République des idées, renouveler les modèles

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Suite aux rencontres de la « République des idées » (http://www.repid.com/) sur le thème : « La nouvelle critique sociale », Alain Beuve Méry a publié dans « le Monde » un article intitulé : « Culture au risque de l’élitisme » et sous titré « l’explosion du téléchargement appelle un nouveau modèle économique ». Dans un contexte qui amène à voir s’affronter les logiques politiciennes et les logiques politiques, Pierre Rosavalon propose « d’inventer une démocratie d’interaction entre société civile et société politique, entre critique sociale et projets de réforme ». Le domaine de la culture, de l’information et de la communication fait face à une choc très important dont le signe est la façon dont les principaux acteurs économiques (les producteurs de musique par exemple, mais ils ne sont pas les seuls) en place luttent contre l’émergence d’un nouveau modèle qui n’irait pas dans leur logique. On sent pourtant que la réflexion est loin d’être à son terme, tant le rapport à la logique de l’argent (profit) est encore incontournable. Certes tout à un coùt, on a déjà eu l’occasion d’en débattre, mais qui doit et peut supporter le coût, là est la vrai question. La dématérialisation des biens culturels, informationnels et communicationnels pose d’abord question à l’acheteur : quelle représentation se fait-il du bien qu’il achète d’autant plus qu’à la dématérialisation s’ajoutent l’ubiquité et l’éphémère ? On assiste donc à une reconstruction progressive de sens, sens du « bien » (économique) sens du « service », bref sens du social.

Plusieurs auteurs nous invitent à la réflexion sur le « bien public » ou le « bien commun », encore faut-il que ces réflexions soient mises sur la place publique de façon honnête et non pas constamment dévoyés par l’omniprésence médiatique de la pression de l’argent (regardons ce qu’il est des animateurs de télévision qui changent de chaîne, les sportifs, etc…). L’invitation de chercheurs et d’intellectuel à prendre part au débat public de façon « positive » est importante, d’autant plus qu’ils veulent le faire en dehors des modèles existants qui sont épuisés. On peut d’ailleurs illustrer cet épuisement dans l’article que Télérama à consacré récemment à la collusion entre journalistes et politiques que l’on peut mettre en écho à ce passage de l’interview du ministre de la culture à i-télé (14 avril) dans laquelle il déclare :

« Dans le domaine de l’information, c’est la même chose. Vous savez très bien que aujourd’hui sur Internet circule beaucoup de choses, parfois le pire comme le meilleur. Ce qui veut dire que paradoxalement redevient essentielle la certification c’est à dire la signature par un journaliste parce que ça garantie l’authenticité. Et donc je crois aussi qu’Internet est une grande chance mais ça suppose aussi qu’il y ait une règle du jeu et des principes de déontologie ». Comme on peut se questionner sur ces deux points de vue qui révèlent un étrange paradoxe !!!

Certains acteurs de la presse, de la recherche, de l’édition, de l’éducation, commencent à poser de nouvelles bases pour une citoyenneté renouvelée. Ces questionnements apparaissent parce que les technologies de l’information et de la communication sont les révèlateurs de ce que leurs usagers sont réellement. Elles sont même un miroir grossissant (rappelons le minitel rose et les sites pornographiques qui ont été les premiers à investir Internet avec profit). L’ambivalence de nombreux acteurs politiques ou autres (les médiateurs sociaux) a jusqu’à présent renforcé les tendances initiales. La révolte, ou tout au moins la remise en cause de ce modèle trop évident signe le départ d’un ensemble de réflexions qu’il faut mener dans les communautés d’enseignants, d’acteurs responsables dans la société. La « République des idées » propose de nouvelles pistes à explorer, d’autres peuvent surement aussi s’y mettre. En tout cas le débat « éducatif » autour du modèle de la gratuité va peut-être permettre de construire de nouveaux modèles du « vivre ensemble ».

A débattre

BD

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