L'angoisse du débit !!! et au delà…

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Au cours des trente dernières années, ayant été souvent en déplacement, est apparu un problème de plus en plus important : comment accéder aux ressources nécessaires dont on peut avoir besoin pour travailler au quotidien. Fréquentant de plus assez souvent les établissements scolaires, cette question s’est rapidement enrichie de la suivante : comment faire en sorte qu’un établissement, les enseignants, les personnels et les élèves puissent avoir accès aux ressources dont ils ont besoin pour le travail et les apprentissages. Parmi les évolutions les plus significatives des dix dernières années est arrivée celle de la nécessité de se connecter au réseau Internet pour mener une activité numérique, en particulier éducative.
Si l’on se rappelle encore la période d’avant internet (globalement avant 1998 voire 2002) on s’aperçoit que l’on, a vécu longtemps sans avoir besoin de se connecter à « l’extérieur » pour avoir un usage normal des ressources numériques à disposition. En effet, les programmes et autres contenus étaient soient stockés sur l’ordinateur lui-même soit sur disquette, DVC ou CD… Depuis près de dix ans maintenant nous prenons l’habitude de « penser connectés ». Autrement dit nous faisons de manière ordinaire confiance au fait que l’on pourrait surement se connecter pour récupérer ses données en ligne. Le développement du nuage a eu comme première conséquence de développer les espaces de stockages en ligne et ensuite de permettre un usage de plus en plus large d’applications, elles aussi en ligne. Mais encore faut-il pouvoir se connecter… et ensuite avoir un débit suffisant pour travailler dans un relatif confort.
1 – vitesse de connexion
Nous avons tous oublié les « 1200/75 » bauds réversibles du minitel 2. Etonnante machine qui permettait de recevoir et d’émettre à des vitesses très faibles, mais de manière finalement assez fiables. L’arrivée de l’ADSL à la fin des années 90, succédant triomphalement à Numéris, désormais tombé aux oubliettes, avait donné un espoir immense surtout que le wifi avait accompagné cette évolution ainsi que la téléphonie portable. Car cette convergence, finalement très récente, que nous nous empressons d’oublier, a développé chez chacun de nous une représentation du confort de la connexion permanente et en tous lieux. Si sur le papier cela est vrai, il faut quand même relativiser la réalité des pratiques.
2 – mode d’accès
Allez ainsi dans certains lieux académiques (ou non) et demandez à pouvoir connecter votre ordinateur à Internet et vous risquez de voir apparaître une complexité parfois sidérante (proxy, certificats..) qui s’oppose à une ouverture, une facilité, dignes de celle proposée par un distributeur célèbre de pains ronds enserrant de la viande hachée augmentée de goûts…  facilité vécue au quotidien par chacun de nous. Si se connecter relève parfois du parcours du combattant (et peut prendre parfois plusieurs mois), pouvoir travailler une fois connecté relève aussi parfois de l’exploit, selon le lieu, l’heure et la modalité de travail souhaitées.
3 – continuité d’accès,
Les travailleurs nomades savent bien que l’un des verrous est la capacité à « configurer » la machine pour accéder au réseau à l’endroit où l’on se trouve. Arrivant dans un lieu où l’on vous donne un code d’accès et un mot de passe, s’ajoute souvent la nécessité de modifier des paramètres. Et cela change d’un lieu à l’autre, car ce serait trop simple si cela était unifié. Entre l’ajout d’un proxi, le choix d’un certificat, une adresse IP fixe et autres paramètres à préciser, sans compter le type de réseau souhaité (3g, 4g, wifi etc) le non spécialiste peut vite se retrouver dépendant d’un service technique. Il y a plusieurs mois un précédent billet parlait de la continuité d’accès et donc le maintien connecté sans reconfiguration. Force est de reconnaître que si cela s’améliore (du coté des smartphones et autres tablettes, on est bien loin du compte par ailleurs, à moins d’ajouter une clé 3G à l’ordinateur et, bien évidemment, de payer en plus. Dans un contexte scolaire, les élèves qui auront la 3g voir la 4g pourront bien se moquer de l’enseignant au prise avec le réseau de l’établissement à la bande passante saturée et lui faire remarquer ce fait.
4 – fonctionnalités et filtrage/contrôle
Enfin le nomade sait aussi que, lorsqu’enfin il est connecté, il lui faut savoir ce qu’il peut faire, ce à quoi il est autorisé. L’élève devant l’erreur 404 ou devant un écran l’avertissant de l’interdiction d’aller sur tel ou tel site, va vite avoir recours à d’autres ficelles pour faire ce qu’il a besoin de faire. Il n’est pas rare que votre logiciel de messagerie soit partiellement ou totalement incapable de recevoir ou d’envoyer un message. Dans ce cas il faut passer par le webmail et si l’on gère plusieurs adresses il faut alors refaire à chaque fois la manipulation. Il est certain que si je reste à mon bureau toute la journée avec une machine fixe reliée au réseau, le problème sera réglé différemment. L’enseignant qui travaille sur plusieurs établissements doit non seulement s’adapter à ces configurations, mais en plus il se peut que les services disponibles soient différents (pas le même ENT, pas les mêmes ergonomies, services, outils…)
Certains ont fait un rêve : chacun viendrait à l’école avec sa machine perso et sa connexion perso ! Ainsi plus besoin de mettre en place des réseaux (la 3g ou la 4g feraient l’affaire ou encore les wifi public). Plus besoin d’acheter de machines aux personnels et aux élèves, ils amèneraient la leur (c’est d’ailleurs de plus en plus le cas). Ainsi l’administration informatique changerait-elle de forme, en se souciant plus de l’infrastructure matériel, pour ne s’intéresser qu’à la dimension logicielle… et encore…
D’autres ont fait un autre rêve : limiter les possibilités et imposer aux usagers un modèle unique et commun à tous. On réduirait ainsi un grand nombre d’incidents et problèmes et ont pourrait se consacrer aux contenus… Ce modèle serait certes totalement différent de celui qui existe en dehors du monde scolaire, mais au moins il répondrait d’une certaine façon aux questionnements posés précédemment.
Il reste une question récurrente qui finalement est présente derrière bon nombre d’évolutions des machines et objets numériques : individuel ou collectif , Cette opposition qui travers plus largement les institutions et notre société est au coeur de nombreux débats techniques ou non. Faut-il mieux une machine personnelle pour l’élève ou une machine collective pilotée par l’enseignant ? Faut-il mieux laisser se développer des pratiques personnelles au sein des institutions ou, au contraire, les interdire et faire adopter un autre modèle ?
En conclusion, la question des infrastructures est toujours aussi vive. Mais elle ne se pose pas qu’en termes de débit ou de connexion. Le développement du numérique dans les institutions scolaires ou non suppose que la souplesse d’usage soit prise en compte, mais aussi que cette souplesse s’accompagne d’une fiabilité et d’une robustesse suffisante. Est-ce que cela est possible ?
A suivre et à débattre
BD

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