Créativité… où es-tu ? (de Frank Zappa à Isaac Asimov)

Le terme créativité, déjà évoqué précédemment, rejoint celui d’inventivité et celui d’innovation. Ce document sur Isaac Asimov : http://rue89.nouvelobs.com/2014/10/21/les-cinq-commandements-dissac-asimov-trouver-idee-geniale-255610 semble nous apporter des réponses concrètes. Plus largement le vent de la créativité semble se porter bien avec celui de la collaboration qui semble en être un élément clé (cf. I. Asimov) porté aussi par l’ère du temps. Mais la créativité ne va pas autant de soi comme le montre la réflexion d’un musicien célèbre :
Frank Zappa a été tout au long de sa vie un « créateur » ou au moins a tenté de l’être. De son cheminement, parfois difficile à suivre dans sa complexité, s’expriment certaines de ses idées qui méritent qu’on y réfléchisse. En voici trois :
La plus célèbre dont on peut entendre la source ici : https://www.youtube.com/watch?v=mOHCV-QO5HA
« Without deviation from the norm, progress is not possible. »
A propos de l’école, il n’est pas tendre et rejoint un courant de pensée que l’on retrouve aussi dans les mouvements qui ont fondé l’internet (Stewart Brand)
« Schools train you to be ignorant with style […] they prepare you to be a usable victim for a military industrial complex that needs manpower. As long as you’re just smart enough to do a job and just dumb enough to swallow what they feed you, you’re going to be alright […] So I believe that schools mechanically and very specifically try and breed out any hint of creative thought in the kids that are coming up.”  »
ou encore :
“Drop out of school before your mind rots from exposure to our mediocre educational system. Forget about the Senior Prom and go to the library and educate yourself if you’ve got any guts. Some of you like Pep rallies and plastic robots who tell you what to read.”
On retrouve ici un questionnement de fond : l’école n’est-elle pas un facteur de reproduction plutôt que de création ? Les moyens numériques qui se développent en éducation semblent porteur de cette vision qui serait qu’ils permettraient un « renouveau pédagogique » une créativité. Sir Ken Robinson a lui aussi démontré qu’il semble n’en être rien. Les enseignants innovants, voire créatifs, sont-ils réellement porteur de nouveautés ou au contraire « hérauts » instrumentalisés des pouvoirs qui ne savent comment s’en sortir avec cette école qu’ils ont sur les bras ?
Le développement d’Internet et des pratiques individuelles associées sont le terreau d’une transformation sociale essentielle. Chacun en est conscient dans le monde scolaire. Mais le fossé, plutôt que de s’élargir, se creuse. Autrement dit le monde scolaire n’est pas si éloigné que ça de la société numérique si l’on regarde la distance mais c’est dans la profondeur que l’écart est de plus en plus important. Autrement dit dans une pensée sur l’apprendre et le sens de l’apprendre dans notre société.
Frank Zappa en incitant à s’éduquer par soi-même lance un formidable message à la jeunesse. Pourrait-elle s’en emparer, formatée et encadrée qu’elle est par un monde adulte qui pense l’école comme ses souvenirs d’enfance et la jeunesse comme sa propre reproduction ? L’observation malheureusement nous conforte dans l’idée que les jeunes sont souvent le miroir déformant des adultes. Leurs comportements avec le numérique en est un bon exemple. Il suffit de regarder comment nous gérons chacun la saturation d’informations, de sources et de ressources ? La plupart d’entre nous le subissons, le regrettons parfois, mais en tout cas ne donnons pas de réponse adéquat en termes éducatif. On préfère les réponses techniques (un autre moteur de recherche, d’autres logiciels, libres, etc…). Mais nous n’osons pas nous attaquer à des piliers de notre société dont finalement la propriété et la destinée individuelle sont probablement devenues des points nodaux. Le monde scolaire ne ferait donc que reproduire cela. Les invitations à la créativité ne seraient que des illusions tant qu’elles ne peuvent s’inscrire dans une conception plus ouverte du faire société… Malheureusement, ces derniers temps, rien ne nous invite à aller dans ce sens…
A suivre et à débattre
BD

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