Une disparition dans l’édition de « Repères et références statistiques 2022 », un signe ?

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Dans les éditions 2019 et 2020 de cette publication de la DEPP (https://www.education.gouv.fr/reperes-et-references-statistiques-2022-326939)  on trouve ce paragraphe : « 2.10. Les technologies de l’information et de la communication dans les écoles et les établissements publics ». En 2021 ces données disparaissent au profit des ensembles immobiliers (« 2.10 Les ensembles immobiliers du second degré public ») et en 2022 elles sont remplacées par cet intitulé : « 2.10 Les ensembles immobiliers du second degré public et l’équipement numérique »

Que peut-on en penser ? Plusieurs hypothèses : la première est le « désintérêt » pour les questions du numérique éducatif au fil du temps; la deuxième est que désormais l’on considère cela comme acquis et que c’est devenu trop banal pour en faire un relevé; la troisième c’est la difficulté à mener à bien ce genre de statistiques, tant les différentes enquêtes menées précédemment (Profetic, ou ETIC) sont imparfaites; la quatrième peut être plus politique et entérine surtout l’informatique au lycée (en seconde et enseignement de spécialité…) et annonce un reflux d’intérêt du ministère. Ce qui est étonnant, c’est le lien avec l’immobilier qui est fait dans l’intitulé et qui est présenté en 2022 sans explication de manière juxtaposée.
Pourtant, on trouve une enquête menée par le ministère : « L’enquête MicroTic2D collecte des informations sur l’équipement en technologies de l’information et de la communication à des fins pédagogiques dans les collèges et lycées publics. » (https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/enquete-microtic2d/). Cette enquête est actualisée au 8 juin 2022. Même si les données sont à relativiser, comme l’indique le descriptif, on s’étonne de ne pas les voir réellement utilisées. De plus, les données sont très imprécises, il faudrait croiser ce fichier avec celui précisant des éléments chiffrés supplémentaires : nombre précis d’élèves, nombre de salles de classe, etc… Du coup on peut imaginer que l’absence de données dans l’annuaire est le reflet de ces approximations.

Comment piloter le numérique éducatif sans indicateurs précis ? On aurait pu imaginer que les collectivités disposaient de tels renseignements. Mais, là non plus rien de précis n’est disponible. Or la banque des territoires avec la Caisse des Dépôts et Consignation a (avait ?) élaboré un site appelé eCarto qui était censé aider à y voir clair : « eCarto permet de visualiser le déploiement du numérique éducatif dans chacun des 63 000 établissements scolaires, en rassemblant les données open data sur la connectivité, l’équipement, les ressources et les expérimentations. » (https://www.banquedesterritoires.fr/ecarto). Or ce site semble « mort » depuis 2019. Outre une ergonomie très peu engageante, impossible de trouver des données récentes (2022…) et surtout de comprendre à quoi sert ce site. Encore de l’argent dépensé a rien, même l’enquête MicroTic2D n’est pas référencée…

Comment connaître réellement ce qui se passe sur le terrain quand les données ne sont ni collectées ni remontées ? Cette déliquescence progressive pour ce qui concerne le numérique éducatif et en particulier pédagogique est probablement le signe d’un tournant que l’on peut interpréter aussi au travers des propositions de la DNE : Charte du 9 juillet 2022, stratégie annoncée mais pas explicitée (première étape du 1er juillet dont on attend la suite), etc… le site Acteurs Publics en a récemment parlé mais est aussi curieux de ce que cela va devenir. Un article du 25 aout 2022 propose ainsi cette analyse : « Régulièrement critiqué par la Cour des comptes, le numérique éducatif s’apprête à prendre un nouveau virage ». La lecture de cet article ainsi que des documents actuellement disponibles autour de cette stratégie (on attendait des détails pour le 12 aout, mais il y a du retard) met en évidence une centration sur les Systèmes d’Information de l’ensemble du système que sur les usages pédagogiques (on veut laisser l’initiative aux enseignants…). Bref là encore une difficulté à y voir clair.

Un an après avoir été nommé le Directeur du Numérique Educatif reste très en retrait. Le départ du conseiller numérique du ministre de l’Éducation, Cyril Colléate et son non-remplacement est un autre indicateur d’une évolution de stratégie. Dans son discours de rentrée, (https://www.education.gouv.fr/annee-scolaire-2022-2023-construisons-ensemble-une-ecole-engagee-342475) le ministre reste aussi très en retrait. S’il signale « Une charte pour l’éducation à la culture et à la citoyenneté numériques à destination de l’ensemble des personnels d’éducation s’applique à tous les temps de l’enfant » dont la formulation est étonnante (personnels d’un côté, temps de l’enfant de l’autre !!!), on semble rappeler ce qui avait émergé en 2000 avec le B2i dans cette proposition : « Les compétences numériques sont mobilisées et développées dans tous les enseignements au cours de la scolarité. ». A cela s’ajoute le PIX et la spécialité numérique en lycée… bref pas vraiment un projet ni une stratégie… Attendons de voir dans les temps prochain. Qu’en sera-t-il du projet TNE (Territoires Numériques Éducatifs) ? Sur le terrain, dans les territoires, on s’active, mais en haut lieu, depuis octobre 2021 on n’entend peu parler de ce projet.

A suivre et à débattre…
BD

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