Contrôle, fracture, des mots d'actualité

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L’époque serait-elle au tout sécuritaire pour mieux contenir la fracture numérique ?

Sous cette question paradoxal plusieurs annonces de ce jour :

La première : Voici une dépèche qui va ravir les partisans de l’éducation !!!!

Le ministre délégué à la Famille, Philippe Bas, a annoncé la conclusion d’un accord obligeant les FAI à proposer automatiquement des logiciels de contrôle parental gratuits. Mais les discussions avec les éditeurs de logiciels ne sont pas bouclées.
Mais ces bonnes intentions ne font pas tout, comme le ministre a tenu à le préciser par une métaphore routière : « La clef de la réussite, c’est la responsabilité des parents. Nous fournissons la ceinture de sécurité, mais c’est à eux de l’attacher. »
Arnaud Devillard , 01net., le 16/11/2005 à 18h40

La deuxième concerne le contrôle mondial d’Internet comme l’annonce le Monde dans son éditorial

« Les Etats-Unis doivent-ils garder les rênes d’Internet ? Beaucoup, de l’Union européenne à l’Argentine, mais aussi les pays à régime non démocratique, de la Chine à l’Iran, plaident pour l' »internationalisation » de sa gestion. »
et qui conclut sur :
« Mais Internet véhicule autant la propagande que la contestation. La démocratie ne peut que gagner du terrain lorsqu’un tel moyen de communication et d’expression se développe. « 

La troisième vient aussi du journal le Monde :

Nicolas Negroponte annonce « Le directeur de laboratoire de l’université américaine Massachusetts Institute of Technology (MIT) va en effet y dévoiler le prototype de son « ordinateur portable à 100 dollars » (soit cinq fois moins cher qu’un modèle basique normal), destiné aux écoliers des pays en développement. »

Comment croiser la mise à disposition d’Internet pour tous avec la volonté de contrôler, soit au niveau des états, soit au niveau des familles.

On pourrait, de manière utopique, proposer que les machines à 100 euros n’accèdent pas à Internet pour éviter que les élèves les plus démunis ne soient pas pervertis pas les idées des pays les plus riches ? En plus pas besoin de contrôle parental.

Mais heureusement que le minsitre français de la famille nous rappelle que c’est en fait la question de la responsabilité des parents. Malheureusement il sous entend aussi (avec la métaphore de la ceinture) que s’ils ne le font pas, le gendarme pourrait sévir.
Finalement, il serait tellement confortable que l’on ne donne aux jeunes (ou aux adultes des pays les plus pauvres) que ce que l’on veut qu’ils sachent. C’est ce que l’on appellait dans d’autres temps de la propagande.
D’ailleurs cette idée semble même faire des émules en France. pour preuve ce passage d’un document transmis par un collectif réactionnaire SLL :
« Les lettres doivent être au centre de l’Ecole, c’est-à-dire l’intelligence du monde, afin que l’Ecole devienne un peu plus celle qui mette en son centre le Savoir, c’est-à-dire d’abord les Humanités »
Il suffit qu’ils ajoutent qu’ils sont les plus habilités à choisir pour les autres, ils trouveront un accord avec les USA pour dire qu’il suffit de choisir les contenus pour les autres, ainsi on ne court aucun risque.

La liberté de penser et de s’exprimer mérite de s’exercer dans un cadre choisi et respecté par ceux qui le mettent en oeuvre. A vouloir choisir ce qui est bien pour les autres, on s’aperçoit que seuls certains finiront par être libre de penser pour les autres.
Un beau problème d’éducation au niveau mondial en perspective, que le contrôle des accès aus ressources numériques….

A débattre

BD

2 Commentaires

    • Odile Chenevez sur 19 novembre 2005 à 16:05
    • Répondre

    Bonjour Bruno !
    Ce que tu dis me fait penser à cette réflexion d’enseignants algériens avec qui je travaillais sur l’éducation au média Internet. A propos des risques liés aux usages d’internet, l’un d’eux me disait : "le plus gros risque pour nos jeunes c’est de ne pas avoir accès au réseau mondial". Pourtant j’avais vu la veille des jeunes profs voilées collées au plafond et poussant des hurlements devant une image un peu érotique qui était apparue inopinément à l’écran. Mais ces petits incidents ne les inquiétaient au fond pas plus que ça.
    Le vrai risque, c’est la censure, c’est que, comme tu le dis, d’autres décident pour eux ce qui est bon pour eux.
    Ce qui m’est apparu alors, c’est que nos petits soucis sécuritaires, nos petits filtres, nos contrôles parentaux, sont des préoccupations de riches qui savent bien qu’ils ont quelque part l’accès à tout l’internet.
    Odile

    • Odile Chenevez sur 19 novembre 2005 à 16:07
    • Répondre

    Bonjour Bruno !
    Ce que tu dis me fait penser à cette réflexion d’enseignants algériens avec qui je travaillais sur l’éducation au média Internet. A propos des risques liés aux usages d’internet, l’un d’eux me disait : "le plus gros risque pour nos jeunes c’est de ne pas avoir accès au réseau mondial". Pourtant j’avais vu la veille des jeunes profs voilées collées au plafond et poussant des hurlements devant une image un peu érotique qui était apparue inopinément à l’écran. Mais ces petits incidents ne les inquiétaient au fond pas plus que ça.
    Le vrai risque, c’est la censure, c’est que, comme tu le dis, d’autres décident pour eux ce qui est bon pour eux.
    Ce qui m’est apparu alors, c’est que nos petits soucis sécuritaires, nos petits filtres, nos contrôles parentaux, sont des préoccupations de riches qui savent bien qu’ils ont quelque part l’accès à tout l’internet.
    Odile

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