Et si, grace aux TIC et à un usage habile de leurs potentialités on pouvait proposer un lycée nouveau ? Telle est la question à laquelle on peut tenter de répondre à l’occasion des attermoiements ministériels sur la réforme du lycée. Mais cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que des opportunités mais surtout des démarches innovantes peuvent permettre d’envisager des nouvelles formes d’organisation et de fonctionnement des parcours d’apprentissage des élèves au lycée. Les quelques éléments avancés ici sont bien sûr utopiques, en regard de la frilosité générale du système éducatif et des jeux d’acteurs qui s’y déroulent, mais sont pourtant basés sur des pratiques bien réelles qui émergent ici ou là aux marges du système.
Voici quelques éléments de cette réflexion fondées sur les droits que l’on pourrait attribuer aux élèves (et à leurs parents)
- Le droit à toutes les options dans tous les établissements
- Le droit à un accompagnement individualisé du parcours d’apprentissage
- Le droit à la modularité cumulative
- Le droit à la réversibilité
- Le droit à l’autoformation/autodidaxie
- Le droit au travail en équipe et par projet
- Le droit à la co-évaluation
1 – Le droit à toutes les options dans tous les établissements
Grace à l’enseignement mixte à distance asynchrone (et parfois synchrone) il est possible de mettre en place la plupart des options pour tous ceux qui le souhaitent. Ce modèle d’enseignement expérimenté depuis huit années en Lorraine (loread.net) est aujourd’hui stabilisé et validé pour un enseignement scolaire à distance.
2 – Le droit à un accompagnement individualisé du parcours d’apprentissage
Grace a des outil de type LMS (logiciel d’apprentissage à distance) organisés autour de parcours individualisés, au sein de parcours collectifs, chaque élève peut bénéficier du soutien « juste à temps » pour conduire ses apprentissages, sans la contrainte constante des lieux, et des temps scolaires. L’enseignant, comme en présence, peut aussi, s’il le souhaite développer une relation plus personnalisée avec chaque élève.
3 – Le droit à la modularité cumulative
Grace à une conception modulaire souple des enseignements s’appuyant aussi sur les TIC, il est possible de transposer le modèle des unités capitablisables au lycée afin de permettre la construction de trajectoires individualisées indépendantes de la traditionnelle organisation linéaire de l’enseignement scolaire. Chaque module, disponible en permanence peut être activé à la demande selon les besoins perçus, et le suivi personnalisé est facilité par les outils de tracking disponibles voire des outils de suivi plus avancés.
4 – Le droit à la réversibilité
En lien avec la possibilité de modularité et avec l’aide des outils de type ePortfolio, il est possible d’envisager qu’un élève ayant fait certains modules de spécialités puissent en choisir d’autres qui l’amènent vers une autre spécialisation. Le principe serait qu’il n’y ait pas d’orientation irréversible mais un suivi individualisé qui est fondé sur l’enrichissement progressif du portefeuille de compétences et la possibilité de l’enrichir selon l’orientation choisie.
5 – Le droit à l’autoformation/autodidaxie
Le développement des ressources en ligne est tel que chacun peut accéder à de nombreuses ressources de formation, d’apprentissage, d’information… Le lycée devrait progressivement, en lien avec l’université et les méthodes de travail personnelles adaptées, permettre aux élèves de développer des compétences pour s’autodiriger dans leurs apprentissages
6 – Le droit au travail en équipe et par projet
Le web 2.0 est familier à de nombreux élèves du lycée, et en particulier les réseaux sociaux. Ils sont habitués aux échanges et au partage, voire à l’entraide, même pour le travail personnel. Malheureusement le lycée est organisé traditionnellement sur la performance individuelle de l’élève. L’expérience des TPE largement plébicitée par les enseignants qui y ont participé a montré la force d’apprentissage que comporte les démarches de projets menées en groupes. Ces méthodes d’apprentissage collectives et collaboratives que l’on développe beaucoup dans de nombreux établissements d’enseignement supérieurs (IEP, écoles d’ingénieurs…) devraient être renforcées en lien avec cette dynamique que favorisent l’usage des TIC
7 – Le droit à la co-évaluation
Le partage d’information, le suivi du processus d’apprentissage, l’échange à distance, synchrone ou non, favorisent les possibilités pour l’enseignant comme pour l’élève de regarder comment progresse l’apprentissage, l’acquisition des connaissances et des compétences. En se basant sur une démarche ePortfolio enrichie d’un environnement de travail adapté, on peut favoriser des démarches d’évaluation dans lesquelles l’élève soit particulièrement impliqué, en relation individuelle ou collective avec l’enseignant en présence et à distance
8 – Le droit au temps de l’apprentissage
Le développement des usages des TIC par les jeunes met souvent en évidence leur formidable faculté à rester concentrés sur l’écran pour résoudre des problèmes auxquels ils sont confrontés aussi bien dans leurs loisirs que dans leur travail. Au delà de cette fascination, il y a surtout le fait que le jeune veut peut et doit prendre le temps de ses apprentissages. Le rythme scolaire et la linéarité des parcours tels qu’ils sont organisés contraignent le temps des apprentissages. Les TIC, parce qu’elles permettent de s’affranchir des contraintes de lieu scolaire et du temps scolaire sont des outils qui renforcent la possibilité d’ajuster les temps différents, celui de l’institution et celui de celui qui apprend, et de permettre des chemins d’apprentissage qui soient adapter à chacun.
Une conclusion s’imposera sûrement, mais ultérieurement
A suivre et à débattre
BD
2 Commentaires
Vous l’ouvrez quand, ce lycée ? J’y referais volontiers 3 années 🙂
à mettre en phase avec l’actuelle définition du temps de travail des enseignants qui ne se compte qu’en heures de face-à-face pédagogique.
Tout changement génère de l’inquiétude, celui du lycée que vous décrivez ouvre des abimes angoissants pour tous ceux qui n’ont que ce repère horaire pour horizon professionnel. Il faut aussi et surtout redéfinir le (temps de) service en concertation avec les enseignants en valorisant toutes ces activités de suivi, d’échanges à distance, de travail collaboratif, mais ça risque plus compliqué que de déployer des LMS ou des ENT…