Une article ancien et toujours d’actualité

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Je viens de retrouver ce document que j’avais rédigé en 1999. Étonnamment, alors que la crise sanitaire n’est pas encore terminée et que la distance en enseignement a semblé être une découverte, ce texte reste actuel ou plutôt il rappelle que nous n’avons pas su anticiper sur l’hypothèse de l’hybridation  (ici FOAD) alors que depuis de nombreuses années, cette question est travaillée. Mais la mémoire en éducation est souvent défaillante… et on ne construit pas sur ce qui a été travaillé avant. Comme si on recommençait à chaque fois à zéro….

Dommage…

 

Introduire des dispositifs d’enseignement et de formation ouverte et à distance dans le système scolaire français – 01 1999

 

 

On observe un peu partout dans le monde un certain nombre de développements autour de l’utilisation d’Internet pour accompagner les enfants dans leurs apprentissages scolaires. Ce mouvement est initié en premier lieu en dehors de l’école. Ce sont les spécialistes du « bien culturel éducatif » qui en sont les premiers acteurs, ciblant les familles et leur volonté de réussite pour leurs enfants. Du côté de l’institution scolaire française la place du lieu école est au centre de débats importants sur l’éducation et l’utilisation des technologies pour enseigner à distance n’a pas de place dans le discours sur la formation à l’école, au collège et au lycée. Tout comme en France, hormis les pays ayant des géographies particulières, les autres pays occidentaux gardent au lieu école son exclusivité. Toutefois des mouvements dissidents, principalement issus de parents, tendent à favoriser le développement d’outils d’enseignement à distance. C’est ainsi que des familles américaines retirant leurs enfants du système scolaire traditionnel utilisent les nouvelles technologies pour leur permettre de suivre une scolarité satisfaisante.

Cet ensemble de mouvements peut paraître pour certains un signe de changement et pour d’autre un épiphénomène. On peut toutefois noter que l’INRP n’est pas resté à l’écart de cette question en organisant des rencontres et des colloques sur ce thème, jusque dans ses locaux, ce qui est symboliquement important, même si le discours des responsables de cet institut ne laisse pas la place à un volontarisme expérimental, mais plutôt à une observation des évolutions.

 

  1. – Problématique

 

2.1. La place de la réussite scolaire dans la vie d’un individu

L’évolution sociale des 20 dernières années a remis en cause la place de la réussite scolaire dans le parcours de vie d’un individu. Dans les discours, il est banal d’entendre dire que l’on fera plusieurs métiers au cours de sa vie professionnelle. Il devient aussi de plus en plus banal de dire que l’école ne sert plus pour l’ascension sociale (Philippe Meirieu, Télérama n°2557, 01/99 p.3839). Cette remise en cause de l’école touche aux finalités de l’école et aux fondements de la société. Dans ce contexte, la place prise par l’informatique dans la vie quotidienne et professionnelle de chaque individu est devenue tellement importante qu’une prise de conscience s’est produite qui amène les parents à s’équiper à la maison d’appareils informatiques et à demander à l’école de faire de même.

Si la place de l’école dans le dispositif social reste l’objet d’un large consensus, c’est sur les moyens et aussi les finalités qu’elle emploie actuellement qu’il y a débat. De nombreux acteurs sociaux se sont emparés de la question et l’irruption importante des acteurs de l’entreprise dans le débat, aussi bien dans le cadre du développement des partenariats que dans celui de la mise en place de filières d’enseignement hors l’école, est un indicateur de la remise en cause actuelle.

 

2.2. Les exclus du système scolaire

La permanence de l’échec scolaire et le grand nombre de jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification a été l’occasion d’une réflexion maintenant ancienne et la mise en place des dispositifs de type DIGEN à partir des établissements scolaires. D’autre part l’accès à l’enseignement s’avère très difficile pour certains jeunes rencontrant des difficultés personnelles ce qui a amené l’éducation nationale à détacher des enseignants pour des missions spécifiques dans des milieux spécialisés, santé, aide social, carcéral.

 

2.3 Les malades

Les difficultés rencontrées par les jeunes souffrant de maladies physiques ou mentales ont pour conséquences fréquentes de les éloigner de l’école. Le détachement d’enseignants auprès d’eux et maintenant la mise à disposition d’accès à distance permettent de développer des systèmes d’enseignement à distance pour des jeunes en difficulté de scolarisation. Ces expériences restent toutefois assez isolées, mais le développement récent d’un site Internet par le CNED est un indicateur d’un changement progressif de stratégie.

 

2.4, Les échecs

Les enfants en difficulté voir en échec scolaire peuvent être amenés à chercher hors de l’école des ressources pour compenser ces problèmes. Cibles premières des sociétés qui vendent des produits parascolaires, les familles de ces enfants. Ces entreprises développent des produits qui sont censés permettre de remplacer ou de compléter l’apport de l’école en vue d’une intégration sociale meilleure. Avec le développement d’Internet ces services se sont rapidement multipliés. Les éditeurs qui orientent traditionnellement leurs activités vers ces publics ont vite mis en place des outils pour cet objectif. Ainsi Bayard-Presse, Hachette ou France Télécom interactive ont-ils proposés des sites à accès par abonnement payant pour accompagner les enfants dans leurs apprentissages scolaires. Dans un cadre bénévole, un site comme Cyberpapy propose à des jeunes l’aide de personnes âgées, souvent d’anciens enseignants, en vue de leur permettre de faire leurs devoirs.

 

2.5. Les sorties volontaires

Appelés “Drop out » en Amérique du Nord pour ceux qui sont en difficulté et qui décident de renoncer à l’école, ces jeunes rejoignent le grand nombre d’enfants qui abandonnent le système scolaire soit pour rentrer dans une vie active chaotique, soit pour apprendre en dehors du système scolaire. Deux types de populations appartiennent donc à cette catégorie. Si la première constitue un groupe en rupture avec la société, la deuxième, au contraire constitue un groupe qui dans le cadre d’une société libérale souhaite avoir la totale liberté de son parcours d’apprentissage en maîtrisant l’ensemble des paramètres permettant de constituer un environnement favorable à l’apprentissage et surtout à l’intégration sociale. Rejoignant parfois la pratique ancienne du préceptorat, cette population est très sensible aux nouveaux moyens de communication à leur disposition. L’usage d’Internet est donc particulièrement intéressant pour ces jeunes qui y retrouvent une structure possible pour apprendre.

 

2.6 Les espoirs de la formation à distance

De nombreux discours autour des nouvelles technologies ont donc été centrés sur la possibilité d’introduire de la formation à distance dans l’enseignement scolaire. Si pour une part, ces discours s’appuient sur ces populations que l’école n’atteint pas ou plus, pour une autre part, on voit apparaître un discours qui propose une introduction possible des technologies à distance dans les cursus de formation. C’est ainsi que l’une des 153 propositions de François Bayrou, alors ministre de l’éducation proposait de favoriser dans les établissements l’enseignement de toutes options possibles par le biais de la téléformation assistée par ordinateur. Ainsi, à l’aide de la visioconférence, d’Internet, de supports vidéo et/ou multimédia, il devenait possible de proposer tous les enseignements dans tous les établissements, même en l’absence d’enseignant physiquement présent. Suite à ces propositions, des projets se sont développés tels l’enseignement du chinois dans un établissement d’Aubenas en Ardèche.

L’idée de la formation tout au long de la vie ainsi que l’échec relatif des formations traditionnelles du CNED basées sur l’écrit sont porteurs d’un renouveau de l’hypothèse formation à distance basée sur les nouvelles technologies. Avec l’arrivée de la notion de « formation ouverte », le changement qui est proposé est d’introduire une modularité, une souplesse dans les dispositifs de formation et d’enseignement. Les espoirs mis dans le déploiement de ces nouveaux outils au service de la formation continue provoquent aussi des espoirs pour l’enseignement.

 

2.7. L’industrialisation de la formation, de l’enseignement, et de la culture

Depuis l’ouvrage de Robert Ballion sur le consumérisme scolaire au début des années 80, les chercheurs se sont penchés sur la question du développement d’un marché de l’enseignement. Si du côté des parents, des comportements de consommateurs ont pu être clairement observés (Langouët) on a pu dans le même temps observer le développement d’une industrie du parascolaire (Charles Coridian). Pour ce qui est de l’école, la mainmise de l’état sur le système éducatif a limité toute possibilité de développement d’un enseignement du fait de son contrôle sur l’obligation scolaire et sur la certification des formations Même si certains groupes professionnels ont utilisés les espaces de liberté pour développer des filières d’enseignement « privées », le marché de l’enseignement est resté globalement en dehors de cette évolution.

Avec l’arrivée d’Internet, en particulier, les frontières qui pouvaient permettre à un état de contrôler les mécanismes d’enseignement sont tombées. Rien n’empêche, à condition de rester dans le cadre de la scolarité obligatoire, quiconque d’avoir recours à des systèmes d’enseignement qui pourraient venir du monde entier. C’est ainsi que certains opérateurs de formation professionnelle proposent déjà des formations universitaires via Internet et que l’on voit se développer, à titre gratuit, des espaces d’enseignement, totalement incontrôlés, proposés à ceux qui le souhaitent sur Internet. Entre ces deux pôles toute une gamme de « produits » sont en train d’apparaître sur le marché, proposés soit en direct aux familles, soit, et c’est nouveau, proposés aux enseignants et aux établissement scolaires.

 

2.8 Question : L’intégration de la FOAD dans le système éducatif traditionnel ?

L’ensemble des tendances que nous avons pu observer au cours de ces dernières années amènent à se poser cette question : L’enseignement scolaire va-t-il être touché par le développement des formations ouvertes et à distance ? En effet, est-il possible d’envisager une évolution de l’école qui dans l’avenir intégrerait la possibilité pour un jeune de faire une partie de son apprentissage à partir de ressources qui ne seraient pas toutes présentes physiquement dans le lieu école et dont le travail se ferait hors la présence simultanée d’un enseignant et d’un élève ? A partir des observations que nous avons pu faire au cours de ces trois dernières années, l’ensemble de ces interrogations peuvent se regrouper autour de la question de savoir si dans l’école des outils, des dispositifs d’enseignement à distance peuvent se développer et à quelle condition ?

 

  1. – Contexte théorique

3.1. Le cadre conceptuel

C’est à partir du travail de Jacques Perriault, en particulier dans son ouvrage sur la communication du savoir à distance que le cadre conceptuel de la formation à distance est le mieux exposé. Autour du concept de formation, on pourra creuser les concepts d’enseignement, de mise à distance et d’enseignement ouvert.

Au-delà de cette approche des concepts centraux, 1l est important pour notre étude de se pencher sur la question des modèles d’enseignements, des théories de l’apprentissages, des théories pédagogiques. En effet derrière cette question des moyens nouveaux, c’est aussi la question des approches de l’apprentissage qui se pose. De même il sera important de se pencher sur la question de l’autoformation, de la formation expérientielle et aussi des formations informelles.

 

3.2 Les travaux sur la FOAD

Les travaux sur la formation à distance se sont multipliés dans le monde, en particulier en Angleterre autour de l’Open University et au Canada autour de la Téléuniversité du Québec. En France, trois acteurs principaux ont œuvré dans le sens de ces travaux : le CNED), déjà cité plus haut, le CNAM qui s’est engagé très tôt dans des pratiques autour de la mise à distance dans les formations et l’INRP qui, avec les initiatives de Viviane Glikman, a pu développer une réflexion sur le sujet en lien avec le groupe Teckné mené par Georges Louis Baron. On notera aussi les articles de Geneviève Jacquinot parus dès 1993 dans la revue française de pédagogie.

 

Par ailleurs des centres de formation en alternance se sont lancés récemment dans des dispositifs à distance en lien avec des sociétés comme IBM qui ont développé en leur sein des outils qu’ils proposent désormais à leurs clients. Les travaux qui émanent de ces pratiques restent encore rares.

Du côté de l’enseignement scolaire, ce n’est que récemment que l’on commence à voir apparaître des articles sur les possibilités d’apprentissage à distance, celui-ci se faisant principalement dans le cadre de l’école elle-même. Si les membres de communautés pédagogiques comme celle des enseignants Freinet ont depuis longtemps tenté d’ouvrir l’école à des collaborations extérieures, l’usage de ces relations comme moyen d’enseignement à distance est resté anecdotique. Ainsi l’école n’a donc pas intégré actuellement les notions proposées par la formation ouverte et à distance en dehors de quelques expériences dans l’enseignement professionnel et technique.

 

3.3. Les travaux sur l’autoformation, la formation expérientielle

Autour de Philippe Carré, Bernard Courtois ou Gaston Pineau, des travaux se sont développés autour de la formation des adultes. Abraham Pain en parlant de l’éducation informelle parle aussi essentiellement de la formation des adultes, avec cependant une ouverture, en tant qu’hypothèse pour un champ d’étude sur l’école et l’éducation. Au mois de Janvier 1999, les Cahiers Pédagogiques consacrent un numéro à l’autoformation. Ce thème nouveau dans le monde de l’éducation et de l’enseignement est en train de faire l’objet de recherches en lien avec les travaux des psychologues et des pédagogues. On trouve aussi des travaux de Joffre Dumazedier une analyse de l’autoformation, en lien avec la formation des adultes (cf. l’ouvrage sur Condorcet) et aussi avec la civilisation des loisirs qu’il analyse dès 1960 dans un ouvrage remarqué, qui semble montrer le tournant social auquel nous assistons en ce moment.

 

3.4 Les théories de l’apprentissage et les pédagogiques

L’ensemble des théories s’affrontent sur la place de l’apprenant et de l’enseignant dans la situation d’apprentissage. L’étude de l’acte d’apprentissage et encore davantage de l’acte d’enseignement ne s’intéresse aux apprentissages non scolaires que dans ce qu’ils interfèrent avec la situation scolaire (cf. BM Barth). C’est la psychologie (Piaget etc.…) qui s’intéresse à cette question mais comme indépendante de la question des apprentissages scolaires. On note d’ailleurs chez la plupart de ces auteurs la nécessité d’une articulation entre le scolaire et le non scolaire, mais dans la presque totalité des écrits, c’est pour mieux accomplir l’acte pédagogique dans l’école.

Toutefois, hormis Jean Houssaye qui en a explicitement parlé dans Ecole et vie active, la plupart des travaux de recherche dans ce champ privilégie, comme Neil Postmann ou Philippe Meirieu le lieu école comme lieu de construction de la société et de l’égalité des chances et c’est donc dans ce lieu que l’ensemble des enseignements doit être proposé. Ce dernier dénonce en particulier la dérive marchande et élitiste qu’il voit dans le développement d’un enseignement qui se ferait hors du contrôle des structures républicaines instituées.

 

3.5. L’analyse de la forme scolaire, ses développements, et les biens culturels éducatifs

Des travaux de recherche s’intéressent de plus en plus au développement des systèmes de formation et d’enseignement dans et hors les institutions. Ainsi à travers des travaux sur la forme scolaire, Guy Vincent nous montre comment cette forme est constante dans les discours au travers de l’histoire de l’école, renforçant en permanence un modèle figé sont la reproduction serait une demande unanime. D’autres chercheurs ont tenté de s’intéresser à ces mouvements autour du développement des éditions parascolaires, des écoles hors l’école. Ainsi Dominique Glasman observe-t-il les écoles hors l’école dans les quartiers, en particulier défavorisés, aussi Charles Coridian s’intéresse-t-il particulièrement à l’analyse au marché de l’édition des ouvrages d’aides et de soutien scolaire, de même Pierre Moeglin et Elisabeth Fichez travaillent la question de l’industrialisation de la formation et de l’enseignement au travers du développement du marché de l’éducation.

Autour de ces travaux on peut donc observer un mouvement de fond qui montre une évolution rapide des moyens que s’approprient les individus pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle dans la société.

 

4 – Contexte pratique

On peut observer actuellement un certain nombre d’initiatives autour de la formation à distance qui sont déjà porteuses d’enseignement.

4.1. La place du CNED

En ouvrant dès 1985 sa réflexion à un redéploiement de ses méthodes, le CNED a aussi introduit dans le paysage de l’enseignement scolaire la possibilité d’une utilisation de ses offres pour compléter le travail des établissements scolaires. On a d’ailleurs pu observer des établissements qui proposaient des inscriptions de leurs élèves à des cours du CNED tout en proposant un accompagnement dans le cadre scolaire traditionnel.

 

4.2 Le développement des NTIC

Le développement rapide des NTIC tant à l’école que dans les familles est générateur d’un développement de l’offre de formation à distance pour tous les publics. Sites Internet, CD Rom de soutien scolaire et autres produits d’autoformation sont mis en œuvre de plus en plus fréquemment dans les pratiques familiales et scolaires, accompagnant, dans certain cas, rares, la disparition d’une frontière entre les deux mondes.

 

4,3. Le développement des biens culturels éducatifs

Les cahiers de soutien scolaires, les cassettes vidéo de formation, la cinquième (chaîne de télévision) ou d’autres émissions télévisées comme « C’est pas sorcier » ou encore « E=M6 » sont des signes du développement de ce marché. Si deux élèves de terminal S sur trois suivent des cours particuliers, comme le déclare Philippe Meirieu, on peut se rendre compte de l’importance que prennent les pratiques familiales qui complètent les apports de l’école. Si l’on observe aussi j’utilisation par des enseignants de ces mêmes outils vendus au grand public comme support pour leur enseignement, on comprend le développement rapide de ce marché et par là même les questions qu’il pose au monde scolaire.

 

4.4, Le marché de la formation des adultes

Après la loi quinquennale sur le travail et la formation, le monde de la formation des adultes s’est progressivement modifié, devenant plus professionnel, même si les résistances ont été nombreuses à une réglementation plus sévère des organismes. C’est surtout le financement qui a été réglementé, entraînant ainsi une redistribution des cartes et une régulation progressive du marché de la formation continue. Toutefois, si cette réglementation s’est avérée indispensable, c’est qu’une mutation s’est opérée pour faire passer de la formation complément de l’activité professionnelle à la formation partie intégrante de l’investissement humain dans les entreprises. C’est pourquoi en faisant lien avec l’activité de l’entreprise, le monde de la formation a dû déployer de nouveaux moyens pour rendre plus souple la formation des salariés et ainsi développer les outils d’autoformation et de formation à distance.

 

4.5. Le développement des services en ligne sur Internet

L’observation du développement des services disponibles sur Internet au cours des trois dernières années amène à constater que l’on est passé d’une ère de l’information à une ère de l’interaction. Même si c’est dans le domaine du commerce électronique que cette mutation est la plus évidente, on observe, plus lentement, le passage de sites dits éducatifs fondés sur de l’informationnel à des sites qui sont clairement orientés enseignement à distance. Les outils se multiplient afin de permettre à des enseignants de concevoir des contenus d’enseignement à distance (exerciseur etc. cf. Toolbook ou Hot Potatoes).

 

Par ailleurs le développement de contenus directement en lien avec les programmes scolaires est désormais relayé par des instances comme le CNDP qui développe des outils pour accompagner l’enseignant à choisir l’aide des sites disponibles.

 

  1. – Quelques exemples de mise en pratique

On pourra au cours de notre étude se référer à des pratiques existantes telles celles actuellement en place. Toutefois, il est probable que le paysage de l’enseignement à distance va rapidement évoluer.

 

5.1. La formation des adultes (CUEPP de Lille)

Le CUEPP de Lille est un des plus anciens centres à avoir expérimenté l’enseignement à distance dans ses dispositifs. Travaillant auprès de publics jeunes sans qualification, entre autres ce centre a développé un réel savoir-faire et des dispositifs innovants intégrant la distance.

 

5.2. La formation des jeunes isolés (hôpitaux, prisons)

A partir des expériences de vie douloureuses, des propositions ont été faites pour permettre d’amener l’école à proximité des personnes qui en ont besoins. Si dans les prisons les expérimentations sont difficiles à mettre en place du fait de la situation carcérale, dans les hôpitaux elles se multiplient et ouvrent des voies intéressantes pour mettre en place des nouveaux dispositifs.

 

5.3. Les sites d’aide à l’apprentissage scolaire

Le développement des sites d’aide et de soutien scolaire prend deux aspects : commerciaux et non commerciaux. Quel qu’en soit la forme, ce développement montre que l’on est au commencement d’un mouvement dont pour l’instant les directions prises restent difficiles à analyser, tant elles sont pionnières et liées, pour certaines d’entre elles, à des stratégies commerciales.

 

5.3.1. Sites commerciaux

« Après l’école », « Id-Clic », « Adi » etc. sont des sites commerciaux, payants et par abonnement qui proposent à des jeunes une aide à la scolarité en leur proposant soit des contenus thématiques, soit des aides personnalisées, soit des outils d’autoformation. Conscients de ce marché, comme porteur, les initiateurs de ces projets ont anticipé les besoins des familles en matière de soutien scolaire en leur proposant des services interactifs sur Internet. Toutefois, le cap pris par ces entreprises semble aujourd’hui davantage relever d’une prolongation naturelle d’activités papiers ou CD Rom déjà existantes que de la mise en place d’un véritable enseignement à distance. Il faut donc rester dans l’attente de stratégies plus claires dans les deux années à venir pour noter l’ampleur réelle de ces pratiques.

 

5.3.2. Sites non commerciaux

Internet étant ouvert à tous, il est logique que de nombreux sites se développent autour des centres d’intérêts de tous. C’est pourquoi l’enfant qui se connecte a à sa disposition de nombreuses sources d’information et parfois même des outils d’autoformation. Lorsque l’on observe les sites d’enseignants, on s’aperçoit qu’ils sont essentiellement faits pour leurs collègues, dans le cadre d’une mutualisation, que directement pour leurs élèves. De même lorsque l’on regarde les sites d’élèves ou de classes, très peu offrent des pistes de formation à distance hormis quelques cas isolés. Ce sont, pour la plupart, des sites informatifs et de compte rendu d’activité pédagogique.

 

5.4. Les pratiques de formation à distance entre élèves et avec les classes

L’aspect actuellement le plus riche autour de l’utilisation d’Internet dans l’enseignement est celui des échanges entre classes. Des projets comme Calliopée ou Pont Com revendiquent ce statut. A partir de thématiques scolaires, des enfants échangent entre eux en vue de favoriser leurs apprentissages. Ces pratiques, souvent expérimentales, sont très prometteuse si l’on en juge les comptes rendus. Les cyber réseaux d’enseignement comme ceux du Vercors ou de la Creuse sont des exemples de pratiques qui peuvent déboucher sur de véritables pratiques d’enseignement à distance.

 

5.5. La formation dans l’enseignement professionnel : Alice

L’exemple du dispositif Alice mené par le CFA de la vente et de la distribution à Paris est une expérimentation grandeur nature de la formation à distance à travers un arsenal technologique complexe : Visioconférence, site Internet et messagerie, supports sur CDRom etc… Ce genre d’expérimentation est très prometteur, même si pour l’instant il reste modeste. Il montre le chemin de l’articulation entre la formation initiale et la formation continue dans le cadre de la formation professionnelle.

 

  1. – Les pistes de recherche

A partir de ces constats, il est possible de dégager des questions qui déjà montrent l’importance de notre problématique et que nous aurons l’occasion d’approfondir dans les années à venir.

 

6.1. Quels types d’enseignement pour quelle mise à distance ?

Les offres actuellement disponibles ne permettent pas de désigner des axes nets de développement de la mise à distance dans l’enseignement. Diverses pistes s’offrent, permettant de mettre au clair une typologie des pratiques existantes, mais pour l’instant il ne semble pas possible de dégager des propositions leader dans l’intégration des dispositifs à distance dans l’enseignement.

 

6.2. Quels interactions et équilibres entre à distance et en présence ?

À partir de ce que l’on a pu observer et des documents de recherche que nous avons collectés, il s’avère que trois pôles s’articulent entre eux : l’autoformation, la formation à distance proprement dite et la formation en présentiel. Il semble que ce soit autour d’une maîtrise de chacun de ces pôles et de leur interaction au sein des dispositifs d’enseignement que peuvent se trouver les bases d’une stratégie de développement.

 

6.3. Le développement des initiatives ?

Au-delà des recherches, des pratiques se développent et des initiatives sont prises, souvent en ordre dispersé. Toutefois, celles-ci démontrent l’attention de plus en plus grande à l’interaction entre l’école et le monde extérieur dans le cadre de l’enseignement. Il semble bien que, même si de nombreux freins existent au sein des institutions nationales, les projets vont se développer et permettre ainsi d’aller plus loin dans ces démarches de mise à distance dans l’enseignement.

 

6.4 L’évaluation et les processus d’apprentissage dans les dispositifs de FOAD ?

Enfin, et c’est un des points les plus délicats, l’évaluation des dispositifs de formation ouverte et à distance devra être menée rigoureusement en dehors des esprits partisans qui sont très nombreux dans le monde des NTIC. C’est pourquoi il semble souhaitable de développer des observations systématiques, internes et externes des expérimentations. Par ailleurs, cette évaluation ne devra pas porter seulement sur les dispositifs et leurs résultats, mais en amont aussi sur les processus d’apprentissage mis en œuvre par les apprenants. En effet, plusieurs chercheurs appellent à une réflexion sur un renouvellement des travaux de recherche sur l’apprentissage qui prenne en compte cette part délaissée de l’apprenant hors de la situation scolaire.

 

Bibliographie

 

Colin M., Coridian €. Les produits éducatifs parascolaires : une réponse à l’inquiétude des familles ? INRP, Paris 1996

Collectif, Revue éducation permanente N°93-94, que faire des nouveaux médias ? Paris 1988 Glikman V., Baron G.L., Technologies nouvelles et éducation, quatre années de recherche à l’INRP, INRP, Paris 1996

Jacquinot G., L’école devant les écrans, ESF 1985

Linard M., Des Machines et des Hommes, Apprendre avec les nouvelles technologies, Ed universitaires, l’Harmattan, Paris1990 – 1996

Perriault J., La logique de l’usage, essai sur les machines à communiquer, Flammarion, Paris 1989

Perriault J., La communication du savoir à distance, L’Harmattan, Paris 1996

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