Etre tout le temps connecté ?

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Deux tendances actuelles dans le domaine des TIC impliquent une connexion permanente (ou presque) sans fil (ou avec) à un réseau : le nuage et les tablettes numériques. Cette évolution suppose donc que dès que je mets l’appareil en état de fonctionner, il doit se connecter au réseau et y rester suffisamment longtemps…. pour permettre son utilisation. Cette idée qui d’après certains serait porteuse d’avenir pose pourtant quelques problèmes qui méritent l’attention. D’une part, il faut se demander si actuellement la couverture Internet (wifi, 3G etc…) est complète et assure automatiquement la continuité de la connexion. D’autre part il est nécessaire de situer cette possibilité permanente de connexion sans fil dans le contexte de protection de la santé du fait des ondes émises par les antennes et des rayonnements électromagnétiques des machines utilisées.
Pour ceux qui, comme moi ont une vie partiellement nomade (2 à 3 jours par semaine en déplacement en moyenne), cette continuité est quotidiennement mise à l’épreuve aussi bien pour le wifi que pour le 3G (sur ordinateur ou sur terminal mobile connecté). Compte tenu des coûts et des débits, il est préférable de se connecter en wifi (voire en filaire dans certains lieux) dès que l’on arrive à un point fixe. Malheureusement dans de nombreux établissements scolaires (dans lesquels je travaille) ou dans les lieux d’hébergements, il nous faut effectuer, encore, des manipulations techniques qui ne parfois pas à la portée du néophyte. Même si cela s’améliore constamment, il y a encore de nombreux problèmes, en particulier quand on se retrouve dans des établissements scolaires pour lesquels les responsables informatiques ont particulièrement sécurisé le réseau (clé de sécurité, identification MAC, proxy, etc…) Autrement dit la continuité wifi reste un problème et l’arrivée des applications en nuage ne permettra pas encore au nomade de se déplacer sans risque de ne pas se connecter.
Il y a le 3G (ou plus) qui se déploie. Outre les débits encore modestes, il y a encore des zones de non couverture partielle (dégradée) ou totale (zone muette). L’avantage essentiel est bien évidemment que l’on n’a pas à configurer son accès selon le lieu où l’on se trouve. Si l’accès existe, alors on est connecté. On le voit cette continuité là est bien préférable à la précédente, mais ce sont les débits qui manquent.
Quand on regarde les différents abonnements aux clés 3G et aux téléphones de même capacité, on s’étonne de voir qu’il n’y a pas continuité des abonnements et qu’il faut surajouter l’un à l’autre. Ainsi n’est-il toujours pas autorisé (sauf paiement spécifique je crois, où contournement des règles) de se connecter au 3G avec son ordinateur par l’intermédiaire de son téléphone portable à l’accès illimité à Internet ? Quand on a l’habitude d’utiliser tous ces moyens de connexion, on ne peut que s’interroger sur ces discontinuités de lien avec le réseau.
Et l’avenir alors ?
Si l’on considère que la question de la santé est éclairée de manière « saine » et « honnête », alors il n’y a plus qu’à réfléchir au devenir de ces connexions. La révolution viendra du premier opérateur qui proposera en un seul abonnement l’ensemble des connexions de manière transparente et instantanée, sans avoir à reconfigurer le terminal à chaque changement. Imaginons une installation de ce type, une étape importante sera franchie pour l’usager et pour la facilité d’accès. Les difficultés techniques sont en voie de s’estomper à nouveau.
Qu’en est-il d’une vie connectable en permanence ? Un certain nombre de jeunes et d’adultes l’expérimentent déjà pour peu qu’ils en aient les moyens financiers et techniques. L’engouement symbolique et médiatisée pour la nouvelle tablette d’Apple, de même que pour les Smartphone, nous indique que cette permanence ne semble pas faire peur. La question qui se pose est en réalité celle de la maîtrise de son temps et de son espace personnel. Et ce n’est pas complètement nouveau, mais pourrait devenir une question centrale d’éducation. Dans une salle où l’on rassemble un auditoire qui a des ordinateurs portables connectés au wifi, il est ordinaire que les participants suivent des parcours différents, en fonction de leur usage des machines (et bien évidemment des autorisations). Il n’est pas rare en fin de réunion de constater que, pour plusieurs participants, l’on s’est déconnecté de l’ici pour aller en ligne à plusieurs moments.
La récente interdiction du téléphone portable au collège (sénat) pour des raisons de santé ne doit pas occulter une évolution qui devra être prise en compte dans les prochaines années : l’usage par les élèves de terminaux portables connectés en permanence pourra être sollicitée dans la classe et voire même devenir un mode normal de travail scolaire (pour peu qu’on invente la pédagogie qui va avec..).
La continuité est  déjà une source d’interrogation dans de nombreux milieux et l’ouverture du pédagogique et du didactique des enseignements par les ENT   (circulaire de rentrée du 8 mars 2010) la pose dans l’enseignement scolaire. On peut s’attendre à des modifications significatives des relations entre enseignants et élèves. Récemment dans un établissement sur 20 enseignants de classe de 2de, 10 avaient donné leur adresse de messagerie professionnelle et avaient des échanges réguliers avec leurs élèves. Ils en témoignaient une réelle satisfaction, sans pour autant déplorer la modification progressive de leur mode d’organisation du travail. Autrement dit la continuité humaine est déjà en marche bien avant les possibilités techniques. On peut envisager que l’avenir du métier d’enseignant dans un tel contexte va subir des modifications significatives dont on espère qu’elles seront traduites dans les textes officiels autrement que par des injonctions, mais bien par une réorganisation plus globale de l’espace temps scolaire.
A moins que le sanctuaire ne soit activé, coupé du monde numérique. Certains le pensent, mais la réalité quotidienne  montre que la brèche est déjà ouverte chez nombre d’enseignants. Reste à accompagner cette évolution de la continuité informationnelle et communicationnelle par un véritable projet pour le système scolaire à venir…
A suivre et à débattre
BD

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