Philippe Meirieu tape dans la fourmilière

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Un texte polémique bienvenu

En publiant cet ouvrage bien mal nommé « Nous mettrons nos enfants à l’école publique »(Mille et une nuits edition, Paris 2005), Philippe Meirieu nous appelle à la vigilance : « l’école est en train de devenir une marchandise ». Qu’elle soit publique, privée sous contrat ou totalement privée, la scolarisation serait, selon lui, en train de devenir une marchandise que chacun, pour l’instant tente de monnayer en contournant les règles du système qui impose un « tarif unique » pour en faire, pour soi, le meilleur « rapport qualité prix ». Cette attaque en règle de la dérive mercantile en éducation arrive d’autant mieux que le ministère de l’éducation va proposer ce 13 janvier la loi d’orientation au conseil des ministres. Or les propos du ministres sont sans ambiguité, il s’agit de faire une école performante avec obligation de résultat etc… Bref la réthorique commerciale est désormais présente dans le discours sur l’école au plus haut niveau de l’état. Dans la première partie de l’ouvrage on peut penser que, après un acte de « contrition », ou au moins un passage au confessionnal dans lequel il avoue avoir « utilisé » l’enseignement privé sous contrat pour son emploi et ses enfants, Philippe Meirieu veut s’en prendre à l’enseignement privé sous contrat. Après avoir rappelé que celui-ci inscrit son action presque davantage dans la suite du colloque d’Avril 1968 à Amiens et des mouvements qui ont suivi dans l’enseignement, alors que l’enseignement public les a oublié, l’auteur propose la lecture suivante : cette capacité du privé sous contrat à intégrer ces travaux avec le succés d’estime que l’on sait a fini par rejaillir sur certains établissements soit publics soit privés privés qui ont vu là un moyen de gagner leur autonomie. En s’emparant du succès du privé sous contrat, les acteurs de l’éducation seraient en train de glisser lentement et sans s’en apercevoir vers une mercantilisation de l’activité enseignante et plus généralement vers l’abandon du sens « républicain » de l’école. Philippe Mieirieu met en garde le lecteur sur les attaques possibles dont il pourrait être l’objet. Il évoque même ces oppositions pour ensuite proposer une charte qui mérite d’être lue. Mais plutôt que de mal la traduire, il me paraît opportun d’inviter chacun à aller lire ce texte au demeurant facile à lire et offensif. Cette charte, sorte de cadre contractuel pour l’éducation renvoie en réalité chacun des acteurs de l’éducation à sa responsabilité individuelle. Ce texte semble arriver comme une ultime cartouche pour marquer symboliquement le parcours accompli jusqu’à présent par cet auteur : Après avoir tenté l’innovation, l’action politique, l’opposition, il tente maintenant l’appel à la personne. Il s’adresse à chacun tout en faisant mine de s’adresser à l’institution. En fait c’est principalement aux enseignants qu’il s’adresse : il est temps que ceux-ci s’emparent de ce texte et en discutent sérieusement : chacun de nous ne serait-il pas une sorte de ver marchand dans le fruit scolaire de l’état ?

A réfléchir

BD

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