Universitaires en question…

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A deux reprises ces derniers temps j’ai assisté dans deux lieux universitaires à l’intégration des TIC dans les pratiques de colloques (ou évènements similaires). Ce qui est encore plus intéressant c’est que les deux évènements étaient consacrés plus ou moins directement à la question des TIC en éducation. Ces deux occasions d’observer une réalité de pratique sont très parlantes : d’une part une réussite totale, d’autre part un échec total ou presque…

Parlons d’abord de l’échec. Au cours de cette journée on a pu assister au spectacle d’universitaires se débattant avec plusieurs technologies (micros baladeurs, micros cravatte, présentation assistée par ordinateur…) Le démarrage a duré une bonne demi heure… le temps que l’on trouve le technicien pour les micros. Plus tard ce fut la souris de l’ordinateur du bureau qui ne fonctionnait pas, on a rappelé le technicien qui a effectué une manipulation simple… et a résolu ce problème sans explication… Bref une journée à ne pas mettre entre toutes les mains… ou plutôt à oublier, tant l’exposition de cette incapacité à utiliser les TIC dans ce qui était une modeste application montrait combien les discours tenus (sur les usages des TIC) étaient en décalage avec la réalité vécue….

Parlons ensuite du succès. Quel pari fou que d’avoir voulu tenir un colloque en même temps en présentiel et en même temps sur « second life ». Quel pari encore plus fou que d’avoir voulu faire intervenir des participants depuis « second life » qu’ils soient conférenciers ou publics occasionnels, en même temps que des gens qui étaient présents dans un amphi de faculté. Contrairement à toutes les prévisions, tout à fonctionné à merveille pendant les trois journées auxquelles j’ai participé. Ayant animé une table ronde avec une intervenante à mes cotés et un intervenant depuis « second life », je craignais le pire. En fait il n’en a rien été. Tout à parfaitement fonctionné. Même s’il semblerait nécessaire d’améliorer quelques aspects ergonomiques ce mode de fonctionnement croisé (le colloque était retransmis sur second life en très léger décalage de 5 seconde et la salle pouvait communiquer avec les visiteurs virtuels moyennant une petite manipulation technique), le résultat était étonnant.

Quelles conclusions tirer de ces observations : – L’usage des technologies dans un colloque nécessite un appui technique de qualité, soit en amont de l’usage soit même au cours même des usages. – Les plus brillants des universitaires spécialisés dans le domaine des TIC ne sont pas forcément les meilleurs utilisateurs de ces TIC, ni sur la dimension purement technique, ni même sur l’intégration pédagogique de ces TIC (décalage image et propos étant le plus courant). – Ce n’est pas la sophistication qui pose problème, c’est la compréhension du dispositif choisi qui doit être clarifiée par les usagers

Plus généralement, j’étais attéré en voyant ces universitaires émérites et reconnus se débattre avec une maladresse étonnante avec ces moyens, voire se mettre en scène comme le plus ignorant des usagers en essayant tous les boutons sans chercher à comprendre, puis mettant la responsabilité sur le dos de la technique, d’abord, du technicien, ensuite, de la fatalité, enfin, quand ils ne peuvent plus se protéger…. J’étais ravi d’avoir pu animer et participer à un dispositif qui avait si simplement et évidemment intégré « second life » à titre expérimental avec autant de succés. J’ai compris que de nombreuses difficultés humaines sont dues à « l’inhibition de compréhension » que provoquent certaines situations… De cette inhibition nait une résistance, un refus, une diabolisation qui évitent de poser le vrai problème : quel est mon niveau de compréhension du monde qui m’entoure ? Bizarre que des gens dont le métier est d’améliorer constamment la connaissance du monde environnant soit autant en difficulté face à ces situations. Ne faut-il pas alors questionner leur mode de rapport au monde ?

A débattre

BD

3 Commentaires

  1. Le problème c’est qu’il y a trop d’universitaires qui s’expriment sur les TIC sans vraiment maîtriser un minimum la technique. Certains ne savent d’ailleurs guère de quoi ils parlent en fait.
    La question technique est alors remisée au second plan pour privilégier celui moins risqué des usages.
    La retour de Simondon au goût du jour changera-t-il la donne ?

  2. Excellente conclusion!

    • Patricia sur 19 octobre 2007 à 22:17
    • Répondre

    Nous avons tous vécu ce genre de conférences : Un vidéoprojecteur qui ne projette pas car rien ne s’affiche, un câble oublié, une clé USB non adaptée, des vidéos qui ne s’ouvrent pas, des diaporamas illisibles, un lien qui ne va nul part, Internet qui ne fonctionne pas, le réseau en panne, le fichier qu’on ne peut pas lire, une image illicite qui s’ouvre alors que l’on parlait de sécurité !
    J’ai remarqué que dans ces moments les gestes les plus simples ( voir les plus évidents) deviennent très compliqués comme si il était imposssible de lier technique et mental, les décisions prises sont souvent sans effet, voir absurdes !
    Le stress technologique produit sur les personnes des effets bien surprenants !

    A lire : Christian Morel : "Les décisions absurdes" (Sociologie des erreurs radicales et persitantes) Gallimard -Folio essais

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