre bout collé à leur oreille. À quand une licence m’interdisant de le faire, ou d’utiliser le dit tuyau ailleurs que dans mon propre jardin ? À quand une licence disant que l’eau transportée par ce tuyau appartient au fabriquant du tuyau et non pas à moi ? M’obligeant ainsi à en déclarer le volume pour payer une « redevance » ? Ou m’obligeant à utiliser l’eau fournie par le fabriquant du tuyau ? À quand un achat du tuyau à durée déterminée rendant son usage impossible au bout d’un an sauf à appeler le fabricant ? Ne rigolez-pas, c’est ce que vous faites avec vos logiciels. De plus, si ce tuyau transmet des virus à mon eau, est-ce à moi d’en garantir l’ innocuité ou au fabricant ? Que dire de ces logiciels qui ne respectent pas la typographie française et avec lesquels il faut batailler pour taper des majuscules accentuées ? Ou un vrai guillemet ? Quand les enseignants disent que l’informatique est compliquée à mettre en oeuvre dans les classes il ne s’agit pas que d’utilisation pratique mais aussi de toutes ces questions de fond qu’il ne savent exprimer correctement par manque de réflection ou de connaissances sur le sujet. Les enseignants sont tout autant perturbés par l’impossibilité de copier librement des images, de faire du copier/coller, la gestion de licences, la maintenances et les mises à jours (payantes donc ayant une incidence continue sur le budget) des pare-feu, anti-virus, anti-trojan, anti-spam et j’en passe… que de pouvoir travailler librement. Quand on les écoute ils ont autre chose à faire …. Comme ils disent  » j’ai autre chose à faire que d’alimenter les bénéfices des éditeurs d’antivirus « . Je persiste et signe contre vents et marées, libérez l’informatiques, pratiquez l’open-source et ses logiciels, distribuez-les à vos élèves et vous verrez que l’informatique se démocratisera dans les écoles et dans les foyers. Le modèle commercial est trop contraignant, pour preuve, la gendarmerie qui veut posséder la pleine maîtrise de ses outils a adopté la suite bureautique OpenOffice.org avec le format libre OpenSourceDocument, le navigateur Mozilla-Firefox et va passer à Thunderbird pour sa messagerie. Et je revendique le droit d’être prosélyte en la matière, au moins tout autant que ceux qui le sont au profit des éditeurs dont ils sont les commerciaux sans être rémunéré pour cela. FranswaR

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