Fin d'année, TIC et monde scolaire

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L’agitation de cette fin d’année sur la toile à concerné en premier lieu le web 2.0 puis le web 3 (conférence du moins de Décembre). Il s’est agit de montrer qu’il y avait du nouveau sur le web et que c’est en particulier parce que chacun pouvait produire et diffuser tout ce qu’il voulait qu’une révolution serait en cours. Web interactif et autres qualificatifs sont venus peupler les feuilles des médias prompts à suivre les courants d’airs du moment. La réalité est beaucoup plus triviale pour moi. Toute « information » est désormais diffusable. Autrement dit l’information revient à sa nature première « un signal ». La masse de documents mis à disposition, blog, podcasts, vidéos en tout genres etc… amène à une réification de l’acte d’énonciation. Shannon avait donc bien vu l’origine du problème. Les cybernéticiens avaient emboité le pas en s’intéressant au signal mais aussi à son devenir dans le milieu dans lequel il est envoyé.

Même si les nouveaux zélateurs du web nous invitent à parler d’interaction, de citoyenneté et de démocratie, pour l’instant il s’agit d’abord d’un brouillard. Certes des niches existent et fonctionnent selon leur approche, il faut le reconnaître. Mais ce sont des niches. Pour le reste nous assistons progressivement à la chosification de l’information, c’est à dire à la dépersonnalisation de l’acte d’énonciation. Lorsque une journaliste de Télérama m’avait dit que l’anonymat était indispensable pour libérer la parole, il y a de cela quatre ou cinq années, je pensais seulement à une question d’éthique. Mais non, l’affaire est beaucoup plus grave. Il s’agit de la dépersonnalisation de l’information, ou plutôt de se déshumanisation. Illusion, bien sûr, dans le fond, mais réalité dans la forme quand une émission de télévision a pour projet de montrer les vidéos les plus… déposées par les internautes. L’émergence de cette formidable possibilité d’expression est bien perçue par de nombreux enseignants, souvent pionniers, mais pas toujours (ce qui est nouveau). Malheureusement, engluée dans des questions de « grammaire » l’école n’en finit pas de faire ses gammes syndicales et politiques au lieu d’entrer volontairement dans une r-évolution de fond qui a pour soubassement le rapport à l’information et à la communication dans la société contemporaine. Il suffit d’observer l’évolution de la place des TIC dans l’enseignement pour comprendre que pour l’instant la question n’est pas encore réellement comprise. On en reste encore trop souvent à la technique avec désormais un habillage pédagogique mais dans le fond qui ne trompe personne. Ce C2i 2E (métiers de l’enseignement) si difficile à mettre en place en est un bon exemple.

Et pourtant un frémissement se fait, venu de la base (la vraie !!!), c’est à dire des problématiques de terrain rencontrées par des acteurs plus soucieux de faire progresser leur environnement de travail que de défendre leur territoire. Il est certes important de tenter de faire bouger les institutions en y amenant de temps à autres des outils nouveaux. Mais il est toujours nécessaire d’articuler les dispositifs, les outils, les artefacts, au plus tôt avec des problématiques humaines. Mais pas n’importe quelle problématique humaine.

Car c’est là que l’éducation risque gros. Si nous intégrons les TIC sachons énoncer clairement et véritablement les intentions que nous y mettons. En particulier il est nécessaire de poser un cadre politique philosophique et éthique à ce développement des TIC dans la société et dans l’éducation. Or pour l’instant les discours sont surtout rituels. L’ouvrage de Maurizio Ferraris « T’es où ? Ontologie du téléphone portable » (Idées Albin Michel 2006)parce qu’il questionne une théorie de l’écriture qui pose l’inscription comme centrale dans le développement de l’humain mérite toute notre attention. En ne se posant pas en censeur moral mais en observateur de l’homme l’auteur nous invite encore davantage à la réflexion.

Dans cette fin d’année 2006, force est de reconnaître que l’école marque le pas en matière de TIC. Oh non pas dans les actions du ministère toujours aussi actif, mais bien dans la réalité du quotidien culturel des classes par manque d’un vrai questionnement de fond qu’il est temps d’avoir et qui pour l’instant n’est pas encore dans les limbes.

Souhaitons que 2007 pose les bases d’une véritable réflexion de fond. On ne peut continuer d’avancer ainsi en suivant des évidences techniques qui ne sont touours pas des évidence pédagogiques ou didactiques, quoiqu’en disent certains de ces zélateurs

A débattre bien sur

BD

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