Oscillations, retour réflexif sur ce blog et autres écrits…

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L’oscillation du pendule de l’horloge, mouvement que l’on pourrait croire permanente, s’il n’y avait les contrepoids discrètement effacés en arrière, est une image qui convient assez bien à l’évolution de l’écriture qui peuple ce blog, depuis 2004, et la liste de diffusion créée en 1997 qui l’avait précédé. Il ne s’agit pas, on, peut l’espérer d’un pendule de Foucault… sauf pour ce qu’il révèle de relativité dans le mouvement. En effet ce blog est d’abord un travail empirique, voire ethnographique autour de l’évolution des technologies de l’information et de la communication en éducation. Education étant considérée ici au sens large qui dépasse le seul univers scolaire, pour embrasser l’ensemble du processus éducatif comme un processus essentiellement humain.
Au cours de ces quinze années d’écriture, deux livres y ont fait écho, un peu dans la même dynamique : « Multimédiatiser l’école ? » (Hachette 1999) et « Comment le numérique transforme les lieux de savoirs » (FYP 2012). Mais ce qui a aussi accompagné ce parcours c’est l’écriture et la soutenance d’une thèse en sciences de l’éducation en 2004  » Le Brevet Informatique et Internet (B2i), d’un geste institutionnel aux réalités pédagogiques » sous la direction de Geneviève Jacquinot (Université de Paris 8). Et dans la suite de cette thèse divers articles scientifiques ou de vulgarisation, nombreuses interventions dans des séminaires, colloques, rencontres, en lien avec des laboratoires de recherche (actuellement l’équipe d’accueil Techne de l’université de Poitiers).
C’est donc une oscillation constante entre deux lieux, découpage artificiel et contestable, le lieu de la pratique, le lieu du savoir. Si j’utilise à dessein ces termes c’est parce que la publication de textes sur le site de Christian Jacob, (http://lieuxdesavoir.hypotheses.org/941) concepteur et coordonnateur des quatre ouvrages consacrés aux « lieux de savoir » (dont deux encore à venir), a questionné ce positionnement et ces oscillations. Lors de l’élaboration de la thèse, un message de ma directrice m’avait invité à situer ce travail dans une trajectoire de vie qui l’y invitait peu : entre activisme militant et posture réflexive avec rigueur scientifique, il fallait choisir d’où l’on parlait. A lire les contenus du blog de Christian Jacob et les contributions qui y sont mises, l’écart avec ce blog est aisé à constater. Et pourtant, dans le même temps, certains de vous, lecteurs de ce blog, m’ont fait savoir que désormais le ton du propos tenu avait souvent changé et était devenu plus « difficile » a-t-on pu dire, plus universitaire pourraient dire d’autres. Certains ont même fait le reproche, amicalement, de ne pas chercher à être plus visible, plus populaire. Un jeune innovateur me disait que ce blog était même un peu triste et pas très attirant, ne générant pas forcément un grand nombre de visites. Le conflit était posé.
Quel niveau d’écriture adopter quand on choisit de s’exprimer en public : celui du public visé, celui de l’institution à laquelle on appartient, celui des communautés auxquelles on souhaite appartenir,… ? Est-ce que cela vaut la peine d’écrire pour être si peu lu. J’ai 910 followers sur twitter, 382 amis sur Facebook, 252 relations sur Linkedin, 59 contact sur Viadeo, quel sens cela a-t-il en regard de la bonne centaine (au minimum) de personnes qui passent sur ce blog chaque jour (avec une moyenne de 5000 par mois). Loin des milliers de relations de toutes sortes des figures populaires grand public, il me semble qu’il y a là un choix important quand au projet d’écriture publique que constitue ce type de blog. Certains vous diront que c’est désormais ringard, à l’ère des réseaux sociaux.
Heureusement, en parcourant Internet, on découvre nombre de sites dont le fond l’emporte sur la forme. On repère de nombreuses démarches de partage qui préfèrent la dialectique à la popularité. On voit aussi des auteurs de toutes origines passer d’un support à l’autre, d’un livre à un site, d’un site à des médias de flux, et de là à des articles de recherche publié dans des revues à comités de lectures. Sans jamais se soucier d’autre chose que de laisser le lecteur libre de se mettre en lien. On me rétorquera que ceux qui cherchent la plus grande visibilité laissent libre l’adhésion, le suivi. Je n’en suis pas aussi certain, tant les pratiques manipulatoires inconscientes sont nombreuses dans une société marchande libérale comme la nôtre.
Il y a bien évidemment la question de l’identité qui doit être évoquée aussi dans cette oscillation. Ici c’est celle du privé et du public. En produisant de l’écrit (au sens multimédia), on construit une identité, on tente de la rendre perceptible et de la faire partager. On n’entend pas subir les effets de la recherche éperdue de la popularité. On cherche aussi la reconnaissance, terme qu’il faut reprendre dans on étymologie de « naître à nouveau avec l’autre » autrement dit de proposer à l’autre un chemin partagé à parcourir. Les institutions, les statuts, les fonctions, les métiers assignent une identité à chacun de nous. Produire de l’écrit c’est aussi prendre le risque de dépasser cette identité assignée par avance. Mais pour cela il faut aussi l’assumer. C’est pourquoi le choix de ne pas être anonyme est essentiel dans cette démarche. On ne construit pas une identité pour les autres dans l’anonymat, on construit une identité pour soi et on s’attaque à l’identité des autres (s’ils ne sont pas anonymes). Cet auteur de blog, ce contributeur de liste de diffusion, l’un et l’autre auteur de propos infamants voire injurieux sont évidemment anonymes (même si on peut chercher à savoir), et protègent ainsi leur identité en égratignant celle des autres. Il y a des oscillations que l’on peut choisir de refuser : celle des identités multiples en est une.
Osciller, c’est aussi une métaphore de l’hésitation, du doute, de la dialectique. Ce travail réflexif, au moment de cette 15 è année d’écriture publique, est aussi l’expression de ce qui n’a pas bougé : et ce qui n’a pas bougé c’est cette oscillation. C’est pourquoi les écritures multiples, car il y en d’autres moins (grand) publiques mais tout aussi abouties, sont hésitantes variées et évidemment discutables. Car dans le plaisir de l’oscillation, il n’y a pas qu’un plaisir personnel, il y a aussi et surtout le partage de cette démarche dont on sent avec évidence, à la lecture de leurs messages, que nombre de lecteurs de ce message lui sont en écho, en vibration, en oscillation…
A suivre et à débattre
BD

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