Le 23è chantier du ministre : les TIC !!!

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En situant ainsi le chantier des TIC comme le 23è, le ministre vient de rappeler que les TIC sont classées assez loin dans les préoccupations actuelles du monde scolaire, Dans le discours du jeudi 14 septembre à Poitiers, Gilles de Robien n’a pas renouvelé l’analyse de la place des TIC en éducation, il a entérinée celle définie dans le cadre du socle de connaissances. Trois actions sont développées et renforcées dans la suite de ce qui est engagé : le développement des ENT, mais surtout la partie évaluation de ceux-ci; l’attention au plus démuni par l’accompagnement scolaire; dans la suite des espaces numériques des savoirs une clé USB chargée de ressources pour les jeunes enseignants.

Comment comprendre ce discours ? Les TIC sont, dans le débat plus général sur l’enseignement qui sévit en ce moment, marginalisées. On ne sait qu’en faire. Tantôt fer de lance de l’image moderniste de l’état, tantôt repoussoir d’une pédagogie qui oublie les savoirs et « fait jouer » les enfants. Sans prendre partie, le ministre tente plutôt plusieurs habiles contournement :

– Le premier consiste à parler de l’évaluation et en particulier du « livret scolaire numérique » traduit maladroitement par le portofolio (à cause de celui des langues au niveau européen, autre figure du modernisme de l’état). Les ENT sont seconds en réalité, le ministre ne se fait pas beaucoup d’illusions sur la réalité de ceux-ci. Par contre il a très vite perçu, en écho au réactions vives des enseignants, que le bras de levier pour faire bouger le monde enseignant reposait d’une part sur la pierre des familles et d’autre part sur le levier de l’évaluation. Il suffit d’appuyer l’évaluation sur les questions des familles pour amener au sein du système éducatif le questionnement. C’est le leitmotiv de cette majorité gouvernementale (mais déjà incitée par la précédente) d’imposer une place aux parents. Il est facile de comprendre que l’utilisation de l’évaluation (bizarrement présentée sous couvert des seuls enseignements de langue) est un élément particulièrement sensible puisque l’évaluation est la base de l’autorité de l’enseignant. En fait le ministre ouvre la boite du droit de regard des familles sur ce qui fonde l’autorité des enseignants et propose, sans vraiment le dire, aux enseignants de changer leur façon de montrer les traces de cette autorité au travers du portfolio. L’idée est habile d’autant que les charges récentes sur la notation (Antibi, IGEN, Nimier etc…) ont commencé à faire vaciller l’édifice

– le deuxième consiste à proposer la discrimination positive à l’école. Donner le plus à ceux qui ont le moins. On voit bien là aussi que l’habileté du propos tient dans cette présentation d’un dossier qui met complètement en accusation le collège unique qui se voulait égalitaire parce que unique. Les technologies sont ici invoquées à titre de prétexte. Quand au missionnement du CNED pour entrer dans ce jeu on ne peut que sourire quand on sait que ce que les enfants en difficulté ont le plus besoin c’est un accompagnement de proximité par des personnes qu’ils ont aussi l’occasion de voir tous les jours. La distance ne résoud rien, mais il faut bien impliquer le CNED, c’était quand même sa mission initiale à sa création…

– Le troisième consiste à fournir des ressources pédagogiques directement aux enseignants et aux jeunes en particulier. Donner une clé USB relève presque de la moquerie tant cela ressemble aux cadeaux des marchands d’abonnement… et autre bonimenteurs… De plus ce que les jeunes enseignants attendaient c’était un véritable outil de travail : un ordinateur portable, certes avec des ressources, mais au moins un outil pour travailler. Certes la clé USB coute moins cher, mais cela risque de décevoir nos jeunes collègues qui risquent d’être décus. Habileté de l’annonce, risque de l’effet désastreux (mais qui donc a eu cette idée ?), cette clé USB est pourtant le signal d’un début de changement de pensée pour ce qui concerne le cartable de l’enseignant. Si le ministère commence à s’organiser pour y mettre des choses, cela signifie d’une part qu’il comprend enfin que les enseignants, comme les autres doivent pouvoir disposer d’outil de travail fournis par l’employeur et que d’autre part, s’il veut favoriser des pratiques il faut qu’il s’engage au plus prêt des acteurs de terrains en leur signalant ses efforts (mais ici cela risque de faire sourire…)

Bref pas de véritable révolution, mais la poursuite d’un chantier dont on sait bien qu’il n’est prioritaire qu’après de nombreux autres priorités (et pourquoi pas) mais qui s’affiche quand même car médiatiquement cela est devenu indispensable dans une communication de campagne électorale et surtout compte tenu des formidables efforts que font de nombreuses collectivités territoriales (en particulier de gauche)

A débattre

BD

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