En largeur ou en profondeur ?

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Le développement des accès à toutes sortes d’information (en particulier avec les TIC) a multiplié pour chacun de nous les sollicitations intellectuelles, cognitives et provoqué, parfois une saturation, une impression de ne plus savoir où donner de la tête. Simultanément de nombreux enseignants déplorent la perte d’attention des enfants et la difficulté à les maintenir concentrés sur certains apprentissgaes. Et pourtant ils constatent que, dans certaines situations, ils sont capable d’un effort de concentration et d’attention soutenu. C’est particulièrement le cas lorsque les jeunes se mettent en projet et se passionnent, comme s’ils jouaient.
Certains enseignants, à l’instar des courants pédagogiques socio-constructivistes, ont insisté sur une pédagogie centrée sur le projet afin de permettre aux élèves de retrouver de l’intensité durable dans les activités proposées dans le cadre scolaire. Mettant en oeuvre cette pédagogie pour tout ou partie de leur enseignement, ils ont observé que les jeunes approfondissaient ainsi certains aspects de ce qu’ils devaient apprendre, mais que cette approche les amenait à délaisser d’autres apprentissages, d’autres connaissances qu’ils n’avaient alors pas le temps suffisant de consolider. D’autres enseignants, plutôt centrés sur les pédagogies behavioriste, comportementaliste, ont été étonnés de voir baisser la capacité des élèves à approfondir par eux mêmes des champs d’apprentissage, se contentant de travailler pour la note, le court terme et souvent oubliant tout ou partie au bout de quelques temps. Paradoxe, l’apprentissage en profondeur et l’apprentissage en largeur posent chacun des problèmes aux extrémités. Que dire d’un élève qui passant d’un seul enseignant à dix enseignants différents le temps de l’entrée en 6è ? Qu’il va apprendre à travailler en largeur en zappant entre les cours alors qu’il avait appris à travailler en profondeur dans sa classe de fin de cycle 3.
Le développement d’Internet semble favoriser, à la suite de la télévision, le zapping. En tout cas c’est ce dont témoignent nombre d’enseignants. Les enseignants documentalistes expliquent souvent que les élèves ont du mal à rester sur la recherche qu’ils ont engagée, attirés qu’ils sont par les découvertes qu’ils font au hasard (plus ou moins grand) des liens cliqués. En fait, il semble qu’il faille noter que l’absence de « grammaire » du web et d’une représentation claire de l’espace web et ainsi que l’attirance de la nouveauté libre que constitue internet soient autant d’éléments pouvant expliquer les choses.
A y regarder de plus près, en réalité nous passons notre temps entre la largeur et la profondeur, nous adultes qui pourtant mythifions souvent à outrance la profondeur considérée comme nomble à l’opposé de la largeur que nous fustigeons souvent au nom de la superficialité… « tu n’approfondis pas ». Et pourtant toute la vie est faite de ce dilemme face auquel il faut bien se situer. Il suffit de voir des adultes en situation d’écrire de manière prolongée pour s’apercevoir que pour les adultes aussi la profondeur n’est pas si simple que cela.
Internet, les écrans, les sonneries sont de plus en plus sollicitants : les laissons nous envahir notre sphère de concentration ou savons nous les situer dans notre gestion de largeur ou de profondeur. Savons nous encore passer d’un univers à l’autre. Cette discipline est pourtant essentielle si nous voulons pas être soit dépendant de l’immédiat, soit sourd aux « bruits » du monde.
Entre largeur et profondeur, je refuse de choisir, passant de l’une à l’autre, m’obligeant à éviter l’hégémonie de l’une des deux, pour raison de « santé mentale »…
A suivre…
BD

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