Socle et numérique : épisode 6 domaine 5, dernière étape… avant la suite…

Print Friendly, PDF & Email

A l’opposé du domaine 4 qui éloignait l’humain au profit de la scientificité et de la technicité, le dernier domaine effectue le travail inverse. Si l’on s’en tient au titre des domaines 4 et 5 on peut remarquer une étonnante continuité : domaine 4 : l’observation et la compréhension du monde; domaine 5 : les représentations du monde et l’activité humaine. On sent bien que ces deux domaines amènent à la confortation, évoquée dans le billet précédent, de la mise en opposition des domaines dit des sciences et techniques avec ceux de la culture humaine. Certes cette distinction tient lieu de quitus à l’organisation scolaire actuelle, le découpage disciplinaire, mais elle pose aussi quelques problèmes que nous avons déjà évoqués.
La tension entre pôles semble être encore le mode d’approche retenu comme on le constate dès les premières lignes avec les termes continuité et rupture ainsi que identité et altérité. Par ailleurs on s’étonne de ne voir aucune allusion explicite au numérique. Enfin on retrouve une présentation qui rappelle celle du socle précédent, mais aussi celle des programmes de ces disciplines dans les repères proposés. L’impression qui se dégage de la lecture de ce domaine est celle d’un copier-coller mais surtout le refus de faire évoluer cette approche alors que nous avons le sentiment que le numérique marque chacun des sous domaines.
Comment se situer dans l’espace et dans le temps sans prendre en compte les changements de repères permis par les outils informatiques. La représentation du monde se construit au travers des outils utilisés. On a vu récemment combien les moyens numériques ont permis à chacun de percevoir le monde de manière différente et complémentaire. Du coup comprendre les représentations du monde ne peut se faire sans prendre en compte l’évolution des technologies de l’information et de la communication depuis le début du vingtième siècle. D’une part les médias transmettent et imposent d’abord leurs visions du monde, d’autre part Internet donne à chacun les moyens d’aller chercher les éléments indépendamment des médiateurs traditionnels : construire une personne ne peut se concevoir en mettant de côté les outils que chacun utilise au quotidien. Il suffirait de regarder l’effet de l’usage du GPS par rapport à la perception de l’environnement pour comprendre l’enjeu.
Comment comprendre que l’on puisse penser l’organisation du monde sans analyser les effets des moyens numériques dans la structuration des échanges commerciaux par exemple. Au moment où la vidéo vient de gagner encore de la place dans l’univers quotidien de création des jeunes on s’étonne d’une absence de prise en compte de ces nouvelles manières de faire en lien avec les autres. La création artistique, comme la création industrielle ont su aussi prendre la mesure des nouveaux moyens mis à leur disposition, il est probablement temps de le transcrire aussi dans les apprentissages importants pour les jeunes.
Fort heureusement la dernière partie du texte tente de faire du lien avec la dimension scientifique et technique. On sent bien que les auteurs perçoivent le danger d’une séparation trop forte entre deux univers de connaissances. Pris entre la pression des lobby disciplinaires et la réalité actuelle de l’accès aux connaissances, les auteurs de ce texte ne peuvent avancer trop rapidement sur un terrain que l’on sait discuté.
Les faits sont pourtant têtus, encore faut-il regarder dans la direction souhaitée. Trop souvent on « ajoute » la contrainte numérique à la contrainte scolaire e qui fait dire à nombre de spécialistes disciplinaires que cette contrainte nuit à l’apprentissage. On peut souvent leur donner raison. Par contre ils refusent encore trop souvent (mais pas tous, certains spécialistes le savent bien) l’idée d’un « numérique transversal » qui se traduit par des modifications importantes de « l’être au monde » et donc de la culture. Non il ne s’agit pas de culture numérique ! Non il ne s’agit pas de numériser l’enseignement ! Il s’agit simplement de prendre en compte les nouveaux éléments de notre société qui transforment la culture et donc qui invitent à repenser de nouveaux « savoir-agir culturels » dans un contexte dans lequel le numérique occupe une place souvent souterraine mais très présente en fait.
Saluons donc le fait que finalement ce texte entérine, sans le dire de manière explicite ce « fait social total » qu’est devenu l’omniprésence du numérique, jusque dans l’intimité des relations interindividuelles, comme au coeur de la connaissance. La question n’est pas ici de savoir si c’est « bien ou mal » car « c’est ». Mais plutôt de le reconnaître, de le situer (ce que le texte hésite à faire) et d’indiquer des pistes pour agir. Or le texte, comme celui de tous les prédécesseurs depuis près de quarante années ne parvient pas à « dire » la place que le numérique doit prendre dans l’institution scolaire. A moins que cela ne puisse advenir… comme nous avons déjà eu l’occasion d’en faire l’hypothèse.
A débattre (surtout lorsque les textes vont être travaillés à la rentrée)
BD
Domaine 5 : les représentations du monde et l’activité humaine
Le cinquième domaine du socle commun rassemble les connaissances et compétences qui permettent à l’élève d’acquérir tout à la fois le sens de la continuité et de la rupture, de l’identité et de l’altérité. Il s’agit d’acquérir les repères indispensables pour se situer dans l’espace et dans le temps, de s’initier aux représentations par lesquelles les femmes et les hommes tentent de comprendre le monde dans lequel ils vivent, de commencer à identifier les façons dont ils l’organisent et d’en percevoir  les  enjeux. Il s’agit aussi  de développer  des  capacités d’action et d’imagination  pour produire des objets, des services et des œuvres : l’élève sait mobiliser ses connaissances et ses compétences dans des situations de la vie quotidienne mais aussi pour le plaisir d’exercer son pouvoir de création.
Par-là, l’élève développe son jugement, son goût, sa sensibilité et sa capacité d’initiative. Sa perception  du  réel  s’enrichit  au  fur  et  à  mesure  qu’il  découvre  la  diversité  des  situations humaines, qu’il réfléchit sur ses propres opinions, ses sentiments, ses émotions esthétiques qu’il apprend à  exprimer.
Objectifs de connaissances et de compétences pour la maîtrise du socle commun
– se situer dans l’espace et dans le temps
L’élève peut se situer dans l’espace à différentes échelles : du milieu dans lequel il vit aux espaces nationaux, européens et mondiaux. Il a aussi compris que les femmes et les hommes pensent, organisent et aménagent leurs espaces de différentes manières.
L’élève  a  acquis  les  repères  géographiques  permettant  d’identifier  les  grands  ensembles physiques et humains.
Il peut identifier les principales caractéristiques géographiques du continent européen et du territoire national (organisation et localisations, ensembles régionaux, outre-mer).
Il  a  approché  les  grandes  questions  du  développement :  il  a  appréhendé  les  causes  et  les conséquences des inégalités, les sources de conflits et les solidarités, les problématiques mondiales de l’énergie, des ressources, de l’environnement et du climat.
Il sait situer dans l’espace un lieu ou un ensemble géographique, en travaillant sur des cartes à différentes échelles et en produisant lui-même des représentations graphiques. Il est sensibilisé à tout ce que les paysages révèlent des atouts et contraintes du milieu, de l’activité humaine, passée et présente, et sait établir des liens entre l’espace et l’organisation des sociétés.
L’élève a acquis les repères historiques permettant d’identifier les principales périodes de l’histoire de l’humanité ainsi que les grandes ruptures. Les événements fondateurs permettent de situer ces périodes les unes par rapport aux autres. L’élève a pu se rendre compte de la diversité des modes de vie, des représentations, des faits religieux, des idées et croyances et s’ouvre par là
À la notion de civilisation. Il a appris à situer dans le temps des découvertes scientifiques et techniques, et à en percevoir les conséquences historiques. Il prend ainsi conscience que pour comprendre notre monde il faut être sensible à la perspective historique.
– comprendre les représentations du monde
L’élève a découvert le sens et l’intérêt de quelques grandes œuvres du patrimoine national et mondial dans les domaines de la littérature et des arts. Il découvre également la façon dont les grandes étapes du progrès scientifique et technique font évoluer nos représentations du monde et nos modes de vie. Il comprend que les aspects essentiels de l’existence humaine (naissance et mort, âges de la vie, famille, amour, vie sociale, etc.) nourrissent des œuvres qui ont une histoire inscrite  dans  les  créations  du  passé  et  qui  se  prolonge  dans  la  création  contemporaine.  Il comprend que les œuvres littéraires constituent   des représentations du monde et des interrogations sur celui-ci. La découverte de ces œuvres, et l’étude de leur forme et de leurs significations, contribuent au renforcement des compétences d’interprétation qui sont au cœur d’une culture humaniste.
Il est habitué à nourrir sa culture par la lecture, la production d’écrits divers et l’utilisation des différents médias culturels, la fréquentation des musées et des spectacles, la pratique d’activités culturelles et artistiques. Il s’est initié à évoquer des œuvres qu’il a fréquentées et à exprimer ce qu’il en ressent et en sait.
– comprendre les organisations du monde
L’élève a compris quelques grandes caractéristiques de la vie des femmes et des hommes en société.  De  la  cité  grecque  aux  états  modernes,  il  s’est  initié  aux  différentes  formes d’organisation politique, au développement des idéaux démocratiques et à la reconnaissance des droits de l’Homme.
Il a découvert une première approche des formes d’organisation économique et sociale, et des grands principes de la production et de l’échange. Il possède quelques savoirs pratiques qui lui permettent de comprendre les règles et le droit de l’économie sociale et familiale, du travail de la santé et de la protection sociale.
Il possède ainsi les notions de base lui permettant d’aborder les grands débats du monde contemporain: la mondialisation, les interdépendances dans le monde, les conditions de la paix; les  enjeux  du  développement  durable;  la  question  des  ressources,  des  risques  (naturels, industriels, de conflit), leur gestion, leur prévention, la notion de défense et les conditions de la paix.
Il a construit de la sorte une citoyenneté critique et partagée, ouverte à l’altérité.
-concevoir, créer, réaliser
L’élève doit se confronter lui-même aux contraintes et aux ressources de l’activité humaine. Par la pratique d’activités physiques et artistiques collectives, par la création d’œuvres personnelles exploitant les divers champs de la production artistique et culturelle, il comprend que sa pratique est régie par des règles, des démarches et des techniques. Il inscrit ainsi ses productions personnelles dans une tension dynamique entre les œuvres du passé et la création contemporaine. Il situe son activité physique dans les champs de référence des activités sportives et sait la gérer pour améliorer ses performances et tirer parti des techniques mises au point dans le cadre du mouvement sportif.
Il a appris également les principes de conception et de fabrication des objets, des biens et des services dans le cadre de l’artisanat ou de l’industrie. Il sait les mettre en œuvre pour concevoir et produire des objets tenant compte des contraintes des matériaux, des techniques et processus de production, et respectant l’environnement.
Champs d’activité correspondants
Par des études de cas, l’analyse de documents, des enquêtes ou des entretiens, l’élève situe dans l’espace et le temps, décrit, compare. Il utilise les repères historiques et géographiques qu’il a acquis. Il prend conscience que l’histoire est une construction en interaction avec le présent et permet de donner sens à l’actualité.
Il exprime ses sensations et ses émotions par des productions littéraires et artistiques, et pratique, sous des formes diverses, la fonction poétique du langage.
En étudiant quelques démarches scientifiques et productions techniques, il a compris les liens étroits qui unissent l’activité humaine et les principes d’organisation des sociétés.
Ce cinquième domaine relève, dès l’école élémentaire, de la contribution de différents champs disciplinaires ou disciplines : français et langues étrangères ou régionales, vivantes ou anciennes, enseignements artistiques et parcours d’éducation artistique et culturelle, histoire-géographie, enseignements scientifiques et technologiques, enseignement moral et civique…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.