Portfolio numérique : idée technologique, idée pédagogique ?

Au moment où à Dijon se réunissent les IUFM pour évoquer le porfolio numérique pour la mise en place du C2i enseignant, il est nécessaire de se poser la question de savoir si le porfolio numérique n’est pas un nouvel « avatar » technologique qui s’appuie sur un courant de pratiques pédagogiques nord américain ou s’il s’agit réellement d’une possibilité nouvelle de penser les choses.

En premier lieu, il faut rappeler que le porfolio avant d’être numérique est le nom donné à un objet qui permet à quelqu’un de montrer ce qu’il fait à ses interlocuteurs qui veulent juger de sa qualité. Autrement dit le porfolio existe en soi avant d’être numérique. En effet dès les années 70, dans la suite de la pédagogie par objectif, les termes compétences, capacités, ont fait l’objet de travaux et de publications (cf ADMME-CEPEC 1982). Avec le développement de cette approche, apparaît fort logiquement le développement d’une réflexion sur les supports d’évaluation adaptés. Livret de suivi, portefeuille de compétence, … Dans un autre registre, reprenant le travail de l’ethnométhodologie les notions de journal de bord, de carnet de bord reprennent eux aussi l’idée de la trace de l’activité. Cette question de la mémoire écrite est très ancienne. Elle prend progressivement forme avec les journaux des voyageurs (une abondante bibliothèque existe et se développe depuis longtemps). L’usage du terme portfolio en éducation semble marquer un signal de reconnaissance dans le développement d’une forme de pensée qui vise à utiliser au mieux la trace des apprentissages effectués. Il s’agit surtout de reconnaître le processus au sein même du produit, autrement dit d’identifier au mieux la compétence comprise dans sa double manifestation. L’arrivée du terme « numérique » accolé au terme « portfolio » donne encore davantage de visibilité médiatique au terme. Malheureusement il risque aussi d’en être le fossoyeur si l’on n’y prend garde. En effet, comment retrouver l’esprit même indiqué précédemment dans un objet technique qui risque surtout d’alourdir des dispositifs existants. Pourquoi donc s’empresser de mettre un dispositif technique ? Parce que la place des TIC en éducation chercher encore sa place réelle dans une visée d’efficacité. La débauche de projets pour intégrer l’ordinateur puis les TIC en éducation depuis trente ans n’a pas porté les fruits que d’aucuns espéraient en terme d’efficacité pédagogique. Les « technophiles » ont toujours la tentation de techniciser les idées qu’ils croisent : l’exemple du B2i est suffisamment éloquent pour l’illustrer. Dès le début la tentation « logicielle » s’est exprimée jusqu’au moment où l’on s’est aperçu que le problème pédagogique devait être d’abord fondamentalement étudié. Ainsi, après les ENT, les ENS, le porfolio numérique consitue le dernier avatar en matière de TICE. Mode à coup sûr, sur le plan technique, qui risque d’emporter aussi l’intérêt même de la démarche qui si elle est vraiment réfléchie, sur le plan pédagogique, pourrait devenir un dispositif intéressant pour permettre un meilleur suivi des apprentissages. Il nous reste à espérer que dans les mois à venir, des voix se feront entendre pour articuler réellement pratique pédagogique, problématique d’apprentissage et instruments informatiques…

A suivre

BD CEPEC

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