Serious games, réalité augmentée etc… nouveau paradis ?

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Pour exister dans l’univers médiatique global (Internet inclus), il est essentiel de trouver de nouveaux « mots clés » qui, quelques soient les réalités conceptuelles sous-jacentes vont séduire les intermédiaires que sont nombre d’Internautes qui passent beaucoup de temps à traquer les nouveautés sur Internet. On se demande d’ailleurs si ces « nouveautés » apparentes n’existent pas pour rapporter de l’estime à ceux qui en parlent, au détriment même parfois de ceux qui le font. L’important est souvent que le propos arrive à un moment opportun pour être porté par les pseudo découvreurs de nouveautés qui en réalités ne sont que des prolongements de choses qui existaient parfois depuis longtemps, mais restaient confinées dans des cercles restreints, car peu accessibles au grand public. Deux exemples illustrent cela : les jeux sérieux et la réalité augmentée. Le buzz fait autour de ces deux expressions laisse rêveur. A-t-on oublié le passé, parfois ancien au nom de la nouveauté de la modernité… ? Les TIC, parce qu’elles portent cet aura de nouveauté, sont particulièrement propice à cela.
Dans cet ouvrage déjà ancien : PARISET M., ALBERTINI J.M., (1980), Jeux et initiation economique,Paris, CNRS, 197 p., on retrouvera les fondements d’un travail  sur le jeu pour enseigner et surtout apprendre entamé par Jean Marie Albertini en particulier dès le début des années 80. Quand on sait que cet auteur a été l’un des piliers de l’ARDEMI, on ne peut qu’être surpris de voir que l’on ne se tourne pas davantage vers celui-ci pour évoquer la question des jeux sérieux. On voit là que nombre d’entre nous ne faisons pas le travail classique qui consiste à la recherche d’antériorité. Non pas que cette démarche soit éclairante systématiquement, mais simplement pour se rendre compte que l’histoire d’une innovation est un cheminement lent et tortueux et qu’il convient de ne pas se laisser attirer par les sirènes de la nouveauté systématique… On voit bien que les commerçants ont tout intérêt à surfer sur l’idée de nouveauté afin de promouvoir médiatiquement leurs produits. S’ils se mettent à dire que cela n’est que l’évolution d’un travail ancien dont on a déjà exploré de nombreux aspects, on voit tout de suite que le relais médiatique ne se fera pas. Or le problème actuel de nombreux média est le rapport trouble qu’ils entretiennent avec ces pseudos nouveautés. Ils sont des relais efficace des inexactitudes qui servent à faire vendre. Ils ne font pas leur travail, si en face d’eux ils ne rencontrent pas des personnes qui ont ce même souci.
Dans le cas de la réalité augmentée, on observe un phénomène voisin. Certes la technologie a fortement accéléré le processus, mais il y a bien longtemps que la cartographie, par exemple, est à la base de l’augmentation de la réalité du terrain sur lequel je suis. On pourrait citer de nombreux exemples similaires. Mais la magie des mots est plus forte que l’analyse un tant soit peu rigoureuse. Du coup il est difficile pour le néophyte de reparcourir le chemin de l’innovation à l’envers s’il n’a pas les repères. Or c’est bien le travail de l’innovateur que de faire cette démarche et cela d’autant plus qu’il s’appuie souvent sur ces bases, mais qu’en fait il l’ignore le plus souvent. Il nous arrive parfois de se croire innovateur alors que l’on ne fait que redire ce que l’on lu ou entendu sans parvenir à resituer ce souvenir. C’est pourquoi le devoir de rigueur est de déconstruire son innovation en en retraçant l’histoire… ou au moins en recherchant les paternités possibles;
Comme on peut le constater, il y a là un terreau de réflexion pour l’éducation et l’enseignement par rapport aux discours médiatiques ambiants. Ainsi il suffit de parcourir la presse récente à propos de la grippe ou de l’enseignement de l’histoire et géographie pour se rendre compte que cette absence de travail généalogique provoque du trouble et de l’incompréhension. D’ailleurs le lobbyiste tout comme le militant de la dernière heure savent utiliser cette ficelle de l’absence d’origination en espérant que l’interlocuteur n’ira pas y voir de plus près.
Apprendre au jeune que « toute nouveauté a une histoire » est un élément central de la construction de la culture et en particulier la partie qui est liée au monde numérique. Malheureusement l’accélération médiatique est un élément accepté de manière inconsciente par chacun de nous et nous nous refusons de plus en plus au temps de l’étude. Et là je ne parle pas des jeunes, mais des adultes et en particulier de monde enseignant (entre autres). L’augmentation des débats et échanges sur Internet ainsi que l’enfouissement de toute réalité sous un flot informationnel de tous niveaux et de toutes intentions, croisé avec le relais pris par les médias de flux rendent cette action de plus en plus essentielle.
Une incidente à cette réflexion pourrait être une proposition pour permettre de sortir de la fausse querelle sur l’histoire et géographie en terminale S. Pourquoi  fausse querelle ? Parce que analysée partiellement de tous cotés et surtout que trop peu d’analyses réalistes, voire de simples réalités, sont appelées pour comprendre la question. Mais plutôt que d’entrer dans ce débat, je propose que l’on reprenne cette proposition reprise dans ce billet http://skhole.fr/une-science-sans-histoire par Nicola Witkowski et qu’elle se traduise par l’obligation incluse dans les programmes de ces classes d’enseigner l’histoire et la géographie présente dans toutes les disciplines traitées et en particulier dans les sciences de la matière et les sciences du vivant.
On me dira que je suis à coté de la vraie question. Je n’en suis pas sûr. En effet qu’est-ce qu’un enseignement de l’histoire si on ne relie pas le contenu avec l’ensemble des disciplines, tout comme celui de la géographie. N’est-ce pas en classe terminal que l’on peut travailler le mieux cette approche multidisciplinaire ? On le voit les TIC bousculent nos façons de penser, de débattre, de réagir. Profitons de l’occasion pour s’appuyer sur les TIC pour reconquérir le territoire culturel que certains, utilisant ces mêmes TIC, s’empressent d’embrouiller, voire de réduire à à la plus simple expression : l’audience….
Enfin à propos de ces échanges, je vous invite à lire ou relire l’ouvrage de JM Albertini, la pédagogie n’est plus ce qu’elle sera, Le Seuil/Presses du CNRS, 1992. – 303 p. Il y a de quoi aider à penser le nouveau lycée….
A suivre et à débattre
BD

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