Recommandations… du CSEN, peut mieux faire, devra approfondir !!!

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En vieux pédagogue, j’ai lu avec attention le texte du CSEN https://education.gouv.fr/csen-recommandations-pedagogiques-COVID19. J’ai été très étonné par plusieurs points. En premier lieu, la quasi totalité des références citées en bas de page sont anglo-saxonnes au moins dans le langage dans lequel elles sont rédigées. Ensuite, la volonté de garantir la qualité scientifique s’appuie uniquement sur l’idée de tests/expériences randomisés et semble ne retenir que cela comme « vérité ». On comprend mieux ensuite l’engouement pour les QCM en particulier en ligne. En effet les exerciseurs sont les activités les plus simples à mettre en format informatique (on le sait depuis plus de trente ans) et surtout ils fournissent des résultats quantitatifs, les plus faciles à traiter, même si on connaît les limites de ces activités, ainsi que leur intérêt.
Concernant tous les conseils donnés, en vieux pédagogue formé à la psychologie, la sociologie, les sciences de l’éducation et autodidacte en informatique, mais surtout en tant qu’enseignant et formateur pendant quarante ans, je n’ai rien appris de nouveau dans ces recommandations. J’y retrouve quasiment toutes les remarques que formateur d’enseignant, mais pas psychologue cogniticien, je proposais à mes enseignants stagiaires.
Je m’étonne même qu’aucune référence ne soit fait au travail de Britt Mari Barth publié au début des années 1980 alors qu’on le retrouve quasi explicitement dans le texte avec une référence anglosaxonne de 2000. Plus largement je m’étonne que très peu de travaux de recherche en français et réalisés dans des pays francophones ne soitent cités en référence, mais on pourrait aussi évoquer d’autres langues comme l’espagnol ou l’allemand. On voit bien là un tropisme très connu en psychologie expérimentale jadis, cognitive désormais, qui consiste à n’admettre comme valable que des publications dans des revues de langue anglaise.
Un problème plus grave et très gênant sur le plan de la rigueur que l’on peut attendre d’un tel document. A aucun moment dans la présentation n’est situé le niveau des élèves évoqués. L’élève est ainsi un concept théorique et unifié alors que selon les âges et les niveaux d’enseignement on a depuis longtemps constaté des différentes. L’élève c’est comme le jeune, une catégorie généralisante. Pourquoi ne pas avoir précisé ou mieux encore différencié ces recommandations en fonction des âges et des niveaux.
Pour terminer cette lecture critique qui pourra sembler rapide, on a l’impression que les auteurs de ce document n’ont pas vraiment de compétences culturelles à propos du numérique éducatif. Ceci se trouve confirmé dans la lecture de l’interview du président du CSEN dans le journal le Monde (https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/05/05/stanislas-dehaene-nous-avons-besoin-d-un-netflix-pedagogique-centralise-et-gratuit_6038715_3224.html) et son allusion à des travaux très anciens de Nicolas Negroponte, ONPC (One Laptop Per Child) qui date de 2005 et qui a réussi à faire parler de lui pendant longtemps alors qu’en réalité il a été abandonné très vite du fait de son inadéquation originelle aux contextes dans lesquels l’utopie souhaitait se transformer en réalité…

On va donc mettre de côté ces recommandations, ou plutôt les resituer. Elles ne sont que l’actualisation de ce que nombre de « pédagogue » déclarent depuis de très nombreuses années, pédagogues qui n’ont pas attendu la psychologie cognitive pour avancer, même si à de nombreuses reprises ils se sont appuyés dessus. Ainsi Adolphe Ferrière, ou encore Henri Wallon sont parmi d’autres de ces psychologues qui ont su articuler pratiques (cliniques) et travaux de recherche… ou encore Britt Mari Barth dont les travaux sont issus de la transposition pédagogique des recherches de Jérome Bruner, Lev Vigotsky et même Howard Gardner (si controversé pourtant).

A suivre et à débattre

BD

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