De l'obsolescence du droit de réponse sur Internet

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A plusieurs reprises de récents propos lus sur des sites Internet ou dans des forums ou autres messageries évoquent la demande d’un droit de réponse à un texte publié sur un site Internet. Ainsi récemment, des droits de réponse ont été demandés au Café Pédagogique suite à la publication d’articles ou de chroniques. Droit de réponse, droit de réplique, courrier des lecteurs, sont-ils des formules adaptées à un vecteur comme Internet dont la caractérisrique principale est de permettre à quiconque de mettre à disposition de tous son opinion, ses analyses, son carnet intime…. La récente mésaventure d’Emmanuel Davidenkoff (ou celle encore du Blog de PA Perissol) est aussi illustrative de la pertinence de cette question. Ouvrant un blog, il a été étonné de lire un grand nombre de commentaires très agressifs de la part de contributeurs anonymes ou non. Ainsi il mettait en évidence le « droit de réponse permanent » que peut constituer ce qui est nommé blog, mais qui est en fait devenu un forum. L’un des demandeurs de droit de réponse avait, en plus de cette demande, publié sa réponse sur son site spécifique. Autrement dit, il avait exercé son droit de réponse sur Internet. Cette conception du droit de réponse n’est que la simple transposition du modèle papier vers les sites en ligne? Quel est le vecteur : le site ou Internet. L’origine du droit de réponse tient au fait que dans un journal sous forme papier, la possibilité de publier est strictement en lien avec la technique et la structure technique du média (fabrication et diffusion). Pour être l’équivalent d’un journal papier, il faut avoir des moyens financiers très importants. Sur Internet les choses sont différentes : la mise en ligne de contenus et leur diffusion est d’un coût très minime, voire quasiment gratuit. Du coup celui qui veut s’exprimer peut s’exprimer sur son propre site et tenter ainsi de rassembler vers lui les gens qui acceptent son point de vue. Il attire ainis vers son site des lecteurs qui étaient sur d’autres sites. Le succés et le mode de fonctionnement de certains sites en ligne ont amené certains contradicteurs à tenter de les assimiler à de la presse classique. Cette tentative est à mon avis déplacée et doit être combattue. En effet rien n’interdit à tel ou tel contradicteur d’ouvrir son propre site ou de s’exprimer dans les espaces ouverts. Si Messieurs Perissol ou Davidenkoff se sont risqués ainsi à ouvrir des forums (et non des blogs, je le rappelle) il est normal que ces dérapages nombreux se produisent chacun ayant le droit de s’exprimer. On peut d’ailleurs se demander si un journaliste qui met en oeuvre une telle pratique n’est pas en train de « s’alimenter » et de spectaculariser son travail. Si par contre un site n’ouvre pas d’espace de mutualisation c’est qu’il souhaite adopter une autre posture. Pour ma part c’est celle-ci que je défendrais en me basant sur quelques principes simples : le débat est une nécessité vitale s’il respecte les règles de civilité et d’éthique essentielles; l’argumentation se doit de rechercher en permanence la rigueur et l’honnêteté intellectuelle voire la scientificité, la contradiction est une nécessité qui doit faire partie de la charte du site, si cette contradiction respecte les deux premières règles. Melheureusement les dérives perçues dans les propos de contradicteurs potentiels qui demandent un droit de réponse me prouvent que les deux premières règles sont parfois maltraitées. Les injures, les procés d’intention, les sous entendus deviennent l’ordinaire des messages reçus ici où là. Ainsi de prétendus défenseurs de la république, des fondamentaux et des savoirs (ce sont eux qui prétendent cela) s’autorisent-t-ils à utiliser une réthorique qui utilisent ce type de propos. Cette pratique pose un réel problème pour qui veut s’ériger en éducateur de la jeunesse : peut-on accepter que d’aucuns se permettent de tels pratiques alors qu’ils réclament de la jeunesse une autre conduite. Je ne suis plus étonné du vocabulaire de certains jeunes de nos classes ou de nos rues quand je lis les propos de certains adultes. Je ne m’étonne plus ni de la violence, verbale ou physique, ni de la mégalomanie ambiante, ni de cet esprit de concurrence et de gagneur qui traversent actuellement de façon plus criante la société et Internet en est une belle illustration. Que dois-je dire à mes enfants si les adultes qui les entourent, voire qui leur enseignent, ont de telles attitudes ? La société du spectacle prend une nouvelle tournure sur Internet

A suivre et à débattre

Bruno Devauchelle

PS pour illuster ceci allez aux adresses suivantes (si les messages n’ont pas été effacés) : http://www.perissol-education.net/ http://education.blogs.liberation.fr/

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