Le B2i va-t-il devenir un examen ?

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Une expression bien inquiétante

Comme le texte sur le C2i l’avait laisser entendre, un examen pourrait permettre la validation des compétences listées dans le référentiel C2i. Cette lecture du texte officiel se trouve aujourd’hui confortée par la lecture de la circulaire de rentrée de l’enseignement scolaire pour 2005. On y lit en particulier ce passage : « La validation des compétences du B2i de niveau 1 peut être terminée au collège. L’objectif est que l’ensemble des élèves de collège puisse présenter le B2i de niveau 2 à l’horizon 2007, en vue d’une prise en compte pour l’obtention du diplôme national du brevet. » L’expression « présenter le B2i » est trop similaire à celle plus courante : « présenter un examen » pour ne pas susciter notre interrogation. La publication récente de la note d’évaluation de la DEP à propos du B2i met en évidence un élément essentiel qui fait obstacle au B2i : il ne cadre pas avec la « forme scolaire » si prègnante dans l’inconscient collectif : pas d’enseignement, pas de note, pas d’examen. Les enquêtes du Café Pédagogique (2001 2004) ou encore les rapports de l’IGEN avaient pointé en filigrane ce problème. De plus l’IGEN souhaite depuis le début que le B2i soit intégré aux examens, pensant ainsi et à juste titre, que si examen il y a, pratique d’enseignant il y aura. Comme le déclarait un jour une enseignante devant ses collègues à propos des TPE : « dites moi comment on le note, je vous dirai comment je l’enseignerai ! ». Ainsi un savoir, un savoir faire ne pourraient avoir droit de cité dans l’enceinte scolaire que s’ils font l’objet d’un enseignement, d’une note sur un bulletin et enfin d’un examen reconnu ! Que penser d’une telle conception de l’enseignement et des contenus enseignés ? On laissera le soin aux nombreux « débatteurs publics » de prendre position (ceux qui pensent qu’il vaut mieux utiliser le spectacle médiatique pour réfléchir aux questions scolaires plutôt que de se contenter d’un travail, certes modeste, d’observation et de recherche). Notre propos est d’identifier cette évolution et de la soumettre à la réflexion des enseignants et de tous ceux qui s’intéressent à l’éducation. Il y a là une question anthropologique qui relève selon moi de celle de « l’objectisation » de l’élève. La question sous jacente, à propos du B2i, est celle du procés d’appropriation des TIC dans notre société : quelle place le système scolaire y revendique ?

Quant à nous, il nous semble que cette expression est la marque d’une évolution sensible de la conception initiale du B2i. On peut identifier ici le souci légitime des responsables ministériels et de l’IGEN de rendre « crédible » le B2i en référence aux normes de certification actuellement en place (c’est à dire acceptées explicitement et implicitement) dans la société. On peut aussi identifier l’échec d’une première étape qui aurait voulu voir les enseignants s’emparer de cette marge de liberté pour « inventer » une nouvelle forme de certification. On peut enfin identifier la marque d’un essai, d’un test, dont les résultats sont plein d’enseignement aussi bien sur le plan du management des organisations et du changement dans cells-ci que sur le plan de la prise en compte dans le milieu scolaire de la place prise par les TIC dans le quotidien de nombreux jeunes.

A suivre et à débattre

BD CEPEC

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