En finir avec un mythe

Print Friendly, PDF & Email

Arrêtons de croire que les TIC dans l’école permettent de mieux apprendre !

« L’introduction des TIC en éducation n’améliore en aucune façon la réussite scolaire des élèves ».¨ Plusieurs ouvrages et débats pourraient conforter cette assertion. Que ce soit la lecture des travaux de Larry Cuban ou encore les réflexions de d’Alain Jaillet, de Pascal Marquet et d’autres, il apparaît nettement que l’illusion pédagogique et didactique des TIC doit être levée et les problèmes dépassés. Les études comparatives entre l’usage de l’ordinateur en classe et la situation traditionnelle montrent que la valeur ajoutée de l’ordinateur n’est pas prouvée. Les critiques diront que cette comparaison ne tient pas car la norme est la pratique traditionnelle et c’est à partir d’elle que l’on mesure les résltats d’une pratique nouvelle. Le thermomètre ne fonctionne pas, donc … Il faut revenir à l’histoire des TIC pour mieux comprendre ce qu’il en est effectivement : D’une part le développement de l’informatique est avant tout un choc industriel et économique. C’est à ce titre qu’il convient que le système éducatif s’en empare dès les années 60. Mais quand le système scolaire s’en empare s’ouvre alors un questionnement qui va polluer toute la suite des usages : L’informatique pourrait-elle être un nouveau latin transversal, par sa rigueur, à toutes les disciplines ? C’est à ce moment là que survient le mythe récurrent de la machine à enseigner, assis lui même sur le mythe de l’homme-machine. Il semble que l’enseignement assisté par ordinateur, dans la droite ligne du modèle skinnerien de l’enseignement programmé des années 50 – 60, soit l’archétype de la mise en acte de ces mythes. Le développement des TIC au cours des années qui vont suivre jusqu’au début des années 2000 ne démentiront jamais cet inconscient collectif, partagé aussi bien par les enthousiastes des technologies que par leurs opposants. De l’informatique pour tous avec le centre mondial informatique, aux ENT et ENS récents, l’idée est la même : imposer l’informatique et ses évolutions dans le système scolaire. En fait l’argument de l’efficacité pédagogique des TIC ne tient pas, car il n’a pas de sens si l’on analyse les pratiques d’enseignement et d’apprentissages. On peut simplement dire que la seule modification d’un environnement de travail (qu’il soit d’apprentissage, d’enseignement ou de production) est génératrice de changements, mais en aucun cas on ne peut considérer que ces changements améliorent le travail lui-même si l’on a pas pris soin d’en mesurer la complexité de la situation. Du coup se pose la question de la pertinence de l’informatique et des TIC à l’école. Si l’on accepte l’idée que, contrairement à l’entreprise qui espère des gains de productivité, l’école ne peut en attendre des TIC, alors on peut penser sereinement l’usage des TIC. L’enseignant passionné trouvera là un objet pour fixer son enthousiasme et le communiuqer aux élèves, l’enseignant soucieux d’accorder son travail avec le contexte globalement envahit par les TIC, il trouvera dans leur usage un moyen d’articuler ses contenus avec des réalités…. Mais aussi l’enseignant qui craint que ces technologies ne troublent la qualité de son enseignement pourra simplement se passer de les utiliser dans sa classe. Développer la place des TIC en éducation, c’est avant tout un choix politique, économique et technique, qui revient à considérer que ces technologies ont un tel poids dans toutes les sphères de la société que l’école doit les prendre en compte. Il ne s’agit pas pour autant que cela devienne un « objet scolaire » à tous les sens du terme. La scolarisation des TIC en oscillant entre fondamental discplinaire et transversal d’abord puis entre maîtrise de la technique ou maîtrise de l’usage reste encore à préciser. Le débat n’est pas tranché, tout au moins peut-on désormais sereinement éliminer celui de l’efficacité pédagogique, il n’a pas de sens…. pour l’instant.

BD

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.